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Face aux défis liés à l’accès à l’énergie et à la sécurité alimentaire, le président de la Commission de l’énergie atomique du Rwanda, Pr Lassina Zerbo appelle à une stratégie intégrant le nucléaire modulaire et les renouvelables pour faire de l’Afrique un continent énergétiquement souverain avec une agriculture durable. C’est lors de la 2e journée des BOAD Development Days vendredi 13 juin 2025, à Lomé (Togo).
« L’accès à une énergie pilotable et fiable n’est plus un objectif de développement. C’est une condition nécessaire, condition sine qua non de notre industrialisation et de notre souveraineté », a déclaré le Pr Lassina Zerbo, président de la Commission de l’énergie atomique du Rwanda. À l’en croire, le continent possède 65 % des terres arables non exploitées, mais importe 75 milliards de dollars de nourriture chaque année. Les pertes post récoltes, poursuit-il, atteignent 37 % et le changement climatique accentue la vulnérabilité des systèmes agricoles et énergétiques.
Pour Lassina Zerbo, les énergies renouvelables sont essentielles, mais elles souffrent d’intermittence. « L’Afrique a donc besoin d’un socle énergétique fiable pour industrialiser et nourrir sa population », a indiqué l’ancien Premier ministre burkinabè Lassina Zerbo.
Il recommande l’adoption des petits réacteurs modulaires (SMR) ou de micro réacteurs nucléaires. « Intégrer les petits réacteurs modulaires permettrait d’alimenter en énergie les systèmes d’irrigation, les stations de dessalement, les chaînes de froid et les unités de transformation locales, renforçant ainsi notre sécurité alimentaire », a-t-il déclaré. Les SMR, soutient Lassina Zerbo, ne sont plus seulement une option technologique, mais un levier structurant de développement.
Qu’est-ce qu’il faut pour réussir ?
Le président de la Commission de l’énergie atomique du Rwanda a relevé la nécessité de coupler les petits réacteurs, micro-réacteurs et l’agriculture durable dans les zones rurales pour transformer nos systèmes alimentaires. « Nous devons mettre en œuvre des cadres de financement innovants, baisser le risque sur les projets et rassurer les investisseurs », a affirmé Pr Lassina Zerbo.
Il faut également selon lui, s’appuyer sur les modèles éprouvés dans le monde comme les Émirats arabes unis, la Turquie, l’Argentine qui ont opté pour des partenariats publics privés. Il propose une tokenisation des ressources pour financer la transition énergétique. « Les Émirats arabes unis ont lancé la tokenisation de l’or et du pétrole via les plateformes blockchain pour attirer de nouveaux capitaux. Certains pays africains pourraient aussi envisager la tokenisation de leurs actifs stratégiques », a indiqué le président de la Commission de l’énergie atomique du Rwanda.
Il va falloir, poursuit-il, former des coalitions nationales de financement avec le secteur public, privé et universitaire ; lancer un fond régional pour le nucléaire bas carbone destiné aux applications agricoles et industrielles et former une nouvelle génération de jeunes scientifiques africains capables de concevoir, exploiter et réguler les nouvelles technologies. L’ancien premier ministre s’est réjoui de la levée de l’interdiction par la Banque mondiale de financer l’énergie nucléaire. « La transition énergétique ne peut pas uniquement reposer sur le renouvelable. Le nucléaire doit être un complément du solaire, de l’hydraulique, de l’éolien et doit rester indispensable pour bâtir une Afrique verte, une Afrique industrielle et une Afrique nourricière », a conclu Lassina Zerbo.
Du 12 au 13 juin 2025, les experts, acteurs du secteur financier, partenaires et représentants des pays de l’UEMOA ont échangé autour des défis, opportunités et solutions du « Financement de la transition énergétique et de l’agriculture durable ». La rencontre a été organisée dans le cadre de la première édition des BOAD Development Days.
Akpédjé Ayosso
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