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(Par Roger Gbégnonvi)
Et ce n’est point parce que l’oracle, consulté au niveau national, prévoit beaucoup de malheurs pour le Bénin en 2016. De toute façon, comme chacun le sait, le FA n’a de cesse de jouer dans la cour de Cassandre, quitte à envisager des rites pour éloigner le pire. Mais c’est la simple observation de certains événements récents qui interdit tout optimisme béat.
C’est d’abord un certain silence des candidats crédibles à la magistrature suprême. Ils parlent volontiers et s’offrent des bains de foule commandités. Mais, à une encablure du 28 février 2016, aucun ne dit clairement qu’il est candidat. Tous le laissent entendre, c’est tout. Certes, ils n’ont pas peur. Mais quel courage n’ont-ils pas ? Le seul, dont on nous a dit qu’il serait le candidat désigné de la coalition au pouvoir, se révèle l’aboutissement d’un triste trucage. Et ce n’est pas surprenant. Il fallait s’attendre à ce que l’homme grand ait caché un lilliputien, lequel est venu pactiser avec un Chef de l’Etat qui a failli, et que le peuple, il le sait, a rejeté depuis longtemps. Le Ciel fermera-t-il les yeux sur la forfaiture de ces deux-là ?
C’est ensuite la bonne ville de Ouidah restée abasourdie devant la vénalité de ses élus, maire, membre du Conseil Communal, ancien député de la cité mariale. A l’occasion de sa fête patronale, depuis la Basilique jusqu’à la place Fort-Français en passant par le palais de la famille maternelle et l’agora des vaudous, ces deux-là ont déroulé le tapis rouge pour la deuxième personne la plus riche du Bénin, dont on dit qu’elle sera au rendez-vous du 28 février prochain. C’est son droit. Mais où et quand Ouidah a-t-il donné à ses élus le traitre mandat de livrer à un commerçant repu, contre de l’argent, sa Protectrice, l’Immaculée Conception, dont chacun sait qu’elle ‘‘renverse les puissants de leur trône et élève les humbles’’ ? Le Ciel fermera-t-il les yeux sur la forfaiture des Judas des temps modernes ?
C’est aussi l’ancien président Soglo qui ne décolère pas. Et on le comprend. On lui a forcé la main pour qu’il reçoive en audience le candidat imposé et qui est en quête de soutien. Hercule lui a dit les quatre vérités. Mais au sortir de l’audience, le Franco-Béninois a laissé ses nervis – peut-être par lui stipendiés – raconter urbi et orbi que leur homme a reçu l’onction de l’ancien président, lequel le verrait bien dans les plus hautes fonctions de l’Etat. Faux ! Car à lui, à tous et, après lui, à des membres du Parti Communiste du Bénin également reçus en audience, l’ancien président a dit ce qu’il répète sans cesse depuis plus de deux mois, savoir que le Bénin est en danger grave de rechute colonialiste, de désespoir exacerbé des jeunes et, donc, de révolte et de Boko-Haram, voire de guerre civile, et que tous doivent se mobiliser (derrière lui ?) pour empêcher l’apocalypse. C’est l’appel d’un patriote. Il faut l’entendre pendant qu’il est encore temps. L’entendre d’autant plus que, last but not least, après qu’une dite révolution, d’exécrable mémoire, nous a donné comme héros national un roi esclavagiste, le Renouveau Démocratique, désormais sans boussole éthique, nous donne à admirer un officier dont l’action se décline : coup d’Etat, torture des opposants politiques, ancrage de la corruption, etc. Le Ciel fermera-t-il toujours les yeux sur nos forfaitures ?
Ce sont ces forfaitures en série qui font qu’aujourd’hui de gros nuages s’amoncèlent au-dessus du Bénin. Nous devons réagir, vite et bien. Epris de philosophie et de poésie, les Allemands se sont croisé les bras quand ils n’ont pas donné la main aux criminels nazis. Epris d’agriculture et d’élevage, les Hutus rwandais catholiques se sont armés de machettes et de gourdins et ont tué par centaines de milliers les Tutsis rwandais catholiques. Laisserons-nous l’Intolérable advenir au Bénin ? Non ! Il est des Béninois épris d’humanisme. Voici venu pour eux le temps de ‘‘se ceindre les reins comme un vaillant homme’’ (Aimé Césaire) pour entrer dans la résistance à la culture du malheur, dans la résistance au culte du malheur.