Le vendredi 30 avril 2021, 70.000 cartouches de calibre 12 ont été saisies suite à un accident survenu à hauteur du village Agbon, dans l’arrondissement de Atokolibé, commune de Bantè. Cette découverte intervient après les manifestations violentes où des agents des forces de sécurité et de défense ont été blessés par des armes dans plusieurs localités au centre du pays. Avec des questions sans réponses, la population béninoise réclame des investigations approfondies.

En provenance de Gouka, un minibus est entré en collision frontale avec un bus qui était en stationnement au bord de la voie. La fouille du minibus a permis de découvrir 70 000 cartouches de calibre 12 emballées dans 56 sacs de jute imbibés d’huile rouge. « Munitions d’armes au Bénin ? Je me demande bien comment cet important lot a été acheminé sur le territoire béninois. Nous avons trop de questions. Il n’y a que la justice qui peut nous éclairer », a confié Modeste Adedje, entrepreneur de travaux publics.

« Qu’est qui se passe au Bénin. Á quelques jours du scrutin, il y a eu des coups de feu dans certaines localités du Bénin. Des jeunes ont fait usage de balles réelles pour blesser des policiers. Les Béninois ont le droit de connaître ceux qui sont à la tête de ce réseau de fourniture de munitions d’armes », a réclamé Oscar Houssa. Á l’en croire, il faut arriver à déterminer l’usage auquel la cargaison est destinée. « Quelles sont les motivations des expéditeurs ? Et qui sont ceux qui doivent recevoir le colis ? », se demande-t-il.

Pour le commerçant Espoir Loko, la justice doit faire son travail. « Rien n’arrive au hasard. Je crois qu’il y a un lien avec les récents évènements au Bénin », a-t-il ajouté.

Trois occupants du minibus y compris le conducteur sont décédés dans cet accident de circulation. Le seul rescapé de nationalité togolaise réside à Aledjo au Togo. Il aurait été sollicité la veille aux environs de 20 heures à Aoro, village situé sur l’axe routier Bassila-Bantè pour aider à décharger la cargaison à Gouka et à Akpassi dans la commune de Bantè.

« Il faut bien questionner celui qui a eu la vie sauve. Il doit encore s’expliquer davantage. Avec cette quantité de munitions, c’est à croire que nous ne sommes pas en sécurité au Bénin », relève le pédagogue Donatien Adjagbo.

Beaucoup de questions sans réponses

Le même jour de la découverte des munitions au Bénin, les autorités togolaises ont arraisonné aux environs de 01h du matin, une voiture dans la ville de Lomé à quelques centaines de mètres de la frontière avec le Ghana. La fouille du véhicule a permis de retrouver deux cartons contenant 1300 cartouches de chasse de calibre 12 mm sous les bagages. L’un des passagers, un Béninois, a déclaré avoir acquis lesdites cartouches au Ghana pour les acheminer au Bénin. Selon Ange Fadikpè, les deux événements sont liés. « La destination finale des deux marchandises, c’est le Bénin. Les destinataires seraient donc au Bénin », déduit-il.

« Beaucoup de questions sans réponses. Mais avec les informations disponibles, il est possible de faire le lien avec les violences pré-électorales où des armes ont été utilisées pour blesser les policiers. Que la lumière soit faite sur cette affaire », a confié Saturnin Chadaré.

Certains citoyens estiment que cette découverte de munitions est purement politique. « Tout est désormais lié à la politique au Bénin. N’est-il pas encore un alibi pour arrêter les opposants ? », se demande l’imprimeur Patrick Kpadonou.

« Il n’y a aucune image de l’accident à part celle officielle. Aucune presse n’a pu en parler avant le procureur. Je ne suis ni de l’opposition, ni de la mouvance mais il y a du flou autour de cette histoire », affirme un citoyen qui a requis l’anonymat.

« 2021 est une année marquée par l’élection présidentielle. Depuis le début de cette année, les évènements se succèdent. Plus rien ne m’étonne au Bénin. Attendons la suite de cette affaire », s’est exprimé Ludovic Otchoumaré.

Le procureur spécial de la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet) a ouvert une enquête afin d’établir l’origine de la cargaison, les expéditeurs et les destinataires. Les officiers de police judiciaire sont à pied d’œuvre.

A.A.A