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À quand la fin du cycle infernal des mouvements de grève qui s’observent dans notre pays depuis que les gouvernements se succèdent à l’ère du renouveau démocratique ? C’est l’inquiétante question que nous n’aurons de cesse de nous poser, chaque fois que des motions de grève sont déposées, soit pour paralyser le fonctionnement de nos ministères sectoriels, soit pour paralyser toute l’administration du pays.
Les mouvements de grève actuels dans quelques secteurs névralgiques nous suggèrent cette grosse interrogation à laquelle, pour le moment, nul ne saurait répondre convenablement. Car à peine avons-nous fini de pousser un ouf de soulagement, suite à la levée de la motion de grève des agents de la santé ayant duré plusieurs mois dans nos centres de santé et hôpitaux du secteur public, que d’autres mouvements ont malheureusement écourté notre joie.
Au niveau du secteur judiciaire où les agents dénonçaient déjà des anomalies, des abus d’autorité et des violations de dispositions réglementaires régissant quelques-uns de leurs corps, le vote intervenu avant la fin du moratoire accordé au gouvernement est venu compliquer les choses. Et pour cause ! La loi n° 2017-43 modifiant et complétant la loi n° 2015-18 du 1er septembre 2017 portant statut général de la fonction publique, interdisant le droit de grève à certaines catégories d’agents dont les magistrats, a amené ces derniers à raidir leur position. Comme un effet de contagion, les agents de la santé se sont mis dans la danse, parce que visés eux aussi par la loi en question.
Nous en étions là quand les principales centrales et confédérations syndicales ont déclenché, elles aussi, des mouvements de grève et par conséquent des arrêts de travail collectifs de 72h, pour protester contre le retrait du droit de grève à certains corps. La levée de boucliers est donc devenue totale. Les uns ne conçoivent pas que les députés du bloc de la majorité présidentielle aient pu voter cette loi, en passant outre les dispositions de l’article 31 de la constitution béninoise du 11 Décembre 1990.
Pour d’autres, il fallait bien que ces députés en viennent là, vu les souffrances, les difficultés et autres misères faites aux populations, et tout particulièrement aux usagers des différents secteurs visés par cette loi. Les débats étaient donc ouverts, les avis partagés et les commentaires faits, selon que l’on soit d’accord ou non. Pendant ce temps, dans nos cours et tribunaux, nos centres de santé et hôpitaux, nos lycées et collèges, nos écoles voire nos universités du secteur public, les tribulations, les angoisses et les inquiétudes sont le lot quotidien des malades, des usagers, des élèves, des écoliers et des étudiants qui en sont les grandes victimes. Entre-temps, la décision Dcc 18-001 du 18 Janvier 2018 de la cour constitutionnelle a été rendue.
L’arrêt de la haute juridiction a cassé la loi votée et contestée même avant son avis relatif à sa conformité avec la loi fondamentale de notre pays. Alors que nous croyions que cela suffirait à amener nos responsables syndicaux et leurs bases à mettre un terme aux grèves, rien n’y fit. Apparemment, lesdits mouvements ont été reconduits contre toute attente. Ce qui étonne plus d’un. Tout en sachant qu’ils ont d’autres revendications à satisfaire, nous aurions souhaité qu’ils aient mis fin à cette grève.
Encore que le chef de l’État les ait déjà invités à une rencontre au palais présidentiel, sans doute dans l’optique de renouer avec eux le dialogue social. Un dialogue que nous devons appeler de tous nos vœux et encourager, afin de remettre notre nation au travail, le pays en chantier et la République sur orbite. (...) https://croixdubenin.com/articles/editoriaux/422-dialoguer-encore-et-encore
Abbé Crépin M. Acapovi, directeur de publication La Croix du Bénin
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