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Le Président de la République adressera un message à la Nation ce soir sur la télévision nationale (ORTB), après le journal de 20h. Ce discours de M. Patrice Talon intervient à la veille de la session extraordinaire, programmée pour l’étude en urgence du projet de révision de la Constitution qu’il a introduit au parlement et qui suscite quelques contestations au sein de l’opinion publique. Le Président de la République va adresser un message d’apaisement et de confiance aux citoyens. Et pour cause, le projet de modification de la loi fondamentale qu’il a introduit au parlement, le 15 mars 2017, est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase du mécontentement de certaines populations.
Patrice Talon va expliquer ses motivations sur le projet de révision de la constitution qui préoccupe les citoyens depuis quelques jours. Plusieurs spécialistes et autres personnalités se font entendre sur le sujet sans pouvoir convaincre le peuple, qui a besoin d’une voix au-dessus de la mêlée. L’autorité du chef de l’Etat doit pouvoir orienter, convaincre et rassurer les citoyens.
A l’Assemblée nationale, la doyenne d’âge Rosine Vieyra Soglo, est l’une des premières a déclenché les hostilités. « Il n’y a pas d’urgence pour la révision de la Constitution », a déclaré la présidente du groupe parlementaire ‘’La Renaissance du Bénin’’. Mme Soglo soutient qu’il y a des problèmes plus urgents à régler que l’amendement de la Constitution. L’ancienne présidente de la RB demande au chef de l’Etat de s’occuper en urgence des problèmes de misère du peuple et de développement du pays.
Sur ce point, M. Patrice Talon doit pouvoir rassurer les uns et les autres. Il doit expliquer que l’étude en urgence du projet de loi n’empêche pas son gouvernement de régler les problèmes auxquels les populations sont confrontées.
En dehors des lois qualifiées de « scélérates » et de « liberticides », le Chef de l’Etat doit aussi convaincre de ce que le budget de l’Etat 2017 n’est pas « irréaliste » comme le pensent certains syndicats, même si la mobilisations des 2010 milliards FCFA va à compte gouttes.
L’Homme de la Rupture et du Nouveau départ doit pouvoir convaincre aussi le Parti communiste du Bénin (PCB) et les autres opposants qui dénoncent « un complot contre le peuple béninois ».
Mais là où l’exercice sera difficile pour le président de la République est que son message intervient à la veille de la grande manifestation que le Front de sursaut patriotique organise sur l’esplanade de l’Assemblée pour protester contre le projet de révision de la Constitution.
M. Talon doit pouvoir trouver les mots et les arguments pour dissuader les partis politiques, les organisations syndicales et autres mouvements et associations de la société civile, qui se mobilisent à partir de ce jeudi soir sur l’esplanade du parlement contre son projet.
Regagner la confiance du peuple
Il est vrai, certaines centrales et confédérations syndicales, après l’étude du projet, ont relevé des avancées mais beaucoup d’insuffisances.
Le même constat a été fait par l’Union nationale des magistrats du Bénin (Unamab) qui menace de faire monter la pression dans les prochains jours. Les magistrats projettent d’organiser une marche à l’Assemblée le 27 mars contre le projet de révision de la Constitution. Un mouvement de grève d’avertissement de 72h, est programmé à compter du 28 mars à 00h au 30 mars 2017 à minuit pour « exiger le retrait du texte introduit au parlement, la rédaction et l’introduction d’un nouveau projet conforme aux promesses électorales du Président de la République et aux conclusions pertinentes de la commission des réformes politiques et institutionnelles ». En cas de non satisfaction de ces revendications, l’Unamab déclenche un mouvement de grève illimité, à compter du lundi 3 avril 2017.
Le Président de la République doit pouvoir être flexible dans son discours pour ramener les très fâchés à de meilleurs sentiments.
Là où le bât blesse est que même les compétences qui ont travaillé dans la Commission Djogbénou pour l’élaboration du projet de texte envoyé au parlement ne s’y reconnaissent plus. C’est le cas du Professeur du droit constitutionnel Joël Aïvo qui soutient que le projet de révision de la Constitution doit être soumis au referendum. Il rappelle que cette promesse a été faite par le Président Talon et que jusqu’à présent, il n’a pas encore dit le contraire.
Tout comme le constitutionnaliste, beaucoup de citoyens attendent ce soir la position finale du chef de l’Etat sur la voie qu’il souhaiterait pour l’examen et le vote de son projet de révision de la loi fondamentale.
Des voix s’élèvent aussi au sein des compatriotes de la diaspora pour dénoncer des insuffisances de ce projet dont beaucoup salue l’avènement.
Les mesures prises par le gouvernement Talon depuis son arrivée au pouvoir ne cessent de faire des mécontents au sein du peuple. L’opération libération des espaces publics a conduit à des dérives au point où le chef de l’Etat a présenté des excuses aux sinistrés, à travers un communiqué du ministre du cadre de vie et du développement. Mais là encore, les populations auraient voulu entendre de vive voix les excuses de Patrice Talon.
Le créneau de ce soir est une occasion pour le Président de la République de regarder les populations en face pour leur exprimer ses compassions par rapport aux désagréments qui leur ont été causés dans le cadre des réformes entreprises par son gouvernement.
L’une des raisons qui expliquent l’échec de la révision de la Constitution sous le régime précédent est que le Président Boni Yayi est soupçonné de vouloir réviser la Constitution pour s’éterniser au pouvoir.
Aujourd’hui, les détracteurs de Patrice Talon l’accusent de tailler la loi fondamentale à sa mesure afin d’échapper à toute poursuite, lui et ses collaborateurs, après leur départ du pouvoir.
Dans son message de ce soir, le Président Patrice Talon doit pouvoir rassurer le peuple par rapport au caractère désintéressé du projet de révision de la Constitution et les raisons de sa demande d’examen en procédure d’urgence au parlement.
Dossou Mialo
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