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Avec pour intitulé "Pour conjurer le péril qui nous guette !", le politologue Mathias Hounkpè spécialiste des questions électorales n’entend pas rester loin de la situation sociopolitique. Il sort ses propositions pour une sortie de crise.
"Depuis deux jours, le Bénin connaît, à la fois, des manifestations d’une violence rarement connues par le passé et une situation postélectorale tout aussi inédite, tout comme le processus électoral lui-même. A mon humble avis, la véritable question qui se pose aujourd’hui est de savoir comment sortir de cette passe hautement périlleuse que traverse le pays", s’interroge-t-il.
M. Hounkpè explique qu’il y a deux facteurs majeurs qui caractérisent la crise. " Il y a, d’un côté, les problèmes liés au processus électoral proprement dit, notamment sa non-inclusivité et le taux d’abstention extrêmement élevé qui a barré le scrutin d’une tache indélébile. Il y a, de l’autre, les profondes frustrations qu’expriment les manifestants et qu’il serait, je le crois profondément, pour le moins dangereux de réduire à la simple exécution des mots d’ordre des leaders de l’opposition", relève-t-il.
Pour sortir de ce situation, le politologue pense à trois voies possibles. " D’une part, il faut une adresse officielle de l’Exécutif, de préférence du Président de la République lui-même, à l’endroit des citoyens qui protestent dans les rues", préconise Mathias Hounkpè. "Dans la situation actuelle, il me paraît indispensable de leur indiquer qu’on les a entendus, compris et de les rassurer de façon crédible que tout sera mis en œuvre pour apporter des approches de solutions courageuses aux diverses préoccupations qu’ils expriment", ajoute-t-il. A l’en croire, "il suffit d’écouter les propos en fond sonore sur les enregistrements audio et les vidéos qui circulent pour se rendre compte que les griefs des manifestants vont au-delà des seules élections".
Il pense d’autre part, qu’il faut, de toute urgence, mettre en place un cadre de dialogue entre les acteurs politiques (pouvoir et opposition) sur le « comment » gérer les deux questions majeures. Celles-ci sont relatives d’abord à " la question du déficit de légitimité de la législature qui est supposée sortir des législatives du 28 avril et les conséquences politiques qui en découlent (et Dieu sait qu’il y en a beaucoup). Ceci demandera des solutions innovantes à la hauteur de la situation". En second lieu, ce sera "la question liée aux difficultés de l’application des nouveaux textes (Code électoral et Charte des partis) et les conséquences politiques qui en découlent (ici également les conséquences politiques sont nombreuses). Ici aussi, la bonne foi des acteurs de tous les bords est un préalable incontournable".
Mathias Hounkpè estime qu’ " il est nécessaire de prévoir un cadre de conduite du dialogue. Ce cadre peut être offert par un collège d’acteurs locaux (par exemple toutes les confessions religieuses ensemble) et/ou les organisations régionales telles que la CEDEAO, l’Union africaine et UNOWAS".
Pour le politologue, " il importe de dire que s’il faut savoir raison garder, il est impératif de tirer réellement toutes les conséquences de la situation actuelle’’. ’’Ne pas le faire et chercher simplement à faire comme si de rien n’était, comme s’il ne s’agissait que d’un mauvais moment à passer pourrait être tout simplement suicidaire", avertit M. Hounkpè.
G.A.