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A peine nommé, Omar Arouna, le nouvel ambassadeur du Bénin à Washington a pris la direction des mosquées : bienvenues les prières à la « Barthélemy Kassa ». Cortèges divers, imans plus ou moins barbus, femmes parées, autorités morales brodées, la « dream team » de la propagande à tout-va est ainsi constituée. A Parakou, ça sent du folklore indécent, insipide, impudique, obscène.
On a dû lui souffler à l’oreille que le président aime d’être idolâtré, flagorné, encensé, adoré. Comment les Béninois ont fait de leur président un Dieu ? Deux ans après, je n’ai pas toujours la réponse. Si Obama passait par hasard au Bénin, il allait s’exclamer : « what’s this mess ! »
Omar Arouna n’a pas échappé à la culture de prosélytisme grégaire, au culte de la personnalité, à la divinité de l’humain instaurée autour de Yayi Boni. Ses qualités d’initiative personnelle, de libre arbitre, de réflexions sages ne lui ont été d’aucune utilité. Il est pris en otage par le lobby religieux qui a installé ses quartiers au cœur du pouvoir. Les messes et les prières se répètent à la virgule près.
Yayi Boni fait l’effort d’appeler de nouvelles têtes mais ces personnalités se précipitent pour mettre leurs pieds dans les vieux pantalons trainés par leurs prédécesseurs depuis huit ans. En principe, on devrait attendre d’un Béninois vivant aux USA depuis des années une autre lecture de la politique, une autre approche de la notion de servir son pays. Pourtant, selon les coupures de journaux, l’homme est décrit comme compétent, ayant les pieds à terre à Washington et bien installé dans l’« establishment » américain.
On espérait qu’il déduise de sa nomination une reconnaissance de ses qualités et non une promotion ethnique ou religieuse et qu’il prenne cette responsabilité délicatement au même titre qu’un capitaine prenne « le commandement d’un navire pour entreprendre un voyage dangereux ». Et que le seul lieu où il devrait prouver qu’il mérite ce poste est bien Washington, la seule manière de traduire son passage, est la touche personnelle, qu’il pourrait apporter à la culture diplomatique du Bénin.
En effet, la meilleure manière de remercier un Chef d’État pour la confiance qu’il vous a accordée, c’est d’accomplir consciencieusement et efficacement votre mission. Tout le reste n’est que folklore, gesticulation et manipulation !
Les marches et les prières à cors et à cris sont le symbole d’un peuple oisif, qui s’ennuie. C’est une perte de productivité globale du pays. Le temps que les populations utilisent pour s’occuper de leurs commerces, de leurs champs, ils le perdent au profit d’une distraction improductive. Et le pays aussi perd en productivité. Aux masses analphabètes et autres, ces ripailles, bombances et festivités envoient comme message de manière subliminale que le temps de bouffer, de boire et de s’engraisser est arrivé. D’ailleurs, le consultant indépendant Marc-Henri Fagla relève à juste titre les incongruités du système. Pour lui, « le moindre prétexte est bon pour festoyer alors que le travail est là qui attend ! Combien ont ainsi festoyé et sont aujourd’hui en cavale ? Combien ont festoyé ainsi et se retrouvent aujourd’hui honneur et dignité à la poubelle parce que s’étant rendus (avec ou sans la bénédiction de leur Dieu sur terre) coupables d’actes qui ont défrayé la chronique et conduit à leur limogeage ? »
Que la prière aille à Dieu ou au peuple, ça revient au mieux. Ce n’est pas Dieu qui va construire le pays. Il est connu de tous que « si un homme croit en Dieu, le temps qu’il prend à sa prière pour travailler est aussi prière ».
Jules Djossou Bonou
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