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L’ex président de la République du Bénin, Boni Yayi s’est prononcé au cours d’une sortie médiatique tenue ce jeudi 18 avril 2019, à son domicile, sur l’organisation des élections législatives du 28 avril prochain. Analysant la situation socio-politique que traverse le Bénin en dépit de nombreuses interventions, il invite le Chef de l’Etat, Patrice Talon à prendre toute la mesure possible pour arrêter le processus électoral en cours.
Dans sa déclaration, l’ex président Boni Yayi est revenu sur les évènements l’ayant opposé à l’actuel chef d’Etat, Patrice Talon faisant référence à l’affaire de tentative de coup d’Etat et celle d’empoissonnement. « Après les événements de 2012 et 2013, j’ai pardonné. J’ai réellement pardonné et mon pardon est définitif et irréversible. Je le jure », lance-t-il.
« Trois années durant, je me suis gardé de me prononcer solennellement sur la gouvernance du pays », signale Boni Yayi tout ajoutant que ce silence est l’expression de son choix de ne point interférer dans la gestion de son successeur mais d’observer. A l’en croire, il l’a fait en dépit des provocations et humiliations qu’ont subi sa famille biologique, politique et lui-même.
S’il sort de son mutisme c’est donc au regard de la crise politique que subit actuellement le pays. « Nous voilà aujourd’hui dans une situation inédite dans notre pays où une bonne frange de la population est privée de son droit de libre choix (...) Pour la première fois, sous le Renouveau démocratique, sont qualifiés à prendre part aux élections législatives, deux listes de la même obédience politique et créées par le Chef de l’Etat », se désole-t-il.
Par ailleurs, il a salué les efforts des organisations et institutions, des intellectuels, de la société civile, du clergé, des têtes couronnées, des personnalités politiques ainsi que des jeunes qui s’investissent dans la résolution de cette crise en vue de la préservation de la paix.
« J’ai espéré que tous les gémissements et cri de cœur poussés dans le pays feraient entendre raison au Président de la République. (...) J’ai espéré enfin que la profession de foi du Président Patrice Talon de vouloir faire participer tous les partis politiques et l’assurance qu’il a donnée aux différentes délégations ayant séjourné dans notre pays dans le cadre de ces élections, étaient sincères. Hélas ! Il n’en a pas été ainsi », regrette l’ex président Boni Yayi.
Selon lui, « tout Parlement qui découlerait de ces élections, ne peut aboutir qu’à une instabilité institutionnelle dans notre pays ». « Les intimidations, les arrestations, les menaces d’arrestation, les emprisonnements, les interdictions arbitraires de réunions ou de manifestations des opposants, le déploiement dans nos villes et campagnes des chars d’assaut, les mandats d’arrêt non justifiés, la contrainte des opposants à la clandestinité, ou à l’exil, ne sont pas des solutions à la situation qui prévaut dans notre cher pays, le Bénin », souligne-t-il.
Thomas Boni Yayi lance un appel à Talon
En tant qu’aîné, poursuit Boni Yayi, « il me plait de dire au Président Patrice Talon qu’il n’est pas dans la bonne direction » S’entêter, c’est détruire notre héritage démocratique, décrédibiliser et isoler notre pays au plan international, remettre en cause la légitimité, la paix et la stabilité dans notre pays, inaugurer un cycle de violences inutiles, et enfin, mettre en péril la sécurité et la stabilité dans la sous-région.
En conséquence, il appelle au sens élevé de l’Etat et de responsabilité du Président de la République, Patrice Talon en l’invitant à prendre toute la mesure de la gravité de la présente situation pour arrêter le processus électoral en cours. Ce faisant, soutient Boni Yayi, il aura contribué au renforcement de la démocratie, à la préservation de la paix et à éviter des lendemains douloureux à notre peuple.
L’ex chef Etat « appelle également au professionnalisme des forces de défense et de sécurité, (...) de mettre fin aux exactions, aux persécutions, aux arrestations arbitraires, intimidations et menaces sur les populations. Ces dernières ne défendent que leur droit constitutionnel ».
Au cas où le Président Patrice Talon s’obstinerait à conduire le pays dans le monolithisme politique, toute chose contraire à notre Constitution du 11 décembre 1990, Boni Yayi invite tous les Béninois de tous bords, « à user du pouvoir que nous donne notre loi fondamentale, pour faire arrêter le processus électoral périlleux en cours ». Ceci en afin de rechercher et de trouver sans délai les solutions idoines pour organiser des élections législatives inclusives, acrédibles, équitables et transparentes.
Akpédjé AYOSSO
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