515 visites en ce moment

La Société d’investissement et de promotion de l’industrie (SIPI-BENIN), en collaboration avec la Caisse des dépôts et consignations (CDC Bénin), la Banque ouest-africaine de développement (BOAD), et la West african alliance for carbon markets and climate finance (WAA), organise depuis ce jeudi 2 octobre 2025, un atelier de haut niveau sur les marchés carbone à l’intention du secteur privé béninois. L’initiative vise à promouvoir la compréhension et l’engagement des opérateurs économiques béninois au sein des marchés carbone, en mettant en lumière les opportunités économiques et réglementaires.
En dépit du potentiel significatif dont dispose le Bénin en matière de crédits carbone, la participation du secteur privé reste limitée. Et ce, par manque d’information, d’expertise technique et de projets structurants. La SIPI-BENIN, structure en charge de l’exploitation et du développement de la Zone industrielle de Glo-Djigbé (GDIZ), et ses partenaires, ont alors décidé de mobiliser le secteur privé béninois autour des opportunités offertes par les marchés carbone, en particulier dans le cadre de l’Accord de Paris et des mécanismes de croissance économique bas-carbone.
Par cet atelier, les organisateurs selon la directrice générale de la CDC Bénin, ambitionnent d’apprendre, de comprendre, et surtout, d’expérimenter avec pragmatisme, « la manière dont les crédits carbone peuvent être monétisés à travers des projets concrets ». Il s’agit d’une « opportunité unique » de passer de la connaissance générale à l’« application appliquée de la pratique », a-t-elle souligné évoquant l’ambition des organisateurs, celle qui consistent à « maîtriser les mécanismes de marché volontaire et de conformité, d’explorer le cadre béninois et surtout, dégager une feuille de route opérationnelle pour transformer les projets en leviers de réduction des émissions, et en ressources de revenus additionnels.
Maryse LOKOSSOU a formulé le vœu que les participants soient plus édifiés au terme des assises avec une idée claire de la manière dont on peut exploiter le plein potentiel des crédits carbone sur les différents projets.
Partenaire d’ARISE, la SIPI-BENIN, pionnière des opportunités du marché carbone au Bénin
Partenaire du groupe ARISE dans le développement de la Zone industrielle de Glo-Djigbé, la SIPI-BENIN selon son directeur général, investit dans le marché du carbone depuis 2021 avec l’acquisition de 35% d’AERA, leader dans le développement de projets carbone, et plus récemment dans Crystalchain, une entreprise spécialisée dans la traçabilité du carbone. ARISE a par la suite, développé des capacités en interne en créant OKALA, leader dans le domaine du monitoring de la biodiversité, et SEQUOIA, développeur de projets carbone d’agroforesterie et d’énergie, a expliqué Létondji BEHETON. Ce faisant, le Groupe d’après lui, a créé ainsi une équipe consolidée (plus d’une vingtaine de chercheurs, un desk carbone en interne), capable de couvrir la chaîne de valeur de création de projets carbone dans son entièreté : comptabilisation des émissions, conception et développement des projets, monitoring des émissions (MRV), coordination des audits et commercialisation.
Ces efforts, informe le DG de la SIPI-BENIN, ont été couronnés par plusieurs distinctions internationales en matière de durabilité et de performance carbone. Il a cité entre autres, Environmental Finance en 2022, Sustainable Development Pioneer en 2023, et décerné par Reuters, EDGE Champion en 2024, attribué par la Société financière internationale (SFI), pour l’engagement du Groupe dans la réduction des émissions dans le secteur des infrastructures.
« En 2023, la valeur du marché mondial du carbone a atteint près de 949 milliards de dollars US, donc 87% concentrés en Europe. En Afrique de l’Ouest, le potentiel est considérable, estimé à plus de 50 millions de tonnes équivalent CO2 par an dans des secteurs clés tels que l’énergie, l’agriculture, la foresterie et la gestion des déchets », a informé Létondji BEHETON, mettant l’accent sur le marché du carbone comme « une source majeure de financement pour le continent ».
Selon les données de l’Africa carbon markets Initiative (ACMI), l’Afrique pourrait mobiliser jusqu’à 6 milliards de dollars US par an, offrant aux États et aux entreprises, une opportunité unique pour accompagner la transition bas-carbone. « Au Bénin, ce potentiel est énorme avec plus de 4 millions d’hectares de forêts et de terres agricoles éligibles, représentant un atout stratégique sur les marchés carbone », a poursuivi le DG de la SIPI-BENIN, précisant qu’au-delà du secteur forestier, des opportunités existent également pour les acteurs industriels.
L’entreprise Benin Cashew, un modèle à la GDIZ
A la zone industrielle de Glo-Djigbé, la société Benin Cashew, spécialisée dans la transformation des noix de cajou avec une capacité annuelle de 120 000 tonnes, a initié un projet carbone grâce à son unité de transformation de coque de noix de cajou en huile, le Cashew nut shell liquid (CNSL), qui pourrait lui permettre de générer, selon les estimations, plus de 300 000 tonnes de CO2 valorisables en crédit carbone sur une période de 10 ans.
Toutefois, la participation du secteur privé à cette dynamique demeure très limitée, freinée par un déficit d’informations, de compétences techniques et de projets structurés. Des fonds d’amorçage et une gouvernance nationale claire sont également nécessaires pour permettre l’émergence de projets nationaux. Ces deux journées seront donc l’occasion de mieux comprendre les marchés du carbone, d’identifier les opportunités pour les entreprises locales, de partager les défis et les besoins, et de renforcer les partenariats entre acteurs publics, privés et investisseurs.
Pour Jonathan DOSSEH, représentant la BOAD, la lutte contre le changement climatique exige des solutions novatrices et inclusives. Et les marchés carbone, en particulier ceux développés dans le cadre de l’article 6 de l’accord de Paris offrent de réelles opportunités comme la mobilisation de financement climatique additionnel, la possibilité de stimuler l’innovation technologique et industrielle, et enfin, valoriser les efforts de réduction d’émissions déjà entrepris par les secteurs productifs. Ces opportunités, a-t-il souligné, ne pourront être pleinement saisies qu’avec une forte implication du secteur privé.
Ces premières assises sur les marchés carbone s’achèvent ce vendredi 03 octobre 2025.
F. A. A.
www.24haubenin.bj ; L'information en temps réel
















