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Invité dans l’émission ‘’90 mn pour convaincre’’ de la radio nationale, ce dimanche 10 juin 2018, Me Robert Dossou a affirmé que les hommes politiques béninois n’ont jamais voulu d’un contrôle de constitutionnalité. Pour lui, il est important de rappeler l’histoire au lendemain de l’indépendance du Bénin. Selon cette histoire, « la première loi instituant la Cour suprême a créé au sein de la Cour suprême, une chambre constitutionnelle devant jouer le rôle que joue aujourd’hui la Cour constitutionnelle à certains égards. Et toutes les lois sur la Cour suprême ont prévu une chambre constitutionnelle mais aucune autorité politique n’a jamais voulu installer ce contrôle de constitutionnalité », a rappelé l’ancien président de la Cour constitutionnelle.
Evoquant la nomination des membres en 1992, il a également rappelé que le président Soglo qui est fondamentalement contre la Cour constitutionnelle, avait laissé traîner leur installation. Etant de son côté, Me Robert Dossou dit avoir exercé une pression sur l’ancien chef de l’Etat en permanence pour qu’il installe cette Cour le 07 juin 1993.
Il n’a pas manqué de prodiguer des conseils aux membres de la 6ème Cour constitutionnelle, dirigée par Joseph Djogbénou.
« Même si dans votre cœur vous voulez rendre service à quelqu’un, si la technique ne permet pas, la loi ne permet pas, ne vous amusez pas à cela parce que ça vous colle à la peau toute votre existence », a-t-il conseillé avant d’ajouter qu’il faut d’abord qu’ils mettent des boules sèches à l’oreille. Qu’ils n’écoutent pas les ragots des uns et des autres. Il les a enfin invités à rester rigoureux dans une indépendance technique déontologique, étique mais surtout qu’ils soient porteurs de valeurs, c’est-à-dire qu’ils sachent que notre Etat est fragile et que, au jour d’aujourd’hui, et pendant encore des décennies, nous avons à construire les institutions publiques de notre République et construire l’économie, le social et le culturel.
Abordant la question de la révision de la constitution, Me Bastien Salami, invité lui aussi dans l’émission a souligné que cette constitution qui date aujourd’hui de 25 ans, a déjà fait son temps. « Elle avait été révisée dans un contexte spécial où c’est pratiquement toute la population béninoise qui était représentée à la Conférence nationale et avait exprimé le besoin d’un changement par rapport au marxisme-léninisme par rapport au parti unique », a-t-il rappelé. Et à cette époque, poursuit l’homme de droit, on sentait qu’il y avait des urgences, c’est-dire le peuple avait soif de liberté, de droit civique, de respect de la personne. Mais chemin faisant, 25 ans après, les enjeux n’ont bougé de lignes, nous n’avons pas progressé sur le plan socioéconomique. Pour Bastien Salami, aujourd’hui, il y a des défis qui impliquent un toilettage de cette constitution vieille de 25 ans qui a fait ses preuves et qui, sur certains points a besoin d’être revisité pour pouvoir aller de l’avant parce que les enjeux ne sont plus les mêmes.
Appréciant le bilan de la dernière mandature de la Cour constitutionnelle, celle présidée par le professeur Holo, Me Salami estime que cette mandature n’a pas comblé les attentes.
Selon lui, on a beaucoup attendu du professeur Holo, au regard de ce qu’a été son parcours. « Il était dans l’équipe qui a rédigé la constitution, il était vice-président à l’époque. Tout ceci mis bout à bout, on peut espérer de lui d’être parfait. Ce qui est loin d’être possible », a souligné l’avocat. Cela s’est manifesté surtout vers la fin de son mandat qui a été, selon Bastien Salami, tumultueuse avec la démission en fracas d’un des conseillers.
F. A. A.
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