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La communauté internationale a commémoré le 1er décembre 2017, la 29e journée mondiale de lutte contre le sida. A cette occasion, le président honoraire de la Société africaine anti-sida (SAA), Dr Pierre M’Pélé, s’est exprimé sur la pandémie. Dans l’interview qu’il nous accordée à l’issue d’une conférence sur le thème « Trente-six ans de lutte contre le sida », il évoque les dernières statistiques du fléau. Engagé dans la lutte contre le sida dès le début de la pandémie, Dr M’Pélé parle aussi des stratégies nécessaires pour contrôler l’épidémie du VIH sida en Afrique. Fondateur de la Société africaine anti-sida (SAA) et membre fondateur de la Conférence internationale sur le sida et les infections sexuellement transmissibles en Afrique (ICASA), Dr M’Pélé met également l’accent sur les actions majeures de l’institution contre le VIH sida en Afrique.
24haubénin : Dr Pierre M’Pélé, quelles sont les statistiques à ce jour, de la pandémie du VIH sida ?
Dr Pierre M’Pélé : Il y a en 2017, selon le rapport de l’ONUSIDA, 36 millions de personnes vivant avec le VIH dans le monde dont 26 millions en Afrique. Simplement parce que l’Afrique a été et reste le continent le plus touché pour plusieurs raisons. On a les facteurs de risques que sont les infections sexuellement transmissibles, les déterminants socioculturels, la réponse qui n’était pas suffisamment spécifique avec des stratégies les plus adaptées pour répondre à l’épidémie du VIH sida…Voilà pourquoi l’Afrique demeure le continent le plus touché malgré les efforts qui sont réalisés. Mais il faut reconnaître que ces dix dernières années, l’Afrique a réorienté, réadapté ses stratégies, et ces stratégies commencent à produire des résultats en termes de plus grand accès aux antirétroviraux pour les hommes et les femmes, et même pour la transmission mère-enfant. Il y a de plus en plus de femmes qui vivent avec le VIH mais qui ont des enfants qui ne sont pas contaminés par le VIH.
Beaucoup d’efforts ont été faits, vous l’avez dit, mais en tant qu’acteur engagé dans la lutte contre le VIH/sida, quels autres efforts devrait être fournis pour arriver à bout du fléau ?
Il faut continuer. Il faut accélérer les stratégies prometteuses, les stratégies efficaces qui ont été mises en place au cours de ces dix dernières années.
Lesquelles par exemple ?
On peut citer le dépistage. Selon l’orientation de l’ONUSIDA, les 90-90-90, il faut absolument que chaque personne ait accès à un dépistage pour savoir si on est personne vivant avec le VIH sida ou séronégatif. Aujourd’hui, de plus en plus de personnes qui vivent avec le VIH sida ont accès au traitement. C’est valable pour le Bénin et dans beaucoup de pays africains, grâce au financement du Fonds mondial, grâce à l’effort parfois des gouvernements eux-mêmes qui contribuent à faire en sorte que le traitement soit accessible à toute personne vivant avec le VIH sida. Le traitement est très important pour ceux qui vivent avec le VIH sida, parce qu’il permet d’avoir une survie confortable, donc d’être en bonne santé étant malade, mais avec le traitement. Ça permet aussi de contribuer à la prévention, parce que lorsqu’on a une charge virale à zéro, on n’est plus en mesure de transmettre le virus. Donc c’est un traitement à la fois curatif, même si ce n’est pas une guérison totale. Il est aussi préventif. Le dépistage aussi est important parce que celui qui est séronégatif, lorsqu’il est conscient de sa séronégativité, doit adopter les comportements qui lui permettent de rester séronégatif. C’est pour cela que, personnellement et d’ailleurs l’ONUSIDA le reconnaît, je place le dépistage au centre des stratégies d’aujourd’hui et de demain pour espérer contrôler l’épidémie du VIH sida en Afrique.
Quelles actions mène la Société africaine anti-sida pour accompagner tous les efforts qui se font dans la lutte contre le sida ?
Notre principale action ou activité depuis 1990, est l’organisation de la grande conférence internationale sur le sida et les infections sexuellement transmissibles en Afrique. C’est un moment où on rassemble les personnes vivant avec le VIH, les leaders communautaires, les leaders politiques, les scientifiques, les médecins, les chercheurs…. La prochaine conférence va se tenir à Abidjan, du 4 au 9 décembre 2017. Il y aura dix à quinze mille personnes. C’est un moment où on partage l’information. La conférence se tenait chaque année, maintenant c’est tous les deux ans. On se rassemble pour se remobiliser, se remotiver pour repartir avec un souffle nouveau pour combattre le sida dans les différents pays. Ça a été notre principale activité et ça restera notre principale activité, parce que dans les pays il y a les conseils nationaux, les programmes, les ONG. Ils font le travail concret. Nous nous sommes comme une supra structure qui est là pour dire tous les deux ans : rencontrons-nous, partageons nos expériences, partageons ce que nous avons réussi, partageons aussi nos échecs pour que nous puissions bâtir des stratégies adaptées à partir de ces échecs. Voilà ce que la Société africaine anti-sida réalise aujourd’hui tous les deux ans.
Ce 1er décembre est commémorée à travers le monde la 29e journée mondiale de lutte contre le sida. Quel message souhaitez-vous délivrer pour l’occasion ?
Il est dans l’objectif de l’ONUSIDA des 90. 90% des personnes vivant avec le VIH doivent avoir accès au traitement, 90% des personnes doivent être dépistées, et ça c’est le défi le plus important que nous avons. Dépistage, traitement, et bien sûr prévention sur les populations clés, les populations qui sont les plus vulnérables. Ce sont les prostituées, les homosexuels, parfois les prisonniers, les transporteurs routiers, toutes ces personnes qui ont un risque plus grand doivent faire l’objet d’une attention particulière en matière de prévention. Nous devons leur donner l’information, mettre à leur disposition le préservatif, parce que c’est jusque-là le moyen le plus efficace de prévention, pour que nous puissions faire reculer l’épidémie du VIH sida en Afrique.
Juliette Mitonhoun
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