Yayi lui-même jure vouloir convoquer le corps électoral d’ici la fin décembre 2014. Le Cos/Lépi proclame être en mesure d’achever la correction du fichier électoral avant fin novembre 2014 (si le gouvernement lui libère 4 milliards dans les délais). La Cour constitutionnelle ordonne la tenue des municipales avant la fin de l’année. La Cena est déjà installée et a entamé ses consultations en vue de faire des propositions de date pour la convocation du corps électoral, toujours pour l’horizon fin d’année 2014.
Les citoyens réclament à corps et à cri le renouvellement des conseils municipaux au plus tôt et l’observance rigoureuse des délais constitutionnels pour les législatives de 2015 et la présidentielle de 2016. Tous les projecteurs sont donc braqués sur ces différents acteurs majeurs du mécanisme électoral en grippe depuis plusieurs mois. C’est curieusement cette période que choisissent quelques exégètes pour nous sortir la théorie du couplage des élections et sa prétendue vertu salutaire pour l’économie nationale en agonie.
Ironie du sort, refondateurs, laudateurs impénitents et adulateurs invétérés restent muets sur le sujet en s’en tenant, pour le moment, aux engagements de leur chef au risque d’être pris en flagrant délit de prêcher le contraire de la ligne officielle. Personne ne souhaite connaitre le même sort que l’ex-dame du coton. Pendant que les affidés du pouvoir n’osent même pas évoquer l’éventualité d’un retard prolongé des municipales au-delà de la ligne rouge fixée par le chef de l’Etat lui-même à fin 2014, il se trouve de bonnes gens pour faire le sale boulot. Des patriotes, bon teint, qui, estiment, de bonne foi, que tenir un scrutin en décembre 2014 et un autre en avril 2015 puis un autre en février-mars 2016 serait néfaste pour le trésor public. On parle d’« élections générales » de sorte à mettre tous les mandats électifs en un seul scrutin. Géniale trouvaille !
Ce n’est pas l’ami Gino Alavo qu’on peut soupçonner de ne pas savoir de quoi il parle lorsqu’il conjecture, en libre-penseur, sur la théorie du couplage. Tout comme on ne peut mettre en doute la fibre patriotique de mon jeune frère et confrère Léandre Houngbédji en l’écoutant se passionner le couplage et des « élections générales ». Il me plait néanmoins de les exhorter à cesser de servir ce prétexte-caviar à tous les courtisans à recherche du moindre argument de blocage du système électoral. En effet, si l’objectif chez les uns est de préserver les caisses de l’Etat ; le dessein chez les autres est de faire perdurer le statut quo actuel. Il y a quelques heures seulement, le truculent blogueur Benoit Illassa a révélé sur le net l’existence d’un front anti-élection au sein du parlement. Ce front pourrait vite s’approprier les éruditions de nos chers amis et faire basculer tout le pays dans une aventure plus qu’ambigüe.
Une écrasante majorité de députés avait réussi à modifier la constitution en 2006 en prorogeant leur mandat d’un an afin de l’aligner sur celui des autres institutions, passant de 4 ans actuellement à 5 ; cela avait le mérite de faire coïncider les législatives et le premier tour de la présidentielle, dans le souci de faire réaliser des économies au budget national. Mais aucun des partisans actuels du couplage n’avait soutenu cette initiative des députés rejetée par la Cour constitutionnelle. Le plaidoyer pour la réalisation d’économie pour le trésor public s’indigne moins du sort réservé aux machines agricoles acquises à des centaines de milliards du contribuable en dégradation dans les hôtels de ville, sous les intempéries. Passons tous les gaspillages de ressources publiques qui rythment la gouvernance actuelle pendant que les coupleurs s’émeuvent des quelques milliards à consacrer aux différents rendez-vous électoraux, pourtant gages d’une bonne démocratie.
Que les gens bien laissent cette affaire de couplage !!!
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1er septembre 2014 par Judicaël ZOHOUN