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Le Président Patrice Talon a été porté en triomphe par le peuple béninois en mars 2016 pour en finir avec le régime de Boni Yayi. L’homme d’affaires qui a séduit le peuple par son style et ses promesses électorales est aujourd’hui confronté aux dures réalités du pouvoir d’Etat. Après un an de gestion, force est de reconnaître que le gouvernement est animé par de bonnes intentions. Mais au vue de certains actes posés ça et là, le désenchantement a commencé par gagner de nombreux citoyens, mêmes des proches du pouvoir. Le peuple à bout de souffle attend la moindre étincelle pour s’enflammer
La première année du gouvernement ne s’est pas déroulée sans grincements de dents au sein de l’Exécutif. La preuve, c’est un membre et non des moindres, celui qui a été l’un des principaux artisans de l’arrivée de Patrice Talon au pouvoir, qui a déposé son tablier. Candide Azannaï, le ministre délégué auprès du président de la République chargé de la défense nationale a déposé sa démission contre toute attente le 27 mars 2017. Son départ du gouvernement confirme le malaise au sein de l’équipe de Talon. Selon les informations, M. Azannaï n’est pas à l’aise dans son fauteuil de ministre ‘’délégué’’ qu’on lui a offert, alors qu’il convoitait le poste de l’Intérieur. L’ancien député n’a pas digéré le fait de l’avoir écarté des réformes politiques et institutionnelles initiées par le chef de l’Etat au profit du ministre de la justice Joseph Djogbénou. Mais la goutte d’eau qui a fait déborder le vase est le projet de révision de la constitution que le Président et son ministre de la justice tenaient coûte que coûte à faire voter en procédure d’urgence. Le député suppléant de Candide Azannaï a été clair sur la procédure. « Il n’y a pas d’urgence sur la question de la révision de la Constitution. Il y a peut-être des urgences dans la République, et c’est vrai. Nous avons des urgences sur la question de l’emploi des jeunes, Nous avons des urgences sur la qualité de l’eau. Nous avons des urgences sur nos campus universitaires, mais on n’a pas d’urgence en ce qui concerne la révision de la constitution », a fustigé Guy Mitokpè. Le secrétaire général de Restaurer l’Espoir, le parti d’Azannaï, estime que le président de la République a été piégé.
« Nous disons que probablement que le Président de la République a été piégé ou a été conduit à commettre la faute d’introduire à l’Assemblée Nationale le projet de révision constitutionnelle en procédure d’urgence. Ce qui s’est passé ressemble visiblement à de la trahison. Nous exigeons qu’il y ait clarification. (…) Il faut aller fouiller pour savoir, ceux qui ont fait signer ce papier au chef de l’Etat (…) », insiste le député de l’UN (Union fait la Nation).
Les regards sont tournés vers le ministre Djogbénou dont la commission chargée des réformes politiques et institutionnelles porte le nom. Beaucoup parmi les membres de la commission ne se reconnaissent plus dans le texte final soumis à l’Assemblée nationale. Or, il aurait fallu soumettre le document final à certains experts en vue d’y intégrer les amendements. Ce qui a aussi agacé les populations, c’est le fait pour le ministre de la justice de déclarer que le mois de mars est celui de la révision de la constitution. Mais le hic est que le projet de loi envoyé au parlement est qualifié de constitution « taillée sur mesure ».
S’il est reproché à l’ancien président Boni Yayi de vouloir réviser la constitution pour bénéficier d’un troisième mandat, Patrice Talon est soupçonné de modifier la loi fondamentale afin d’échapper, lui et ses collaborateurs, à toutes poursuites à la fin de son mandat.
Le cercle des mécontents s’agrandit
Avant la démission surprise d’Azannaï, l’un des scandales qui ont ébranlé le régime est l’affaire de 18kg de cocaïne qui a conduit à l’interpellation de l’homme d’affaires Sébastien Ajavon, principal soutien de Patrice Talon au second tour de la présidentielle 2016. Et depuis, le pont est rompu entre les deux ‘’amis’’. Et la liste des déçus et des opposants ne cesse de s’allonger : Boni Yayi, Martin Rodriguez, Ernest Adjovi, Ajavon Sébastien, PCB, PLP...
Les premières déceptions ont commencé dès la formation du premier gouvernement du président Patrice Talon, le soir du 06 avril 2016. L’ossature de la nouvelle équipe a laissé certains sur leur faim. Il a consacré le retour « triomphal » de certains caciques du régime défunt de Boni Yayi, un pouvoir avec lequel le peuple a voulu rompre en soutenant la Rupture. Un citoyen n’a pas hésité à parler de « premier faux pas » de Patrice Talon. Certains ont vu dans cette équipe du Nouveau départ une « salade des régimes Kérékou et Yayi Boni ».
Le nouveau régime s’est installé à une époque où l’économie nationale traversait une situation critique avec des dettes envers les opérateurs économiques privés. Et l’une des décisions saluées par les populations est la promesse du chef de l’Etat de payer la dette intérieure. Mais la déception a vite gagné les rangs lorsque dès les premiers conseils des ministres, il a été ordonné le paiement des dettes de l’Etat vis-à-vis des sociétés où l’homme d’affaires devenu président était actionnaire majoritaire. Les citoyens reprochent au chef de l’Etat, qui est à l’abri du besoin et qui de surcroît est classé comme l’homme le plus riche du pays, d’avoir privilégié le paiement de ses dettes au détriment des pauvres citoyens dont les activités étaient bloquées sous l’ancien régime.
Les populations ont un chapelet de griefs contre Talon qui avait promis se mettre à l’écart des affaires. En douze mois de gestion, nombreuses sont les personnes qui dénoncent l’affairisme au sommet de l’Etat. Le constat est la reprise en main, par personnes interposées ou des sociétés écran, de la filière coton, du bois, des intrants vivriers, des noix de cajou, de l’hôtellerie, de PVI, de location de véhicules pour l’administration, de l’affermage des hôpitaux, sans compter les marchés au port, à l’aéroport, dans les infrastructures routières et autres. Or, en répondant à une compatriote qui lui demandait, pendant sa campagne en France, lors d’une rencontre avec les Béninois de l’extérieur, au cas où il deviendrait président, si l’argent de l’Etat n’allait pas entrer dans celui de l’homme d’affaires ou vice-versa, le candidat a répondu comme garantie : « Patrice Talon a fini avec les affaires ».
Aujourd’hui, il est reproché au Président de vouloir privatiser le pays à son profit et celui de son clan. Certains avancent comme preuve, le domaine de l’Etat qu’il vient d’acquérir à Cotonou pour près d’un milliard de francs CFA, même si la transaction aurait rapporté des bénéfices au Trésor public.
Le pays va mal, le pays va mal…
Déjà, le bilan des 100 premiers jours du gouvernement a montré la partie visible de l’iceberg que représentent les attentes des populations. En votant pour l’homme d’affaires, qui de surcroît le plus riche du pays, les masses laborieuses des villes et des campagnes pensaient que l’argent allait circuler dans le pays. Erreur !
A la morosité économique s’est ajoutée la recrudescence de l’insécurité sur tout le territoire national. « Des braquages et cambriolages perpétrés, des crimes crapuleux et odieux, des assassinats et de la vindicte populaire sont enregistrés dans les grandes villes du pays. Les malfrats prennent en otage les commerçants, les dépouillent et les tuent. L’insécurité a atteint son paroxysme dans la zone commerciale de Cotonou et sur les grands axes routiers du Bénin », ont dressé certains journaux, à l’occasion du bilan des trois premiers mois du gouvernement.
Pour rassurer les populations face au bilan décevant de la Rupture, le ministre d’Etat chargé du plan et du développement a reconnu que « le Bénin (…) n’est pas encore ce que tout Béninois souhaite » avant d’ajouter : « mais il se remet petit à petit de son enlisement ». « Le pays est aujourd’hui mieux gouverné, les choses se remettent progressivement en place, les différents dossiers brûlants hérités du régime défunt sont en train d’être évacués. Les effets de la bonne gouvernance sous l’ère Talon sont peu à peu perceptibles au plan micro-économique et augurent d’un futur plein d’espoir », a déclaré le ministre Abdoulaye Bio Tchané pour apaiser les plus sceptiques.
Même après six mois de gestion, la courbe des mécontentements ne s’est pas pour autant améliorer.
A mi-parcours de l’an 1 du régime, le bilan dressé par le président du Parti pour la Libération du Peuple (PLP), un jeune parti de l’opposition, n’est pas des plus reluisants. « Les espérances nées de l’élection de Monsieur Patrice Talon se sont aujourd’hui totalement évaporées dans l’air nauséabond de la mal gouvernance entretenue et développée avec cynisme, comme système principal de la gouvernance d’Etat. Le bilan à mi-parcours des actions de son gouvernement est catastrophique, car le régime accumule les échecs sur tous les plans. Sur plusieurs indicateurs clés, les résultats sont désastreux. Ce n’est pas les incantations au quotidien qui changeraient la donne. Le gouvernement, qui multiplie les erreurs les unes après les autres, doit se mettre au travail pour inverser la tendance, redonner espoir au peuple. Et pour y arriver, il faut qu’il cesse d’abord avec la navigation à vue », a déclaré Léonce Houngbadji, le 23 octobre 2016, dans une émission sur la chaîne de la radio nationale (Ortb).
Il a fallu huit mois avant que le gouvernement ne se dote de son Programme d’actions en décembre 2016. Les détracteurs du régime n’ont pas hésité à qualifier sa gestion d’ « improvisation » et de « rétropédalage ».
L’opposition reproche au gouvernement d’avoir laissé les jeunes en rade de ses actions. « L’amélioration de la situation des jeunes ne se limite pas seulement au niveau des nominations. Les jeunes Béninois ont des problèmes d’emploi. (…) Les jeunes ont totalement perdu espoir, aujourd’hui. La situation va de mal en pire. Allez au port de Cotonou, dans nos marchés… et vous verrez. Le constat est amer », dénonce le président du Plp.
En matière de bonne gouvernance et de moralisation de la vie publique, il est reproché au chef de l’Etat et à ses ministres de n’avoir pas fait, jusqu’en décembre, la déclaration de leur patrimoine à leur entrée en fonction, alors qu’ils ont pris service en avril. Certains citoyens se sont sentis blessés dans leur amour-propre pour le fait que le nouveau chef de l’Etat ai refusé de porter les symboles sacrés de la République, lors de son investiture à l’Assemblée à Porto-Novo. Il lui est aussi reproché son rappel à l’ordre par la Cour constitutionnelle pour avoir violé plusieurs fois la constitution. Beaucoup de citoyens attendent toujours que le président de la République manifeste par des actes forts, sa volonté de lutter contre la corruption et l’impunité.
La colère gronde dans la rue
Sur le front social, Patrice Talon a réussi, contre sa volonté, à réunir différentes forces vives de la Nation pour le combattre : partis politiques, centrales et confédérations syndicales, organisations de la société et autres personnalités crient à la violation des libertés et le vote de lois « scélérates » et « liberticides ».
Avec la restriction des libertés contenue dans son projet de révision de la constitution, les associations de défense des droits de l’homme craignent que la dictature et la terreur ne s’installent dans le pays.
Même les magistrats ne sont pas restés en marge des mouvements. La dernière en date est leur mouvement de débrayage pour demander le retrait du projet de révision de la constitution. Faisant le bilan des douze mois du pouvoir dans le secteur judiciaire, le président de l’Union nationale des magistrats du Bénin (Unamab) n’a pas eu la langue de bois pour cracher la vérité : « Rien de concret n’a été réalisé dans le secteur judiciaire », déclaré Michel Adjaka. « Il y a un an, (…) le discours d’investiture, nous a permis de caresser l’espoir d’un lendemain meilleur. Douze mois après, au niveau de la justice, les résultats se font toujours ardemment attendre. Au compteur, une marmite avec un repas dont la cuisson dure deux ans. (…) Pourtant, le chantier est immense et les attentes énormes. Malheureusement, la révision de la constitution a détourné le chef de l’état et le ministre de la justice des priorités du secteur de la justice. Or, sans une justice forte, pas de lutte contre la corruption et pas de développement », a déploré le magistrat. Malgré cela, M. Adjaka ne désespère pas. « Puisque qui vit d’espoir, ne peut mourir de faim, vivons d’espoir que les douze prochains mois réussiront à nous faire oublier les douze premiers mois du quinquennat du président Talon », conclu-t-il.
A la morosité économique s’est ajoutée l’aggravation de la misère et de la pauvreté. La situation a été compliquée par l’opération de libération des espaces publics et lutte contre les médicaments de la contrebande, sans mesures d’accompagnement.
Au cours des douze derniers mois, le gouvernement a augmenté le taux de chômage avec les limogeages tous azimuts et la suppression des emplois dans l’administration publique et dans plusieurs structures ou sociétés d’Etat. Dans le seul ministère chargé de l’agriculture plus de mille emplois ont été supprimés.
Le comble est que les uns et les autres se demandent où le gouvernement va trouver les 2010 milliards de francs CFA pour financer le budget 2017, surtout que les demandes de souscriptions d’emprunts obligataires tombent à compte-gouttes.
Le chef de l’Etat a annoncé que des innovations ont été introduites dans le projet de loi de finances 2017 dans le sens de l’amélioration du climat des affaires. Il s’agit par exemple de la suppression de l’exonération de tous droits et taxes de douane ainsi que de la Taxe sur Valeur Ajoutée (TVA) sur le matériel informatique, et sur les véhicules neufs à quatre roues importés, fabriqués ou vendus à l’état neuf et destinés à la mise en place de flottes de taxis dans les grandes villes ;
la défiscalisation des investissements et salaires dans les domaines du sport et des arts.
Mais parallèlement, d’autres charges ont été instituées telle que la taxe sur les véhicules à moteur (TVM) dont le montant varie de 20 000 à 60 000 FCFA, selon la puissance du moteur.
Les citoyens ont l’impression que ce qu’il donne par la main droite, il le reprend par la main gauche.
Dans le milieu culturel, c’est toujours les mêmes plaintes. « De façon générale, il faut reconnaître qu’un an au niveau du ministère du tourisme et de la culture est un désastre. Très peu de choses ont changé positivement. C’est vrai que le nouveau ministre a pris le règne du ministère dans une atmosphère conflictuelle entre les acteurs mais malheureusement il n’a pas su prendre de la hauteur. Il n’a pas su écouter les différentes parties, car il est venu à un moment où il fallait renouveler le Conseil d’administration du Fonds des arts et de la culture (Fac). Pendant cette période, la gestion du Fac a pris un coup. Le ministre a posé des actes peu orthodoxes », dénonce Pascal Wannou, président de la Fédération nationale de théâtre (Fenat).
Son appréciation sur le plan social ne diffère guère du constat général. « C’est une première année très difficile pour le gouvernement et pour les citoyens », a avoué l’acteur culturel. « C’est vrai qu’on peut noter que le président de la République s’est lancé dans une série de réformes, mais à ce niveau, c’est encore trop tôt pour faire le point. Cependant, il faut dire que c’est un mal vivre général qui s’observe, car nous citoyens ne percevons pas du tout les fruits de ces réformes. Bien au contraire, en l’espace de 12 mois, la pauvreté s’est aggravée. Il n’y a pas ce ménage où on ne pousse tous les jours des cris de détresse, de lamentations. Le panier de la ménagère est désespérément vide. Toutes les couches de la population se sont retrouvées subitement dans une souffrance terrible. Ce n’est pas trop bon, car on voulait un changement, une rupture mais pas une rupture qui affame », déplore M. Wannou.
« Un anniversaire à la saveur d’une sauce hautement piquante, indigeste »
L’une des déceptions non moins importantes, surtout au niveau des chancelleries, est la fermeture de certaines représentations diplomatiques. C’est le cas d’Abidjan, de Kinshasa, de Libreville, de la Havane, de New Delhi et d’Abu Dhabi sont fermées. Les ambassades d’Abidjan et de Kinshasa sont transformées en Consulats Généraux.
Mêmes les Béninois de la diaspora commencent par perdre espoir. En voici le témoignage d’un compatriote qui a requis l’anonymat et qui traite ces 12 mois du Nouveau Départ d’ « un anniversaire à la saveur d’une sauce hautement piquante, indigeste » : « (…) Cher Monsieur le président (…), j’ai compris ce jour (21 novembre 2015, ndlr) que votre dessein n’était pas celui de la République, mais plutôt celui d’assouvir un désir personnel d’élévation, de revanche personnelle sur votre prédécesseur et enfin de toiletter cette lugubre image du peuple béninois à votre égard, laquelle image avait été écornée par cette cafardeuse "affaire de tentative d’empoisonnement" », écrit le Béninois qui a participé à la rencontre organisée à l’Hôtel Le Méridien de Paris entre Patrice Talon et son directeur de campagne Joseph Djogbénou et la diaspora béninoise de France. « (…) vous m’aviez donné l’impression que l’intérêt général des Béninois n’était pas votre panacée. Mais il fallait se prêter à l’exercice de charme pour appâter le chaland électoral de la diaspora béninoise de France. Vous disiez lors de cette rencontre ‘’vouloir être porté en triomphe par les Béninois’’ en faisant un parallélisme des formes avec le parcours de Nelson Mandela, de la prison à la présidence quand bien même vous n’aviez pas passé une seule heure dans les geôles béninoises. 365 jours se sont écoulés sans que vous ne rencontriez cette communauté béninoise de France qui vous a pourtant soutenu à l’accession à la magistrature suprême quand bien même vous êtes à Paris tous les mois », souligne-t-il très déçu.
« Cher Monsieur le président, vous avez la chance d’aller jusqu’au bout de vos ambitions. (…) mais si seulement vous pouvez mettre vos ambitions personnelles de côté au service des Béninois, je serai le premier à vous porter en triomphe. (…) J’aimerais que vous fassiez de la lutte contre la pauvreté votre ambition personnelle pour les 4 années qui vous restent, si vous comptiez toujours faire un mandat unique. Abandonnez les incantations de PAG, Bénin Révélé, Nouveau Départ, pour servir le Bénin. C’est à ce seul prix que vous serez porté en triomphe. Pour l’heure, le compte n’y est pas. Que cet anniversaire soit celui du réel Nouveau Départ », conseille le Béninois de la diaspora.
Patrice Talon a beau clamé qu’il sera applaudi à la fin de son quinquennat, mais au vue du bilan de l’An 1 de sa gouvernance, certains observateurs estiment qu’il risque d’être hué au terminus. A moins qu’il change de méthode de gouvernance et qu’il écoute la voie du peuple, comme le recommande la doyenne d’âge de l’Assemblée. « Qu’il fasse comme un certain sultan qui sort la nuit pour écouter le peuple. Il saura combien son peuple est insatisfait, son peuple meurt de faim et que son peuple n’a rien à faire de l’urgence d’une constitution », lui conseille Mme Rosine Vieyra Soglo.