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Séduits et conquis par le contenu du PAG ainsi que du point d’étape qui en a été fait, certains compatriotes de la diaspora, soucieux de voir le Bénin décoller réellement, étaient préoccupés de savoir si un seul mandat présidentiel suffirait à réaliser ce rêve grand. Ils lui ont donc demandé si le mandat unique auquel il croyait et qu’il avait préconisé était toujours d’actualité. Sans langue de bois, le Président TALON a abordé la question de 2021, totalement libre et décomplexé. Même si dans ses propos, on pouvait comprendre que toutes les options restent ouvertes, l’homme reste préoccupé, pour le moment, par la réussite de son action à la tête du pays et ne fait pas de fixation sur 2021. Voici ce qu’il en dit :
« La question est insidieuse mais j’ai promis qu’il n’y aura pas de sujet tabou. Vous voulez savoir si après ce mandat, je tiendrai ma promesse n’est-ce pas ? Pour ceux qui ont eu l’occasion de m’écouter lors de ma première sortie après l’exil, j’ai eu à décrire la situation politique du pays et j’ai fait état de ce que j’ai pu observer, de mon analyse de notre modèle politique. Et j’ai dit que le Bénin était un pays à reconstruire totalement, qu’il faut des réformes courageuses et que la possibilité de renouvellement d’un mandat était un frein à l’action. Que celui qui est au pouvoir, dans le premier mandat et qui a le regard rivé sur le renouvellement de son mandat, il ne pas entreprendre courageusement les réformes dont certaines seront douloureuses et impopulaires. D’ailleurs, ce qui se passe aujourd’hui me donne bien la preuve que j’avais bien raison. Les critiques, la situation économique… et si je devais tenir compte des paramètres de mon retour potentiel en 2021, je n’aurais rien fait. Et c’est pour cela que j’estime que mon diagnostic est bien fondé et que l’idéal aurait été d’instaurer le mandat unique. J’ai tout fait pour faire passer le projet de révision, avec les propositions innovantes pour le modèle politique que nous avons : au niveau de la justice, de la Cour constitutionnelle et plein d’autres choses. Malheureusement, j’ai subi un échec. Mais parfois, contre mauvaise fortune, j’ai bon cœur et je peux être fataliste parce qu’en général, je ne suis pas un looser. J’y ai tellement cru, j’y ai mis tellement d’énergie et de volonté que j’ai été surpris par le revers à trois voix près, donc à un cheveu près. Je me suis dit que j’avais peut-être tort. Peut-être que le moment n’était pas arrivé, que j’étais trop en avance sur mon temps. Mais je dois vous avouer que l’exercice de la fonction, certaines réformes que j’ai préconisées, je les ai perçues comme inopportunes si cela était passé. Mais sur la question du mandat unique, je continue de penser que ce serait une bonne chose. Je continue d’y croire. Mais ce n’est pas contre Patrice TALON que j’ai des craintes de mauvaise gouvernance. Mon diagnostic est général, c’est pour les gouvernants. Et j’ai dit qu’une réforme pour être crédible, elle devrait commencer par moi-même. Je n’ai pas, en diagnostiquant le phénomène, en me regardant, en regardant mes valeurs, mes défauts, mes travers, je n’ai pas dit que je serais un mauvais Président si je dois chercher un deuxième mandat. Ma remarque n’est pas exclusivement tournée vers moi-même, c’est de manière générale. Donc j’aurais voulu instaurer cette réforme-là et la voir démarrer par moi-même. Mais à défaut qu’elle passe, à défaut qu’elle soit adoptée, il n’y a pas de raison que je continue de proclamer haut et fort que moi, pour faire un bon mandat, que je ne sois pas candidat à un deuxième mandat. Je suis sincère avec vous. Il n’y a aucune raison que je le dise. Et j’ai dit une chose sur les antennes de la télévision nationale, je ne sais pas si vous l’avez entendu. J’ai dit que je n’ai pas d’aversion pour la fonction, je n’ai pas d’aversion pour la charge. Certes, c’est difficile, c’est dur, j’aime bien sortir m’amuser, aller danser, je n’ai plus les moyens de le faire ; j’aime bien rouler en voiture, faire des kilomètres, pour ceux qui me connaissent je suis libre, et un tout petit peu jouisseur. J’aime bien profiter de la vie, je n’en ai plus l’occasion. Mais ce n’est pas pour autant que j’ai une aversion pour la fonction. J’ai été candidat, j’ai levé la main pour l’être, on ne m’a pas forcé à être candidat, et je n’ai pas d’aversion pour l’effort non plus. La question d’une candidature éventuelle en 2021, je pense que pour moi-même elle serait indécente. Pourquoi ? Je viens de subir une épreuve de santé qui le fait voir la vie autrement. Donnons le meilleur de nous-mêmes à chaque instant. Je suis sincère avec vous, je voudrais donner le meilleur de moi-même à chaque instant. Je voudrais pouvoir prendre de bonnes décisions, pouvoir agir en bonne conscience de ce qui est bon et de ce qui est mauvais pour que mes choix soient pertinents. Je voudrais avoir la lumière de prendre les bonnes décisions à chaque instant. 2021 est encore loin. Mon idéal pour mon pays en termes de réformes politiques demeure. Ce que je ferai personnellement en 2021 si la réforme passe ou ne passe, relève désormais de mon opinion personnelle, de la vie, de mes ambitions, de mes challenges en ce moment-là. Je souhaite que chacun de nous sois là présent demain, pour faire le bilan du parcours ensemble, qu’on ait la chance d’avoir longue vie jusqu’à ce moment-là pour apprécier ce que nous avons pu faire ensemble, et pour rire, se moquer, des décisions que j’aurais prises ou que je prendrais en ce moment. Est-ce que je tiendrai, malgré tout à cette promesse que je me suis faite de dire ‘’cinq ans c’est beaucoup dans la vie d’un homme en termes de sacrifice’’, ou bien est-ce que je dirais en ce moment ‘’je me sens encore capable de sacrifice’’ je ne sais pas si je serai dans cette dynamique. On appréciera ensemble au moment opportun. » A travers les lignes de la déclaration du Chef de l’Etat, on sent l’expression du réalisme et le sens de l’humilité de l’homme. Ce qui l’honore et le fait davantage grand.
Charles-Salomon AGOSSA/LE GRAND MATIN