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Le drame du lac Toho, survenu il y a quelques jours, avec la mort de milliers de poissons, continue de diviser la communauté scientifique. Les résultats officiels minimisant le danger viennent d’être mis en doute par une contre-expertise indépendante.
‹‹ On nous cache certainement des vérités. Aucune intoxication aiguë localisée ne peut avoir lieu dans le contexte actuel sous influence d’une pollution souterraine. Cela ressemble juste à de l’imaginaire.
Les doutes planent››. C’est la conclusion à laquelle est parvenue Dr. Ir. Enagnon Brice Sohou, au terme de sa contre-expertise, dont les résultats ont été rendus publics, ce 2 juin 2018. Il met en doute les résultats du Laboratoire central de contrôle de la sécurité sanitaire des aliments (LCCSSA).
Le spécialiste des risques et catastrophes qualifie le drame
de ’’crime écocide des écosystèmes aquatiques du lac Toho’’.
« Je peux être d’avis que l’intoxication aiguë des poissons du lac Toho ne soit pas forcément liés aux pesticides, mais je suis contre et totalement contre la confirmation du postulat qu’il n’y ai aucune trace de pesticides », a-t-il martelé. Dr Sohou déplore le fait que jusqu’à ce jour, malgré toutes les équipements de pointe dont dispose le Laboratoire central, dirigé par M. Chabi Sika, le profil chimique et/ou bactériologique de la menace n’a pu être caractérisé . Selon le rapport présenté par le LCCSSA, les substances prélevées révèlent une intoxication aiguë par contamination chimique venant d’une source endogène au lac par infiltration souterraine. D’autre part, il s’agirait d’une diminution de la demande biologique en eau du lac qui aurait entraîné une asphyxie des poissons.
À qui profite le ’’crime écocide’’ ?
« La campagne Bénin sans Pesticides dont je suis l’auteur l’année dernière m’a permis de disposer des preuves scientifiques de la présence de pesticides dans la plupart de nos bassins versants, et particulièrement dans les poissons à l’échelle nationale, de même que dans le sang humain », a indiqué Dr Brice Sohou. Il s’étonne du fait qu’aucune trace de pesticides n’a été retrouvée dans les sédiments et les poissons du lac Toho. Ce qui l’amène à plus douter des résultats présentés. Pour lui, même si les résultats ne sont pas truqués, cette absence de traces des pesticides est certainement liée au temps qu’a pris les analyses, puisque les résultats ont été présentés au-delà d’une semaine après les prélèvements.
Le spécialiste fonde sa contre-expertise sur la cartographie du paysage du relief du lac Toho. Une carte réalisée sur fond propre à l’aide des données de terrain et d’images satellitaires récentes à hautes résolutions spatiales. Le document montre qu’en amont dudit lac, il y a bel et bien de grandes surfaces agricoles pouvant y favoriser le déversement d’intrants agricoles, suivant le grand altimétrique et le circuit d’écoulement de l’eau. « Pour ce qui concerne la Demande Carbonique en Oxygène (DCO), le collègue Chabi Sika a affirmé sur Golfe Tv que cela pourrait être une des autres hypothèses à retenir pour tester », a-t-il souligné. On n’a pas besoin de deux semaines pour déterminer la DCO, plus on traîne dans le temps, plus on s’attend à des résultats biaisés, a-t-il ajouté.
Et pour conclure, il se demande : « Est-ce un crime commandité ?, par qui ? et à quelle fin ? ».
Akpédjé AYOSSO (Stag.)