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Mémoire du chaudron 54




La donne identitaire est le fondement du leadership politique au Bénin. Et cette axiome a encore de beaux siècles devant lui. Mais être né ou être originaire d’un espace géographique n’en fera pas de facto votre fief. Encore faudrait-il que vous ayez fait les investissements humains, physiques et affectionnels nécessaires. Et même là, vous n’auriez pas fait grand-chose si le timing dans lequel vous exposez votre prétention au leadership sur votre communauté et sur votre espace géographique n’était pas le bon.

Les concours de circonstances sont déterminants en la matière et un excellent timing fera d’un cancre un immense leader régional autant qu’une mauvaise orchestration fera d’un brillant prétendant, un piètre politique.

La géopolitique des Collines et du septentrion a toujours été caractérisée par le rassemblement systématique autour d’un grand leader régional qui, fort de cet appui, part toujours triomphalement à la conquête du fauteuil présidentiel, face à une myriade de concurrents tous concentrés dans le Bénin méridional où on peut parfois compter plusieurs prétendants dans une même famille.

Toujours est-il que, mis à part le cas exceptionnel de Nicéphore Soglo qui a été désigné directement dans une salle de conférence en 1991, il sera difficile voire impossible, dans notre modèle démocratique, d’être président de la République sans avoir un socle régional, sans avoir un fief.

Mon approche sur le rôle du fief dans la conquête du pouvoir d’Etat restera cependant ambivalente. Car un mauvais dosage de votre image par rapport à votre appartenance socio-ethnique et géographique pourrait vous exclure définitivement du fauteuil présidentiel. Il me semble que cela ait été le cas de Bruno Amoussou qui, depuis son apparition en gros pagne, large sourire "y a bon banania " et un slogan ethnico-centré très décomplexé "dadjè lo va", est définitivement passé dans la conscience collective comme le leader politique des Adja.

Même si cela lui a permis d’installer une hégémonie politique durable sur le sud-ouest du Bénin, ce fut pratiquement une condamnation définitive à demeurer l’homme d’une région, d’une partie des Béninois, donc sans envergure nationale. Il était pourtant, à un moment donné, l’homme le plus outillé techniquement et politiquement pour diriger le Bénin.

On a beau définir la politique comme l’espace de toutes les possibilités, il y a, en la matière, des sentences sans recours, des condamnations irréversibles.

Tout est donc, à mon avis, une question de dosage dans la manipulation de cette notion, véritable couteau à double tranchant, qu’est le fief. Vous n’irez nulle part sans lui, mais il peut devenir très rapidement un élément limitant pour vous si vous en faites un élément ostentatoire de communication.

Voilà pourquoi le génie politique de Yayi, dans sa phase de conquête du pouvoir en 2006, fut de savoir cloisonner fermement ses discours de sorte que les déclarations régionalistes moralement condamnables qui enthousiasment les foules à Kika par exemple, ne soient jamais entendues à Cadjèhoun. Et vice-versa. Il y a, pour ainsi dire, une exigence de duplicité de discours pour tout homme engagé dans la conquête du pouvoir d’Etat.

Les aspects moraux se gèrent plus tard après la victoire. Et même là...!

Pour le cas spécifique de Yayi en 2006, la notion de fief paraissait une donnée à la fois simple et complexe. Le long règne du général Mathieu Kérékou a eu un effet d’éteignoir, étouffant toutes autres ambitions dans cet immense fief qui partait des Collines au septentrion.

L’espace géopolitique dont héritait son successeur était aplani, dessouché et labouré. Puis le sort s’était occupé du reste. Saka Kina, figure emblématique du Fard-Alafia, qui aurait pu entretenir l’insoumission politique dans l’Alibori, était mort. Je me souviens de toute l’énergie que Yayi déployait pour obtenir son soutien qui, même quand il l’avait prononcé verbalement plusieurs fois à son domicile de Calavi, ne paraissait jamais sincère.

S’il avait survécu aux effets secondaires de cet accident de la route qui le brisa physiquement à la hauteur de Glazoué, il eût été une vraie équation à régler. L’autre Saka, Saka Salé en l’occurrence, n’aurait pu rien refuser à Bruno Amoussou dans le cadre de cette présidentielle si lui-même avait survécu à l’accident de la route qui eut raison de lui.

Une seconde équation qui eût été également difficile à gérer au sein du CAR-Duniya et dans l’espace socioculturel et linguistique bariba.

Le troisième Saka, Saca Lafia, qui essayait de donner du répondant au baobab Mathieu Kérékou, s’était humblement rangé derrière Yayi.

L’effervescent et insaisissable Rachidi Gbadamassi, qui finalement, ne jurait que par la perte de Yayi, après avoir été précurseur du Yayisme à Parakou, était écroué à la prison civile de Natitingou, pour enquête sur l’assassinat scabreux du magistrat Sévérin Coovi.

Le département de l’Atacora n’avait aucun leader en vue.

Pareil pour les Collines, malgré les efforts du vieux Amos Elègbè pour y introduire Idji Kolawolé, en lieu et place de Yayi Boni qu’il traitait en petit comité de "soulard".

Le seul qui pouvait brouiller la quiétude dans ce vaste territoire politique dont héritait Yayi, en transformant la Donga ou une partie de la Donga en un nid de résistance, c’était Bio Tchané qui, sans être un homme neuf en 2006, aurait pu rendre moins visible le profil de banquier technocrate qui allait si bien à notre candidat.

Mais sans crier gare, cette épine potentielle avait pris le premier vol pour Washington. Que pouvait-on espérer de mieux ?

Mais le contrôle et la gestion d’un territoire politique aussi vaste pendant qu’il ne détenait pas encore les leviers du pouvoir, se révélèrent bientôt éreintants pour le natif de Tchaourou, qui a dû comprendre que le soutien populaire à une candidature n’est rien sans une organisation structurelle opérationnelle.

La mousse pouvait vite s’affaisser si ceux chargés de secouer l’eau savonneuse cessaient leur manège. Et le très faible niveau d’enthousiasme des populations dans le septentrion pour aller s’inscrire sur les listes électorales était bien illustratif à propos.

En effet, Yayi fut ahuri de constater, au bout de ce voyage de nuit inattendu vers le septentrion, que tout était à faire.

À quelques jours de la clôture des inscriptions sur les listes électorales, les départements du nord affichaient des niveaux d’inscription globalement inférieurs à 20 pour cent par rapport aux taux d’inscription pour les élections législatives de 2003.

Dans le même temps, les départements du Bénin méridional affichaient des niveaux d’inscription avoisinant déjà les 70 pour cent. Il y avait assurément péril en la demeure. Ce ne sont ni la taille de votre fief électoral, ni la pléthore de soutiens politiques et de déclarations tonitruantes qui gagnent une élection présidentielle, mais le nombre de bulletins déposés dans l’urne en votre faveur.

Et dans le contexte de ces listes électorales manuelles, une élection présidentielle pouvait bêtement se perdre à ce niveau.

Mais plusieurs éléments immuables de notre sociologie politique expliquaient ce constat inquiétant fait sur le terrain. Nous en parlerons plus amplement demain, si vous le voulez bien.

(✋🏾 À demain)

*Tibo*

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5 avril 2018 par Judicaël ZOHOUN




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