(Par Roger Gbégnonvi)
Chacun le sait maintenant, le Président français vient de se rendre en Côte d’Ivoire, au Niger et au Tchad, en mettant comme un point d’honneur à sauter à pieds-joints par- dessus le Bénin. Et La Lettre du Continent (N° 686 du 9 juillet 2014) de conclure que ‘‘Hollande déçoit Boni Yayi’’. La Lettre aura choisi le politiquement correct, charge au lecteur de préférer boycotte, humilie, gifle, etc. Selon l’auteur de l’article, ‘‘Le président béninois reste persuadé que son homologue français le boude délibérément afin de ne pas donner l’impression de cautionner ses velléités de se maintenir au pouvoir après 2016’’. Et c’est vrai qu’est méprisable au plus haut point ce sentier battu vers la présidence à vie.
Mais il y a pire. On se souvient qu’au début de son quinquennat, c’est contraint et forcé que François Hollande s’est rendu au sommet de la Francophonie, prévu pour se dérouler en RDC bien avant son arrivée à l’Elysée. A ce sommet, il bouda son homologue congolais parce que juste avant, Floribert Shébêya, défenseur des droits de l’homme, venait de succomber à Kinshasa à un assassinat politique. A cette lucarne, on voit que François Hollande a eu raison de sauter l’étape du Bénin pour ne pas serrer la main à celui dont la gouvernance enregistre des assassinats à relent politique (Dangnivo et Agbossou) qui restent sans commanditaires ni exécutants connus, et quelque tentative d’assassinat à relent politique (Assogba) qui reste sans commanditaires ni exécutants connus. C’est grave, et l’on comprend que François Hollande n’ait pas voulu donner l’impression de cautionner le crime.
S’il s’était arrêté au Bénin, ne serait-ce que durant deux ou trois heures, confiné à l’aéroport, comme George W. Bush en son temps pour sa sécurité, son escale aurait eu lieu pendant que son homologue béninois tente de retirer aux magistrats béninois le droit de grève, sentier battu vers le retrait du droit de grève à tout fonctionnaire béninois. Car nous ne sommes pas seulement en ‘‘Refondation’’ (Dieu seul sait de quoi !) mais également en ‘’dictature du développement’’. Or chacun sait que toute dictature, à commencer par celle du prolétariat, s’arrête à dictature. Personne ne voit François Hollande, républicain bon teint, démocrate jusqu’au bout des ongles, socialiste devenu socio-démocrate, personne ne le voit donner l’impression de cautionner un dictateur en germe, une dictature rampante.
Il ne saurait cautionner non plus le semeur de germes d’une Centre-Afrique bis entre le Togo et le Nigéria, cautionner celui qui rampe vers la confiscation des libertés individuelles, n’organise pas les élections, interdit de radio et de télévision nationales les partis politiques de l’opposition, montre un attrait certain pour la pensée unique – la sienne, affiche sa préférence pour feu le Parti de la Révolution Populaire du Bénin (PRPB) de sinistre mémoire, penche plutôt pour le Togo de la dynastie Eyadema, qui est une sinistre autocratie. François Hollande vit à Paris, dont les pavés rendent hommage aux Français morts pour la liberté en 1789 ; il ne peut rien cautionner qui rappelle la dictature, la mise en cage de la liberté et des libertés. Il ne s’est donc pas arrêté au Bénin, et il a très bien fait.
Comme l’écrit La Lettre du Continent, ‘‘Hollande déçoit Boni Yayi’’. Il ne déçoit donc pas le Bénin, bien au contraire ! Il comble d’aise, de joie et de bonheur les Béninois et les Béninoises profondément attachés à la liberté et aux libertés, aux droits de l’homme, à la République et à la Démocratie. Ils lui sont infiniment reconnaissants de sa décision qui les conforte. Même si son actuel homologue béninois manœuvre pour qu’il n’y ait pas de Président élu par le peuple au soir du 6 avril 2016, il y en aura un, démocratiquement et provisoirement désigné. Le Président François Hollande pourra alors faire escale au Bénin sans perdre son âme. Lui et les Béninois seront à la fête. Et sera belle la fête de la liberté.
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22 juillet 2014 par Judicaël ZOHOUN