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Mémoire du chaudron 32




Même si l’argent ne crée pas un courant de sympathie durable en politique, son rôle y est si fondamental qu’en manquer à certaines étapes d’une aventure de conquête du pouvoir peut se révéler, ni plus, ni moins qu’une faute mortelle. Il en sera encore ainsi aussi longtemps que vivra notre système politique actuel avec l’élection du président de la République au suffrage universel direct. La femme la plus vertueuse du monde se méfiera toujours instinctivement des avances d’un gueux. Tout autre discours ne serait qu’hypocrisie pour berner des imbéciles. Yayi ne l’ignorait pas. Et même s’il passait une partie de nos rencontres à faire un travail psychologique sur le petit groupe de compagnons que nous formions autour de lui dans le milieu chrétien évangélique sur le nécessaire détachement vis-à-vis de l’argent, nous savions tous que le moment de la vérité ne tarderait pas à sonner. Cependant, avec le recul qui est le mien aujourd’hui, je me demande si ses difficultés à financer, comme cela se devait, nos activités, n’étaient pas la raison première de l’humilité dont il faisait preuve à notre égard, car dès qu’il fut plus tard en mesure de financer et de faire marcher qui il voulait, des noms comme Briga Bruno, Dogo Pascal, Loko Serge, Alagbe Dieudonné, Bovis Macaire, Glin Laurent, Chabi Sidi Abdel Kader, Togbe Euloge... semblèrent ne plus rien lui rappeler. C’était pourtant avec eux que nous semâmes, à mains nues, par temps de soleil et par temps de pluie, les graines du yayisme dans le milieu évangélique à travers le pays. C’étaient eux, les compagnons dont il ne voulait jamais se séparer pendant que les premières résistances apparaissaient comme en 2003, lorsque Joseph Sourou Attin, alors ministre des travaux publics et des transports du Général Mathieu Kérékou, refusa de nous donner accès à la salle de conférence où nous avions prévu organiser une conférence-débat sur le thème " La place du chrétien dans la vie économique de sa nation" et dont le seul orateur était opportunément Yayi Boni. Le ministre Attin était pourtant un fonctionnaire de la Boad en détachement. Il était pourtant chrétien évangélique actif. C’est dire les montagnes que durent déplacer quelques fois ces noms qui resteront dans l’oubli pendant les dix années de règne du "frère Yayi". Je les ai cités ici exprès pour motif personnel de justice, sachant qu’ils ne vous diront rien, ceux qui l’affublaient des épithètes les plus abjectes étant devenus les principaux animateurs de la dévotion évangélique quotidienne à son domicile.

L’énergie de la conviction en politique a donc, comme je le disais plus haut, ses limites si le nerf de la guerre faisait durablement défaut. Et le premier à mettre les pieds dans les plats face au discours ascétique de Yayi, fut Rachidi Gbadamassi. Un des premiers soutiens politiques ouvertement affichés de Yayi, Rachidi Gbadamassi qui venait d’infliger une historique humiliation électorale à Ousmane Batoko dans la course à la mairie de Parakou en 2003, comprit très vite toute la caution morale et technique que pouvait représenter pour lui ce grand-frère, président de la Boad, et dont les ambitions présidentielles se murmuraient déjà. Cela tombait d’ailleurs très bien puisque l’institution sous-régionale venait de valider le financement d’un vaste projet de rénovation de la voirie de Parakou. Gbadamassi, en ces moments-là, fit tant de zèle à chaque descente de Yayi dans la cité des koborou pour un lancement de pavage de tronçon ou une énième visite de chantiers, que personne ne comprit son brusque renoncement au yayisme après seulement un an de lune de miel avec l’homme de Tchaourou qu’il avait pourtant présenté à tous ses lieutenants du quartier Bâ-Ouèra de Parakou, comme son choix pour 2006, au cas où le général Mathieu Kerekou déciderait de quitter le pouvoir. Il se faisait que l’homme politique Rachidi Gbadamassi comprenait mieux que son " grand frère " Yayi, le langage politique que parlaient ses électeurs de Parakou. Son exposition aux côtés du président de la Boad lui avait coupé de nombreux robinets financiers chez tous les autres dinosaures de la classe politique nationale. Le plus cocasse dans l’affaire, c’est que le maire de Parakou repartait toujours de chez Yayi, la tête pleine de promesses et de théories, les poches désespérément vides. Intolérable ! Il finit par s’en ouvrir à Yayi, comme cela sied à un vrai connaisseur des moeurs politiques du pays. " Président, nous avons besoin d’argent pour entretenir le terrain. Je sais que vous n’en avez pas. Alors voici ma proposition : autorisez-moi à aller solliciter quelqu’un que je connais très bien et qui peut beaucoup nous aider. C’est Patrice Talon ". Le maire de Parakou se serait-il, malgré la réponse évasive de Yayi, rapproché de Patrice Talon ? Toujours est-il que le refroidissement puis la rupture inattendue de son soutien au président de la Boad, tenaient en partie des écarts d’approche que les deux hommes avaient du rôle de l’argent dans la gestion d’une carrière politique. Mais a posteriori, on peut dire que Rachidi Gbadamassi, en évoquant la solution Patrice Talon déjà en 2004, avait eu tort d’avoir trop tôt raison. Une fois hors de l’orbite Yayi, il roula tour à tour dans la farine Bruno Amoussou à qui il promit l’électorat de Parakou, Séverin Adjovi à qui il poussa l’humour cynique jusqu’à remettre les clefs de la ville, puis enfin Adrien Houngbedji à qui il offrit un meeting avec bain de foule mémorable au stade municipal de la cité des kobourou.

Il ne vécut l’élection présidentielle de 2006 que depuis l’enceinte pénitentiaire de Natitingou où l’envoya la scabreuse affaire de l’assassinat du juge Coovi. Mais on peut l’aimer ou pas, il avait vu avant tout le monde, la thérapie au problème qui rongeait le yayisme et qui se révèlera avec une extrême acuité à l’occasion de l’installation du bureau et des points focaux départementaux du bureau central intérimaire, BCI, dont Moïse Mensanh était le président, Benoît Degla le trésorier et Edgar Soukpon le secrétaire général.

Nous étions en 2005, à un an des échéances électorales de 2006. L’urgence de fédérer les énergies jusque-là dispersées, se faisait plus que jamais sentir. Il était question de regrouper toutes les forces politiques yayistes opérant sur le terrain dans une grande structure faîtière qui sera le soubassement politique de la campagne électorale du candidat Yayi. Les travaux eurent lieu au quartier JAK à Akpakpa, à la salle des fêtes " Les Hortensias " située dans le vaste domicile de Francis da Silva. C’était surtout un défi organisationnel car les délégués, venus des quatre coins du pays devaient être hébergés et nourris. Au plan strictement des activités, les assises posèrent d’emblée les bases de ce qui sera plus tard FCBE, Forces Cauris pour un Bénin Émergent. Entre autres points focaux départementaux désignés, il y avait Michel Sogbossi pour le Couffo, Bernard Degbe assisté de Jean-Pierre Ezin et Mathurin Nago pour le Mono, Patrice Lovesse et Judes Aïbatin pour le Zou, Codjo Atchode et André Dassoundo pour les Collines, Debourou Djibril,Théophile Babalolla pour le Borgou, appuyés par de jeunes virtuoses aux crocs déjà acérés comme Gildas Aïzannon. Il y avait Bani Samari pour l’Alibori, Emmanuel Tiando et Madame Dafia pour l’Atacora, Ahamed Akobi assisté de Wallis Zoumarou, Soumanou Toleba et Garba Foulera pour la Donga, et Rogatien Akouakou assisté d’une escouade d’activistes dont Souleymane Naïmi, Oussou Christophe au surnom évocateur de "Babassa", Justin Adjovi, Macaire Johnson pour le Littoral, Alexandre Hountondji, le magistrat Honorat Adjovi et Da Matha Santana pour l’Atlantique, Anani Abimbola et Robert Tagnon pour le Plateau, Simplice Codjo et Dominique Takpodji assistés de Hélène Kêkê pour l’Oueme. A tous ces noms il faut ajouter les fortes individualités féminines comme mesdames Olga da Silva, Grâce Lawani, Claude Olory-Togbe, Madame Denise Houngninou, Madame Satchivi, Madame Zoumarou, Madame Bio Sawe. Puis vint le moment des comptes. Sur un budget prévisionnel d’une centaine de millions pour la désignation et l’installation de ces points focaux, nous en avions à peine mobilisé le cinquième. Les délégations veneus de loin étaient bloquées dans leurs hôtels dont nous n’avions pas les moyens d’honorer la note. Les espérances placées en un sursaut d’orgueil du candidat s’effondrèrent. L’angoisse et la crise des nerfs étaient palpables chez les organisateurs. Il fallait parer au plus pressé. La coque du navire craquait. Le naufrage était imminent. Pour la première fois, je vis Tunde hors de lui-même. Francis da Silva, d’ordinaire si maîtrisé, laissa éclater son exaspération en petit comité : " s’il ne peut pas boucler ce budget, alors ce type ne peut pas être président de la République. Nous avons perdu notre temps" avait-il lâché, au bord de l’infarctus. Mais ce n’était plus le moment des états d’âme. Il fallait trouver un recours, un mécène, n’importe quoi. Le fameux nom Patrice Talon réapparut...

A deux jours de cette cérémonie de déclaration de candidature, les choses paraissaient moins compliquées, côté financier. Rachidi Gbadamassi était en prison. Mais son flair avait eu raison de toutes les pudeurs. La cérémonie s’annonçait belle. Elle s’annonçait grande. Elle s’annonçait surtout historique.

( A demain ✋🏾)

*Tibo*

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22 février 2018 par Judicaël ZOHOUN




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