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Dimanche aux couleurs politiques a reçu, ce 18 juillet 2018, le député Guy Mitokpè, Membre de la minorité parlementaire. Il a été question pour lui de se prononcer sur les coulisses du vote de l’amendement constitutionnel survenu, jeudi dernier, à l’Assemblée Nationale.
Tout en ayant, une pensée spéciale aux 19 plus 01 députés qui n’ont pas approuvé le vote, Guy Mitokpè estime que leur combat contre la proposition « est que notre constitution n’a pas prévu d’amendement mais de révision (...) ». Selon lui, « lorsque les amis de la majorité ont pensé qu’il faut amender et c’est sur quatre points, je dis non. Il faut travailler au respect de la constitution (...)››. « Nous ne voulons pas être une caution pour qui que ce soit. La raison fondamentale est qu’ils sont à la recherche d’une caution politique auprès du chef de l’Etat », dévoile-t-il. Guy Mitokpè fait remarquer qu’il aurait été dit au chef de l’Etat que c’est parce que le ministre Djogbénou s’était accaparé du projet que cela a échoué en 2017. « Ils disent qu’il s’est fait passer comme le porteur et le détenteur du projet et c’est pourquoi, il a échoué et il lui a été montré comment cela peut se passer facilement ». Le député déclare que la dernière sortie de Bruno Amoussou pour montrer et vilipender ce qu’ils ont proposé n’est pas un hasard. « La raison politique qu’ils ont avancé pour prouver au chef de l’Etat qu’ils ont la force de réviser la constitution ne convainc pas. Ils ne doivent pas se constituer comme des députés mécaniques », souligne-t-il.
Les amendements en question
Sur la question de l’amélioration de la représentativité des femmes, le député se demande « depuis quand les membres du BMP deviennent avocats de la cause des femmes ? Combien de femmes il y a-t-il dans le gouvernement ? Combien de femmes ont-ils dans leur cabinet autant qu’ils sont ? Combien de femmes occupent des postes de prestige au Bénin ? Pour envoyer les membres à la Cour, combien ont-ils envoyé ? La seule qui y figure, c’est une récompense politique ».
Le député pense qu’au regard de tout cela, ils veulent se faire passer aujourd’hui comme des laudateurs de la cause des femmes. « C’est une aberration. Il ne faut pas prendre le peuple comme dupe. Il faut prendre désormais le peuple au sérieux », indique-t-il. M. Mitokpè se demande « pourquoi présenter les femmes comme un instrument de chantage politique ? ». Autant d’inquiétudes qui mettent en doute la franchise de ses collègues du BMP à travers de telles propositions.
Concernant l’instauration de la Cour des comptes, « nous avons des moyens juridiques pour lutter contre la corruption », soutient Guy Mitokpè. Il ajoute que « même si c’est une urgence, nous avons des textes pour régler cette situation de corruption. Nous continuons de croire que c’est une mauvaise foi ».
Quant à la Constitutionnalisation de la peine de mort, il affirme que « nous avons ratifié plusieurs textes internationaux et la constitution même n’est pas pour la peine des mort. La constitution dit que la vie humaine est sacrée. Lorsqu’une constitution dit que la vie est sacrée, elle balaie déjà la peine de mort ». Le député pense que la constitutionnalisation de la peine de mort et l’instauration de la Cour des comptes, sont des formalisations mais ce sont les arguments avancés qui ne tiennent pas.
Pour ce qui concerne l’alignement des mandats, il soutient que « c’est l’une des raisons de l’existence du BMP ». Il ne voit pas la pertinence de la proposition puisque selon lui, « lorsque les députés sont conscients qu’ils ont dupé le peuple, ils ont été contre le peuple, ils veulent se refugier au parlement pendant sept ans pour s’échapper au peuple », dénonce-t-il. « C’est quoi cette affaire de période transitoire de sept ans ? », se demande-t-il. Pour lui, « la question de coût des élections pour justifier de l’alignement des élections est une malhonnêteté intellectuelle ». Il estime que « quand on a le pouvoir, on rêve peu et on réagit beaucoup et il y a d’autres priorités qui sont là ». Guy Mitokpè précise que « sur la base cartésienne, les raisons avancées sont très faibles ».
Une méthode qui déplaît
Le député de la minorité parlementaire pense que la méthode utilisée par les membres du BMP n’est pas saine. Il confie que « le BMP a déployé une méthode machiavélique. Ils ont ciblé ceux avec qui ils ont des problèmes. Ils ont fait des chantages aux députés. Ils voudraient se rassurer des 62 puis après des 66 ». Il confirme que les initiateurs de l’amendement avaient décidé de réviser la constitution au parlement. Et pour lui, la question ne se pose pas. Guy Mitokpè pense qu’il faut le faire avec honnêteté. « Ils ont fait des chantages à Djènontin, à Idrissou Bako, Issa Salifou et Atao Hinnouho parce qu’ils ont des dossiers contre eux. Les collègues étaient fragilisés mentalement et physiquement ». L’honorable Guy Mitokpè affirme avec fermeté que « ce qui s’est passé dans les coulisses, c’est parce que les membres du BMP ont fait du chantage sur les députés de la minorité que certains ont cédé contre leur gré. La démocratie ne doit pas être un système de machiavélique ». Il est revenu par ailleurs sur les questions relatives à la trahison au sein du bloc de la minorité mais il rassure qu’il s’est agit d’user de chantage pour avoir gain de cause. En ce qui concerne le référendum, le député n’a pas manqué de dire son mot. « Une fois que la révision a échoué, le parlement devrait dire au peuple qu’il ira au référendum. C’est une initiative parlementaire. Ils vont constituer la loi référendaire et la proposition sera soumise à la commission des lois. Tout cela pendant la première session ordinaire de l’année. Techniquement et juridiquement, ils n’ont plus les moyens d’aller au référendum cette année ». Il ne dénie par le droit à la majorité de modifier la loi référendaire puisqu’ils ont dit-il, « un magicien à la Cour ». M. Mitokpè pense que raisonnablement « il ne peut plus avoir de référendum initié par le parlement au cours de l’année 2018 ». Guy Mitokpè affirme qu’ « ils ont la majorité à la Cour constitutionnelle et là la magie peut être faite ». Pour sa part l’honorable confie que « nous continuons de dire la vérité au peuple. Nous allons montrer qu’on peut être en politique et être crédible et être attaché à des valeurs ».
Giscard AMOUSSOU