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Ainsi, par 60 voix pour, 22 contre et une abstention, l’étude du projet de révision de la Constitution béninoise du 11 Décembre 1990 par les députés de la 7e législature n’a pas pu aboutir. Le processus devant y conduire n’est pas allé à son terme. Et pour cause, le vote en plénière qui devait permettre d’étudier le texte, aux fins d’amendements, de propositions et d’éventuelles dispositions à y insérer, n’a pas permis d’obtenir les 3/4 des voix. Car il fallait qu’au moins 63 députés sur les 83 que compte présentement le parlement béninois soient acquis, pour que ce fût fait. La minorité de blocage constituée par les 22 députés qui ont choisi le carton rouge a été forcément à la base de ce rejet. Ce qui ne surprend pas, quand on se rappelle les tiraillements, les batailles juridico-politiques par médias interposés ; sans oublier les réserves et réticences des uns et des autres. On retient finalement que le projet de révision de la Constitution, tel que l’ont proposé le président Patrice Talon et son gouvernement n’est resté qu’à l’étape de recevabilité par la Commission des Lois de l’Assemblée Nationale. Mais il n’empêche que le chef de l’Etat et son gouvernement pourraient reprendre l’initiative, si tant est qu’ils tiennent à la concrétisation de cette promesse contenue dans le projet de société du candidat Talon, à l’occasion de l’élection présidentielle de 2016. Car faut-il le rappeler ou le préciser, nul ne saurait être contre la révision de la Constitution, tenant compte des failles et insuffisances qu’elle recèle. Seulement qu’avec ce rejet, il faut bel et bien s’interroger, pour savoir ce qui n’a pas tourné rond, pour qu’il en soit ainsi. Cela voudra-t-il dire que le gouvernement s’y est mal pris par rapport à l’initiative et à la procédure ? Que reprocherait-on réellement au contenu du projet, si véritablement il ne s’agissait que de la prise en compte des faiblesses, failles et insuffisances de la Constitution actuellement en vigueur, pour des modifications et améliorations substantielles dans l’intérêt supérieur de la nation ?
Ce sont des questions qu’il faut se poser à différents niveaux ; même si les députés avaient leur mot à dire, leur opinion et conviction à faire valoir. C’est peut-être surtout un problème de méthode ou de procédure. En tout état de cause, il semble qu’il n’est pas encore temps de retoucher la loi fondamentale, vu que des chefs d’Etat l’ont essayé plusieurs fois ! Elle se changera de soi-même en son temps et plus facilement que maintenant, au moment véritablement favorable où les acteurs de différents bords finiront par en prendre conscience. Elle est née en effet dans un contexte mythique et presque surnaturel où comme le dit l’auteur sacré : « Le loup habitera avec l’agneau, le léopard se couchera près du chevreau, le veau et le lionceau seront nourris ensemble, un petit garçon les conduira. La vache et l’ours auront même pâturage, leurs petits auront même gîte. Le lion, comme le bœuf, mangera du fourrage. Le nourrisson s’amusera sur le nid du cobra, sur le trou de la vipère l’enfant étendra la main. Il ne se fera plus rien de mauvais ni de corrompu sur ma montagne sainte ; car la connaissance du Seigneur remplira le pays comme les eaux recouvrent le fond de la mer » (Isaïe 11, 6-10). Oui, ne l’oublions pas : Des gens qui étaient condamnés plus d’une fois à mort, et qui n’ont dû leur salut qu’à l’exil ont été invités par leurs bourreaux à s’asseoir autour de la même table, pour travailler à la destinée de ce pays. Il y avait là comme une main invisible qui nous conduisait. C’est d’un tel instant de grâce qu’est née notre actuelle loi fondamentale. Elle est donc sacrée ! Ne faudrait-il pas aussi un esprit de consensus de la même veine et de la même qualité, pour être autorisé à la toucher ou retoucher ? C’est peut-être là le message de ce fameux 4 Avril 2017 où il est fait habituellement mémoire de Saint Isidore. Comme si l’ombre de Mgr de Souza président du présidium de la Conférence Nationale des Forces Vives de la Nation de Février 1990, et par la suite, président du Haut Conseil de la République, planait sur l’hémicycle ce jour-là !
Père Crépin Magloire ACAPOVI
Directeur de Publication La Croix du Bénin