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L’ouverture solennelle de la première session ordinaire du parlement a eu lieu ce 10 avril 2017 au palais des gouverneurs à Porto-Novo. Une délégation de l’Assemblée du Burkina Faso, conduite par son président, a honoré de sa présence la cérémonie. Dans son discours d’ouverture, Me Adrien Houngbédji a regretté le rejet de la recevabilité du projet de loi portant révision constitutionnelle dont l’issue aurait permis de corriger les insuffisances de la loi fondamentale. Il n’a pas manqué de saluer les députés pour leur sens de responsabilité. Passée la tempête de la révision constitutionnelle, le président de l’Assemblée invite les élus du peuple à accompagner le Programme d’actions du gouvernement pour le bonheur du peuple.
DISCOURS DU PRÉSIDENT DE L’ASSEMBLÉE NATIONALE ME ADRIEN HOUNGBÉDJI À L’OCCASION DE LA RENTRÉE SOLENNELLE CE MATIN À PORTO-NOVO
Au nom du Bureau de l’Assemblée nationale, au nom de sa Conférence des
Présidents, au nom de tous les Députés à l’Assemblé Nationale, et en
mon nom propre, je vous souhaite la bienvenue à cette cérémonie
d’ouverture de la première session ordinaire de l’année 2017.
Je vous remercie les uns et les autres,de nous honorer de votre
présence, malgré les circonstances.
Je souhaite la plus chaleureuse des bienvenues, à notre invité
d’honneur, mon collègue et frère, Son ExcellenceSalifou DIALLO,
Président de l’Assemblée Nationale du Burkina-Faso, et aux membres de
sa délégation.
Sa présence ici, ce matin, n’est pas un simple échange de bons
procédés. Elle est plutôt le témoignage de la pérennité deslient qui
existent entre nos deux parlements et nos deux pays. Elle est aussi le
témoignage de notre aspiration commune à bâtir la nation africaine sur
les fondamentaux que constituent la démocratie parlementaire, et la
coopération interparlementaire ; l’une et l’autre contribuent sans nul
doute, au développement économique et social durable de nos pays.
Le Bénin et le Burkina-Faso partagent de longues dates, une même foi
dans la réalisation de l’Unité Africaine, dont la CEDEAO et l’UEMOA
constituent, au plan régional, des manifestations tangibles.
Le Président Salifou DIALLO est à la fois un homme qu’on présente, et
un homme qu’on ne présente plus.
Militant de la cause panafricaine, depuis sa première jeunesse et de
la lutte contre le néocolonialismeà l’Université de Dakar, puis
ministre, ambassadeur, conseiller spécial, grand voyageur et enfin,
Président de l’Assemblée Nationale, doté d’une grande culture, celui
que nous recevons aujourd’hui est à lui tout seul, un condensé de
l’histoire post-coloniale et de l’histoire récente du pays des hommes
intègres, le Burkina-Faso.
Merci Monsieur le Président et cher collègue d’avoir répondu à notre
invitation. Merci pour votre message personnel d’amitié et pour celui
dont vous êtes porteur, de la part du Président Rock Marc KABORE, à
l’endroit du Président de la République du Bénin, Son Excellence
Patrice TALON, à l’endroit de notre Peuple et de vos collègues députés
à l’Assemblée Nationale du Bénin, pays de Béhanzin, de Bio-Guerra, et
de Toffa, pays de la Révolution marxiste du 26 octobre 1972, devenu
pays de la Conférence Nationale, et de la démocratie consensuelle de
l’arbre à palabres.
Mes chers collègues,
La séance de ce jour,qui inaugure la première session ordinaire de
l’année 2017, s’ouvre au lendemain de la clôture de la 3ème session
extraordinairede cette même année, que nous avons consacrée à l’étude
et au débat sur le projet de révision de la Constitution du 11
décembre 1990. Débat clôturé le mardi 04 avril par un vote de rejet,
faute pour le projet de révision d’avoir obtenu les ¾ de vos suffrages
: 60 oui ; 22 non ; le non l’emporte. C’est la démocratie.
Ce fut un moment historique.
Historique par la fièvre qui s’est emparée du Pays dans les jours précédents.
De cette fièvre, nous devons tirer la leçon que le peuple béninois
demeure attaché à la Constitution du 11 décembre 1990 : un attachement
émotionnel qui frise le fétichisme, qui frappe de suspicion toute
initiative de révision et qui condamne à l’échec toute tentative de
révision, et qui malheureusement laisse sans solution les problèmes
réels : la peine de mort qu’il faut abolir ; la Haute Cour de Justice
qu’il faut rendre opérationnelle ; la Cour des Comptes qu’il faut
créer, la représentation des femmes dans les instances de décision
‘’qu’il faut améliorer’’, la réforme de notre ‘’système partisan’’ ;
et j’en passe.
Je crois sincèrement que nous aurions pu profiter de l’opportunité que
nous offrait le projet de révision, pour engager et faire aboutir ces
réformes là, dont chacun reconnaît la nécessité.
Je garde espoir que la fièvre tombée, notre peuple trouvera un jour,
les voies qui lui permettront d’accomplir les réformes
constitutionnelles indispensables à son développement.
En attendant que vienne ce jour, permettez moi de vous exprimer mes
sincères félicitations pour la qualité de vos interventions. C’est en
toute liberté que vous avez librement exprimé vos convictions, dans un
débat riche de sens, respectueux des opinions de chacun, soucieux que
vous étiez les uns et les autres, de l’intérêt supérieur de notre
Pays. Un vrai débat de parlementaires, contradictoire, argumenté, sans
éclat de voix. Ce faisant, vous avez honoré l’Assemblée Nationale ;
vous avez honoré le Bénin.
Un fait de procédure, passé inaperçu, ou sous silence, illustre mon
propos : lorsqu’à la fin de la discussion générale, et en application
des textes de notre Règlement Intérieur, la question fut posée de
savoir quel était le mode de scrutin de votre choix, public ou secret,
c’est unanimement, comme un seul homme, que vous avez choisi le
scrutin public.
Vous auriez pu choisir le contraire ; car la foule grondait, les
réseaux sociaux s’agitaient, vos numéros de téléphone avaient été
publiés, vous étiez livrés à la vindicte populaire. Et malgré le
danger qui menaçait de toutes parts, vous avez voté ‘’pour’’ ou
‘’contre’’, publiquement !
Vous avez pris vos responsabilités ; publiquement. En le faisant comme
vous l’avez fait, vous avez honoré notre démocratie.
Car la démocratie, la vraie, est celle où chaque institution est
respectée dans ses prérogatives, et non pas celle où chaque groupe
d’intérêt prétend assujettir les institutions à son bon vouloir.
Vous avez prouvé que vous êtes l’Assemblée Nationale.
Vous avez prouvé qu’en dehors de vous, il ne restait que deux
alternatives : le coup d’Etat ou la Révolution.L’un et l’autre sont
possibles. Mais nous rentrerions dans une autre spirale ;une spirale
dont le peuple béninois a fait l’expérience.
Messieurs les Présidents des Groupes Parlementaires,
Je faillirais à mon devoir si au cours de cette cérémonie solennelle,
je feignais de n’avoir pas entendu les déclarations publiques que vous
avez tenu à faire à la tribune ce soir du 04 avril. Je les fais
miennes ; j’en suis solidaire.
Face à ce qui n’était ni plus ni moins un appel au lynchage, vous avez
fait une mise en garde, qui était un appel à la responsabilité.
L’Assemblée Nationale est le réceptacle, le point vers lequel
convergent toutes les contradictions de notre société. Qu’elle
explose, et c’est le Bénin qui explose.
Le principal atout de notre institution, c’est sa cohésion ; c’est sa
crédibilité.
Je vous suis reconnaissant, aux uns et aux autres, de votre
contribution sans cesse renouvelée, au maintien de cette cohésion et
de cette crédibilité, malgré nos différences de sensibilité ; malgré
nos divergences d’opinion.
L’oiseau qui du haut de l’arbre, attire la pluie, ne s’en tirera lui
même que comme un oiseau mouillé.
Ne pas respecter les autres, c’est ne pas se respecter soi-même et
c’est ce qui arriva.
Je vous propose, Messieurs les Présidents, que nous en restions là, et
que nous passions aux choses sérieuses.
Mes chers Collègues
Mesdames et Messieurs
Le défi le plus sérieux auquel nous sommes confrontés, est
l’accompagnement parlementaire du Programme d’action du Gouvernement.
Le PAG a été présenté le 16 décembre 2016 dans un contexte national
caractérisé par la morosité économique et la détérioration des
conditions de vie des populations.
La perspective de sa mise en oeuvre a redonné un immense espoir aux
Béninois des villes et des campagnes.
Evalué à plus de 9000 milliards CFA, sur une courte période 2017-2021,
ambitieux dans son contenu, son volume, la qualité et la pertinence
des actions qu’il induit, il donne des raisons de rêver à un
mieux-être pour les populations, et constitue l’ébauche d’un plan de
développement intégral.
Un programme séduisant !A condition bien sûr qu’il soit mis en œuvre de
façon rigoureuse et efficace.
C’est à la réalisation de ce programme que nous devons nous atteler.
C’est à cela que nous invitent les populations : lorsqu’elles nous
disent aux quatre coins du pays qu’elles ont faim.
La réussite de ce programme ne sera pas la victoire d’un homme ; ni
même celle d’une équipe.
Elle sera la victoire du BENIN ; elle sera la victoire de la démocratie.
La politique en général et la démocratie en particulier, ne peuvent
pas continuer à promettre des lendemains qui chantent,et à repousser
toujours à demain, la résolution des problèmes du quotidien.
La démocratie ne survivra dans notre pays, que si elle a un contenu
concret, et apporte des solutions aux difficultés de chaque citoyen.
Elle ne survivra que si le Béninois peut manger à sa faim, se soigner,
scolariser ses enfants, avoir du travail, un logement décent, la
lumière électrique, rouler sur des routes praticables, donner de
l’emploi à ces jeunes et du commerce à ces femmes.
Il n’y a aucune illusion à se faire : si elle n’améliore pas leurs
conditions de vie, les Béninois feront échec à la démocratie.
Car comme le dit l’adage latin, ‘’primumvivere ;deindephilosophari’’.
Pour la première année de sa mise en œuvre, le Programme d’Action du
Gouvernement s’appuie sur un budget de 2010 milliards CFA, soit
pratiquement le double du budget des années antérieures.
Cela signifie que les structures impliquées doivent être plus
efficaces dans la mobilisation des ressources.
Cela signifie que les capacités et les performances de
l’administration publique doivent être améliorées.
Le Gouvernement en a la charge et la responsabilité.
Ce qui est de notre ressort à nous autres, Assemblée Nationale, c’est
d’adopter les réformes législatives qui contribueront à cette
efficacité et à cette amélioration.
Je n’éprouve aucune appréhension quant à notre capacité à relever ce
défi. L’Assemblée Nationale a une conscience aigue de ses
responsabilités et saura placer l’intérêt général au dessus des
considérations partisanes.
Elle l’a déjà prouvé lors du vote du budget 2017, budget voté à
l’unanimité, parce que le Gouvernement a jugé pertinents, et a pris en
compte, les nombreux amendements émanés des Députés, de toutes
tendances.
L’Assemblée Nationale l’a aussi démontré, lors du vote de la loi sur
le partenariat public privé, qui finira bien par être exécutoire. De
même pour la loi portant organisation de la concurrence ; la loi
portant réglementation des bureaux d’information sur le crédit ; la
loi relative à l’activité d’affacturage ; la loi relative au
crédit-bail ; la loi portant régime général d’emploi des
collaborateurs extérieurs de l’Etat ; la loi portant code des marchés
publics et des délégations de service public ; la loi fixant les
conditions et la procédure d’embauche, de placement de la main d’œuvre
et de résiliation de contrat.
Toutes ces lois ont été votées, par nous, sinon à l’unanimité, du
moins à une très large majorité, avec célérité pour accompagner le
Programme d’Action du Gouvernement.
Je n’éprouve aucune appréhension sur notre capacité à relever le défi,
parce que nous avons nous même, Assemblée Nationale, déployé des
efforts soutenus au cours de l’année 2016, pour être nous aussi, plus
efficaces et plus performants.
En témoigne le Plan Stratégique de développement et de modernisation,
que nous avons élaboré et adopté, qui a fait l’objet d’une Table Ronde
le 05 décembre 2016,et qui estsoutenu par nos partenaires techniques
et financiers.
Ce plan connaît un commencement d’exécution depuis le début de cette
année. Il nous permet de renforcer nos capacités de produire des lois.
Il nous permet de réduire les délais de traitement des dossiers.
Il nous permet aussi d’être plus actifs sur le terrain du contrôle de
l’action du Gouvernement.
Le Parlement est déterminé à jouer sa partition, et à la jouer avec
compétence et diligence.
C’est dans cet état d’esprit que nous étudierons prochainement :
– La proposition de loi fixant le régime des zones économiques spéciales ;
– La proposition de loi d’orientation relative à la promotion et au
développement des micros, petites et moyennes entreprises (MPME) ;
– la proposition de loi portant règlementation des cautions et avances
sur loyer des immeubles à usage d’habitation ;
– La proposition de loi portant règlementation du bail à usage d’habitation ;
– La proposition de loi portant code du numérique ;
– La proposition de loi portant identification des personnes physiques.
Et plusieurs autres qui s’inscrivent dans la dynamique du développement.
Mes chers collègues
Mesdames et Messieurs
La session ordinaire qui s’ouvre sera donc une session très active. Je
sais pouvoir compter sur la disponibilité, l’assiduité, le
discernement et l’esprit de tolérance de chacun d’entre vous, afin que
le bilan soit satisfaisant.
Je remercie très sincèrement tous nos partenaires pour leur
contribution très appréciée à nos efforts de modernisation.
Je saisis aussi cette solennelle occasion pour remercierle personnel
administratif pour son dévouement, la presse pour son accompagnement,
sans oublier les conducteurs de véhicules administratifs d’une part et
les membres du groupe de sécurité d’autre part, pour leur délicate
attention à mon endroit, il y a cinq semaines.
Merci à tous nos invités pour leur constante sollicitude.
Je déclare ouverte la Première Session Ordinaire de l’année 2017 de
l’Assemblée Nationale du Bénin.
Vive l’Assemblée Nationale ;
Vive la démocratie ;
Vive la coopération interparlementaire ;
Vive le Bénin ;
Je vous remercie.