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Mémoire du chaudron 99




Si le département de l’Atlantique a, de tous les temps, suscité l’appétit de tous les candidats aux élections présidentielles, c’est parce qu’il est le plus peuplé du pays. Sa proximité avec Cotonou, la capitale économique et administrative du Bénin, en fait une zone dortoir privilégiée et une concentration de fermes.

Majoritairement dominé par les groupes socio-ethniques fons, aizo, toffins et toris, ce département a son histoire intimement liée à celle de l’ancien royaume du _"Danxomè"_ dont il est devenu partie intégrante depuis que le roi Agadja a soumis le royaume de _"Savi"_ et s’était ouvert les portes océanes par Ouidah. Nous avons déjà parlé, dans un épisode précédent, de l’importance des localités d’Allada et de Houègbo dans la migration des _"agassouvis",_ partis de Tado, en pays adja, et qui fondèrent les royaumes du _"Danxomè"_ et de _"Hogbonou"_.

Les modèles de gestion administrative du territoire mis en place par le palais royal d’Abomey durant plusieurs siècles, expliquent la distribution spatiale dans l’Atlantique de certaines grandes familles princières d’Abomey, dans des régions comme Ouidah, où on peut trouver par exemple, jusqu’à ce jour, des souches des _"Zinzindohoué"_, descendants des _"Tchodaaton"_ à Ouidah où vivaient les ministres des Affaires étrangères du roi du _"Danxomè"_, des _"Nonbimè"_ et des _"Attrokpo"_ dans la région de Godomey. Et si je devais faire une extension sur Cotonou, je parlerais des _"Zohoun"_ et des _"Zohonco"_ à Cadjèhoun.
À Allada, les _"Akplogan"_, dignitaires religieux, étaient une sorte de ministres délégués aux Affaires cultuelles et rendaient directement compte au puissant premier ministre, le _"Migan"_, installé à Abomey.

Les conséquences politiques de ce maillage administratif royal s’observent aujourd’hui à la lecture des résultats de chaque élection présidentielle. En dehors de quelques poches de résistance dont par exemple les _"Toffins"_ qui, pour les raisons historiques qui les ont obligés à aller se réfugier sur l’eau, nourrissent une méfiance permanente vis-à-vis des Fons, le département de l’Atlantique vote largement pour le leader politique fon. De Ahomadégbé à Soglo et actuellement Talon, qui fut bien avisé de projeter très tôt dans l’opinion ses ascendances maternelles aboméennes, le comportement électoral du département de l’Atlantique a toujours suivi les courbes et inflexions de l’histoire du royaume du _"Danxomè"_. Sa victoire de 2016, Patrice Talon la doit aussi et surtout à sa mère.

Mais, pour ces élections présidentielles de 2006, une donnée nouvelle entrait en jeu. Il n’y avait pas un grand leader fon dans la compétition. Certes, Léhady Soglo remplaçait au pied levé son père, mais il avait encore des classes à faire. Le département de l’Atlantique, dans cette ambiance d’absence d’un leadership naturel, fera le jeu des grands électeurs qu’étaient les responsables politiques les plus en vue du moment. Le candidat Yayi en tirera le plus grand avantage car, en dehors des ondes positives que lui envoyaient déjà, de façon diffuse, les populations de l’Atlantique, il pouvait compter dans son carquois, outre les nombreux modestes mouvements de jeunes, des leaders politiques très reconnaissables comme Valentin Aditi Houdé, Jean Alexandre Hountondji, Venance Gnigla qui, sans être un homme politique au sens strict du terme, jouissait déjà d’un puissant courant de sympathie dans Ouidah et alentours.

Le quadrillage politique du département de l’Atlantique pour Yayi, c’était aussi l’UNDP du président Emile Derlin Zinsou, l’un des coachs et précepteurs de Yayi. Son frère, le professeur René Zinsou, père de Lionel Zinsou, fut également un soutien actif et discret du candidat Yayi, mettant à sa disposition sa vaste connaissance des pratiques du pouvoir. _"Jeune homme, lui aurait-il dit un jour, excédé par les interminables courbettes de Yayi, si tu veux diriger un État, tu dois être capable, au besoin, de tuer de sang-froid. Cette affaire n’est pas pour les mous"_. Claudine Prudencio vint au yayisme par Émile Derlin Zinsou, et ce fut elle qui amena le très effacé homme d’affaires Samuel Aworet Dossou à mettre aussi la main à la poche pour la campagne de Yayi. Un appui financier certes ponctuel, mais fort utile.

C’est donc un département de l’Atlantique globalement favorable qui nous accueillit en ce jeudi, quatorzième jour de campagne électorale. Nous passâmes toute la journée dans les agglomérations de l’ouest du département, Tori, Savi, Kpomassè avec, comme clou de la journée, le géant meeting au stade municipal de Ouidah qui finit au crépuscule. Yayi y lâcha la phrase évidente qui devrait faire mouche. _"Je suis votre gendre et mon cœur bat pour Ouidah"_, dit-il de cette voix que deux semaines de campagne électorale avaient presque éteinte. La réaction du public fut enthousiaste et chaleureuse.

Nous partîmes de Ouidah après 19 heures, et sur le chemin de Cotonou, notre cortège sera contraint à d’incessants arrêts, pour de petits meetings, de sorte que nous n’atteignîmes le collège de Godomey qu’autour de 22 heures. Là, se tenait un grand meeting. Notre arrivée réveilla la foule convoquée depuis 18 heures. Sur le podium installé pour l’occasion, l’artiste GG Lapino enchaînait ses tubes. Quand Yayi monta sur le podium, le jeune artiste, dont la chanson suivait notre cortège depuis, lança en live cet hymne ensorcelant qui, aussitôt, embrasa la foule. Yayi esquissa des pas de danse sous des hourras. À la fin du meeting, nous dûmes encore patienter, le temps d’une séance imprévue entre le candidat et un groupe d’enseignants réunis dans une des salles de classe du CEG Godomey.

Le lendemain, vendredi, dernier jour de campagne électorale, nous attaquâmes les agglomérations de l’est du département de l’Atlantique. Sous la houlette de Valentin Aditi Houdé, nous entamâmes cette ultime journée de campagne par un grand meeting par Allada. Un meeting qui faillit pourtant ne jamais avoir lieu, à cause d’une guerre de leadership entre Didier Aplogan et Marie-Reine Sègla, une activiste yayiste, officier des douanes à la retraite.
Ce meeting, qui eut donc finalement lieu au stade municipal d’Allada, permit de donner le change aux lieutenants du député Ismaël Tidjani Serpos dont c’était le fief électoral, et qui, on s’en souvient, avait piloté, en tant que président de la commission des lois à l’Assemblée nationale, la fameuse loi électorale qui devrait exclure Yayi de la compétition.

D’Allada, nous partîmes pour l’enclave de Toffo, nous ressortîmes ensuite par Houègbo, redescendîmes à Hinvi, pour prendre une bretelle poussiéreuse jusqu’à Zê. Il devait, je crois, sonner 16 heures. Nous prîmes un déjeuner tardif dans la résidence de Valentin Houdé, avant de nous diriger vers un terrain de football où eut lieu un meeting particulièrement intense, vu la mobilisation populaire. De Zè, nous nous dirigeâmes vers les villages lacustres de la commune de Sô -Ava, sous de fines gouttelettes de pluie. Nous ressortîmes par le marché de Akassato, puis prîmes la direction du stade de l’amitié de Kouhounou, actuellement _"stade Général Mathieu Kérékou"_, pour un gigantesque meeting de fin de campagne qui mobilisa un monde impressionnant.

Plus tard, vers 23 heures, après avoir raccompagné Yayi à son domicile à Cadjèhoun, une partie du cortège partit pour un triomphal tour de ville et un ultime baroud d’honneur sur les artères de Cotonou tapissées de millions d’affichettes à l’effigie du candidat du candidat.

Ainsi, fut bouclée la grande boucle. Le terminus électoral. Toute activité publique est interdite pour la journée de demain, samedi. Mais, notre direction de campagne a prévu une réunion pour ce jour-là à 9 heures, à Bar Tito. Eh oui, nous repartons à Bar Tito, comme un retour à la case départ, un retour d’affection pour la première épouse _"yalilé"_. Demain samedi donc, nous sommes attendus à 9 heures, au siège de campagne de Bar Tito. Et selon toute vraisemblance, Yayi y sera. Une rencontre importante !

(✋À demain)

*Tibo*

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