mardi, 23 avril 2024 -

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Mémoire du chaudron 41




En ressortant du Codiam, je relançai le numéro de "Patrice" pour lui faire le point du constat que je venais de faire. Il n’y avait pas trace de Houdé et aucune déclaration politique n’était programmée là. ’’C’est bien, on suit. J’apprécie ta vigilance", me répondit-il, d’un ton plein d’assurance et de sérénité.

Cette façon de réagir me surprit et me laissa un moment songeur. Sur quoi fondait-il cette assurance de pouvoir renverser la vapeur, même si Valentin Houdé était déjà sur le podium, face aux micros et caméras, prêt à annoncer son ralliement à Adrien Houngbédji ? Je retournai la question dans tous les sens, sans pour autant trouver une réponse satisfaisante. Car je ne voyais pas ce que nous aurions pu promettre au président du RPR et qui fût au-dessus de la capacité de notre principal challenger. Comptait-il sur un devoir de gratitude ? Un quelconque retour d’ascenseur ? Ou un devoir de loyauté de la part de Houdé ? Du haut de son expérience, me disais-je, il devrait bien savoir que ces vocables n’avaient pas de place dans le dictionnaire politique.

Je conclus finalement que cela devait être de sa nature de se tenir sur des certitudes. Quant à moi, je n’avais pour assurance, en ce moment précis, que quelques éléments d’analyse géopolitique dont je fis plusieurs fois la démonstration à Macaire Johnson, pendant qu’il s’agrippait au volant de cette infatigable Toyota Carina 3.

Le combat de gladiateurs que se livraient Barnabé Dassigli et Valentin Aditi Houdé pour le contrôle politique de l’enclave de Zè, était une donnée fondamentale à prendre en compte dans le pronostic des options politiques que ferait chacun d’eux dans le cadre de cette élection présidentielle. Car la plupart des leaders politiques ne faisaient pas leur choix indépendamment des calculs et des projections politiques sur les élections législatives qui devraient suivre un an après ; c’est-à-dire en 2007.

Les rumeurs ayant annoncé Barnabé Dassigli du côté de Adrien Houngbédji, je pariais qu’en toute logique, Houdé irait dans le sens opposé, pour non seulement apporter dans les urnes la preuve irréfutable de son hégémonie politique sur la zone, mais surtout pour envoyer un signal fort à son aîné Dassigli que l’heure de la retraite avait sonné.

Je savais bien que rien n’était sûr en politique, mais autant s’accrocher à quelque chose qu’à rien du tout. Et puis "Patrice" avait beau respirer l’assurance et la sérénité, je savais aussi qu’il eut ses moments de doute, d’hésitation, voire de fourvoiement, avant de stabiliser sa décision de soutenir le candidat Yayi pour cette échéance électorale. Car son choix initial et presque naturel n’était pas Yayi, mais Bio Tchané.

L’amitié entre Patrice Talon et Abdoulaye Bio Tchané remonte à la fin de la décennie 90. Il faut dire que la défaite électorale de Nicéphore Soglo et le retour aux affaires du Général Mathieu Kérékou en 1996 avaient marqué le début d’une longue traversée du désert pour les sociétés de l’homme d’affaires, considéré comme un produit du régime Soglo dont il finança la campagne électorale malheureuse de 1996.

Ainsi repéré et fiché, il entra dans le viseur du nouveau ministre du Développement rural, Saka Kina Abdel Aziz Guézéré. La période faste de Adamou Mama Ndiaye faisait donc place aux années de plomb pour le cotonnier. Écarté de tous les appels d’offres pour la fourniture des intrants, ses usines d’égrenage étaient également ostracisées. Dans la perspective de la présidentielle de 2001, il fallait faucher ce bras financier sur qui pourrait s’appuyer à nouveau le président Soglo pour donner le change à son tombeur de 1996, Mathieu Kérékou. Et la diète imposée aux sociétés de Patrice Talon fut si efficace que celui-ci finit, au hasard d’une rencontre fortuite sur un vol, à solliciter l’arbitrage du ministre de l’Economie et des Finances d’alors, Abdoulaye Bio Tchané.

Inutile de préciser que la période fut plus que glorieuse pour les autres acteurs de la filière coton dont Martin Rodriguez, Francis da Silva, François Tankpinou, sans oublier de jeunes loups qui nourrissaient également de l’appétit pour l’or blanc.

Bio Tchané concéda une étude générale de la situation dont il fit part au Général Kérékou et qui fit aussitôt l’objet d’une communication en conseil des ministres. Le vieux caméléon, qui exprima une vraie ou fausse surprise, fit alors convoquer au palais de la présidence de la République, une rencontre de tous les acteurs de la filière, sans exclusion, et leur intima l’ordre de lui proposer une formule équitable de contrôle et de gestion du coton béninois et qui puisse régler la position ambiguë de la Sonapra qui jouait, jusque-là, le rôle de concurrent pour les acteurs privés et d’arbitre de la filière.

De cette concertation naquit l’Association Interprofessionnelle du Coton, dont le président fut Martin Rodriguez. Une porte de sortie venait d’être trouvée et les activités de Patrice Talon dans le secteur furent relancées, après plus de trois années de coma.

L’amitié et le devoir de reconnaissance qui le lia dès lors à Bio Tchané fut durable. Et lorsqu’aux lendemains de l’élection présidentielle de 2001, Kérékou libéra son ministre des Finances pour un poste au Fonds monétaire international à Washington, "Patrice", comme d’ailleurs une partie des observateurs de la chose politique au Bénin, y lit un signe de dauphinat pour la présidentielle de 2006.

Mais Bio Tchané partit comme il était venu. Sans marquer le terrain politique. À son départ pour Washington, il n’avait mis en place, ne serait-ce que dans la Donga, aucune structure de réflexion politique qui pût être le foyer d’une agitation politique en sa faveur.

N’empêche que l’entrée au gouvernement du jeune Ahamed Akobi comme ministre des Travaux publics et des Transports, lui laissa encore pendant des années, une possibilité de se relancer à travers ce bras droit de premier choix. Une occasion qu’il laissa encore filer.

Pendant ce temps, Yayi, franchissant perpétuellement la frontière de Hillacondji, tissait sa toile à travers le Bénin. Les poses de premières pierres, le contrôle ou la réception des infrastructures socio-communautaires financées par la Boad, se multiplièrent avec un relais systématique et avantageux sur les écrans de la télévision nationale par son inamovible reporter Justin Roger Migan.

Un Justin Roger Migan dont on n’entendra plus jamais parler pendant les dix ans de règne de Yayi et dont la seule vraie doléance qu’il fit légitimement pour siéger à la Haute autorité de l’audiovisuel et de la communication (Haac) au titre des personnes désignées par le président de la république, ayant été rejetée au profit de Joseph Ogounchi. Là encore, vous me rappellerez sûrement le message de "Maman Gléssougbé". Et je vous le concèderai.

Le champ était libre et le Président de la Boad y avançait presque à découvert. Tous ceux qui croisèrent les bras en ricanant " laissez-le, Kérékou va le griller", constateront par eux-mêmes leur lourde erreur d’appréciation. Yayi avançait, avec au départ un seul ouvrier, Yacoubou Bio Sawé, qui parcourait le pays dans tous les sens, suscitant ou installant mouvements et comités de soutien, passant les amitiés de Yayi à rois sans royaumes, témoignant de sa compassion à imams éplorés.

Bio Tchané, pendant ce temps, faisait le mort à Washington. Peut-être ricanait-il aussi en disant " laissez-le, Kérékou va le griller" ? Toujours est-il que Yayi, chaque jour, tissait sa toile. De sorte que lorsque Ahamed Akobi finit par se décider à aller "faire quelque chose sur le terrain" pour ce lointain Abdoulaye Bio Tchané, l’avancée de Yayi était totale et irréversible. En prenant les ressources de cette opération de dernière chance chez "Patrice", il était sûrement loin de s’imaginer l’ampleur du phénomène Yayi dans le septentrion. Je me rappelle encore les discussions enflammées que j’avais souvent eues avec son chargé de communication, Souleymane Ashanti, au siège du journal " Le Progrès " à Sikècondji. Il était convaincu et essayait sans rire de partager sa conviction avec moi : "Votre Yayi n’ira nulle part".

Toujours est-il que cette ultime manœuvre de rattrapage entreprise par Ahamed Akobi à travers son mouvement politique "Ensemble c’est plus sûr" ayant échoué, il se plia au verdict de la réalité du terrain. "Patrice", informé par Saca Lafia des résultats de la descente de Ahamed Akobi dans le septentrion, tira sans doute sa propre conclusion : Tchané restera un ami. Mais pour la présidentielle de 2006, c’était grillé. Et s’il fallait miser sur un candidat ressortissant du septentrion, le seul choix qui s’imposait était cet étrange Yayi Boni.

Mais Ahamed Akobi et Bio Tchané avaient désormais un problème. Que faire ? Quoi exiger à Yayi dont la tactique de contournement venait de les prendre à l’envers ? Une rencontre fut initiée à Washington, entre Bio Tchané et Yayi, pour aborder les sujets qui fâchaient. C’était en présence de Ahamed Akobi. Une drôle de séance...

(À demain ✋🏾)

*Tibo*

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