(Par Gontran Vidjinnagni)

A un de ses proches collaborateurs, il y aurait confié ceci : "De toute façon, je suis au bout. Dans tous les cas, pour la première fois de ma vie, je suis confronté à la fin de ma carrière. Celle-ci peut intervenir dans quelques mois ou dans quatre ans". La fin, Boni Yayi y pense donc. Et il en a une idée arrêtée : "En cas d’échec, j’arrête la politique. Oui, c’est une certitude", aurait-il précisé à ce collaborateur. D’ailleurs, ce collaborateur aurait tenté de convaincre son ami de sa bonne gestion du pouvoir, de sa bonne gouvernance, de l’empreinte qu’il ne cesse de laisser sur chaque Béninois.

"Vous y croyez vous ? Malgré tout ce que je fais, mes compatriotes semblent de plus en plus insatisfaits. Ce n’est pas ce que j’attends d’eux. De la compréhension plutôt que de la déception. Je ne mérite pas ça !" Ces propos prêtés au chef de l’Etat ne manqueront pas de jeter le froid dans les rangs de la mouvance présidentielle. Ils ne les rassureront pas plus sur leur propre sort aux prochaines municipales. La situation est inquiétante pour les forces politiques coalisées autour du président de la République.

Leur mentor naturel est en chute libre au sein de l’opinion nationale. Sans surprise, certains cadres de l’alliance Fcbe ont affiché leur confiance, même après les confidences de Boni Yayi. "Que le président envisage qu’il puisse perdre en souhaitant avant tout gagner, ça me paraît la moindre des choses. On n’est jamais aussi bon que quand on pense que l’on a des risques de perdre. L’opposition ferait bien de faire attention de ce point de vue !", assène un député de la mouvance. "C’est mal connaître Boni Yayi que de croire qu’il va décrocher tout d’un coup parce que les Béninois seraient déçus de sa gestion", a-t-il ajouté. En face, les réactions sont partagées. Les leaders de l’Union fait la Nation ne veulent prêter aucun crédit aux phrases de Boni Yayi : "Il se cache.

Quant aux commentaires qu’il faut faire sur je ne sais quelle confidence, elle n’intéresse pas les Béninois". Un responsable du Parti du renouveau démocratique est lui plus direct : "Les Béninois préféreraient qu’il leur propose un chemin plutôt que de se lamenter sur une possible fin de carrière." Les seuls à se réjouir de ces confidences, ce sont les syndicalistes : "Il est entré dans une spirale dépressive et peut-être les gens de sa famille politique vont penser à lui trouver un successeur, ça s’est déjà produit ailleurs." Il y a un an encore Boni Yayi promettait terre et ciel à son peuple, aujourd’hui, il serait en train de déchanter au regard de la déception des Béninois face aux actions menées par le chef de l’Etat. Pourtant, l’économiste de profession n’a jamais caché son envie de faire du Bénin un pays émergent. Ayant visiblement échoué, le président de la République devrait passer à autre chose.