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Ambulance en mauvais état. Bâtiment dégradé par les intempéries. Hôpital et dispensaire non clôturés. Une légion de maux qui caractérise l’état des équipements et infrastructures du système de soins de santé au Bénin
Vadim QUIRIN
A Ségbana (700 km au nord de Cotonou), à plus de douze heures de route. Les fils de fer et un gong soutiennent les deux portes arrière de l’ambulance. « Cette ambulance n’est bonne que pour l’acheminement des produits pharmaceutiques. Il n’est plus indiqué qu’un être humain, qui plus est, un patient, y soit accueilli », s’indigne Djamilou Mama, secrétaire du Comité de gestion du centre de santé de Ségbana.
Fils de fer et gong pour soutenir les deux portes arrière de l’ambulance
« Il y a quand même un cargo qui déplace. Je confesse que ce n’est pas confortable mais retenons qu’il y a quelque chose », se résigne Bouraïma Mama Adamou, médecin-chirugien et directeur départemental de la santé de l’Alibori. A cela, il faut ajouter l’odeur désagréable qui accueille les usagers du dispensaire de Piami, (sept kilomètres du centre de santé de Ségbana).
Les urines excréments de chauves souris dégoulinent des plafonds usés,décoiffés et branlants
Dans ce dispensaire qui offre des services d’infirmerie et de maternité, les urines et excréments de chauves-souris dégoulinent des plafonds usés, décoiffés et branlants. « Moi, j’ai 27 ans et le bâtiment du dispensaire me dépasse en âge au point où le cadre n’est plus adéquat pour les soins, à moins de se boucher le nez », s’indigne Adamou Orou Sopla, président du Comité de gestion du dispensaire. C’est vrai, il y a « des centres de santé qui ne portent plus que des traces de la peinture du jour de leur inauguration en attendant une hypothétique réhabilitation. En principe, les centres de santé doivent être les lieux les plus propres de la localité », souligne le directeur département de la santé (DDS). Avant cet aveu, déjà en 2008, soit un peu plus de huit ans, le Plan national de développement du système sanitaire 2009 - 2018 a fait constater que la plupart des centres de santé et infrastructures sanitaires d’arrondissement ne sont pas conformes aux normes et méritent d’être réhabilités.
Pendant ce temps, à l’hôpital de zone de Malanville, situé aussi loin de Cotonou que Ségbana, le service de radiologie n’est pas fonctionnel. En début d’année 2018, promet le DDS, « le laboratoire et l’imagerie de l’hôpital seront mieux équipés ». Ce qui ne sera pas le cas pour le service pédiatrique de l’hôpital de zone de Kandi, actuellement dépourvu de l’espace spécifique appelé néonatologie pour accueillir et réchauffer les nouveau-nés.
Lacunes en matière de leadership et de gestion
Le même constat regrettable est observé dans les formations sanitaires à 215 kilomètres au sud du département de l’Alibori. Dans le département du Borgou, Parakou abrite le premier grand hôpital de référence de tous les patients de l’Alibori. Mais la situation y est peu reluisante. En effet, le Centre hospitalier universitaire départemental du Borgou-Alibori a des créances de plusieurs centaines de millions de FCFA, non épongées par l’administration centrale. Le paiement de cette créance pourrait aider à acquérir des réactifs pour des analyses et éviter que les médecins prescrivent, par moment, aux patients, l’achat d’eau en sachet vendue à la criée, pour pallier le problème de pénurie d’eau potable au sein de la formation sanitaire. Un dysfonctionnement dont les facteurs ont pour nom " lacunes en matière de leadership et de gestion" selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Elle constate donc dans son programme 2015-2020 de transformation de la santé en Afrique que « les systèmes de santé dans la plupart des pays demeurent faibles du fait des lacunes en matière de leadership et de gestion (puis) d’égalité dans la répartition des services de santé ». Ce programme de l’OMS déplore également les solutions de courte vue souvent mises en place au niveau national, et qui ne permettent pas de s’attaquer efficacement aux maux. Pas étonnant que dix ans après l’adoption aux états généraux du secteur en 2007 de la vision : « Le Bénin dispose en 2025 d’un système de santé performant (…) pour l’offre et la disponibilité permanentes de soins de qualité, équitables et accessibles aux populations de toutes catégories », on soit encore loin du compte.
Enquête réalisée dans le cadre du projet « Pour des médias plus professionnels » de la Maison des Médias avec l’appui financier de OSIWA.
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