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L’approche des grandes échéances électorales donne lieu à toutes sortes de scènes et de promesses d’une généralité déconcertante. A écouter les premiers candidats annoncés, on constate qu’ils tombent déjà dans le piège des promesses faciles. Il est inconcevable, de prétendre gouverner un pays sans un planning stratégique, sans un diagnostic profond secteur par secteur. L’état comateux de la République l’exige, le pays étant anémié économiquement, essoufflé socialement, paralysé politiquement.
Les gouvernements successifs depuis l’indépendance malgré leur volonté, ne parviennent pas à inscrire le développement dans la durée, ni à amorcer des changements radicaux dans la vie des citoyens. Ils ont tous empêché la jeunesse de rêver, les femmes d’espérer. Il ne pourrait en être autrement, étant donné que depuis 1991 par exemple, on a toujours choisi des présidents sans rien leur demander en retour. On a remis la clé au chauffeur sans exiger un itinéraire. Les réflexions profondes sur lesquelles devrait se fonder une candidature sont totalement oubliées. Le candidat est plus préoccupé par le résultat que par la responsabilité ; il est plus attiré par le gain que par le devoir, il est plus intéressé par le titre que par le service.
Pourtant, en 2016 les enjeux seront énormes. Le Bénin va crouler sous une population de 200 millions d’individus à l’Est de sa frontière dans les prochaines années ; la « demande en nourriture, eau, énergie augmentera de 35 à 50% » ; le taux de chômage des jeunes pourrait atteindre les 50% en vingt ans. En plus de ces enjeux nationaux, le Bénin devrait subir la stagnation de l’économie mondiale. On prévoit que la récession en Europe durera encore dix ans. Dans les prochaines années, pire que maintenant, les pays développés seront préoccupés par la survie de leur État. Les États Unis sont sous dialyse économique et croulent sous une dette abyssale, la France est en récession, l’Union Européenne est au bord de l’éclatement, le développement en Chine a atteint son apogée. Ce qui aura indubitablement des répercussions sur l’aide au développement, les prêts à court ou à long terme. L’indifférence générale de la communauté internationale face aux crises au Darfour, en Centrafrique, en Syrie prouve que, désormais aucun pays ne sera accusé de non-assistance à population en danger.
Ce futur incertain laisse peu de marge de manœuvre aux pays pauvres. En 2016, il s’agira de la seule et dernière chance pour le Bénin. Si le peuple béninois ne fait pas le bon choix, si le prochain président ne prend pas des décisions courageuses, le Bénin risquera de disparaitre pour de bon.
Parmi les goulots d’étranglement au développement, une économie informelle et l’inexistence de statistiques, de données démographiques, économiques fiables. Comment fait-on pour savoir si les femmes d’Adjarra ont besoin d’un marché au lieu d’un puits ? Comment fait-on pour savoir si la population de Birni a besoin d’un hôpital au lieu d’une école ? Comment fait-on pour savoir si les producteurs de Kilibo ont besoin d’une usine d’égrenage au lieu d’un entrepôt de stockage. Pour faire des projections, anticiper les crises, élaborer des programmes de développement, il faut nécessairement avoir des repères, identifier les angles morts, surveiller les « cygnes noirs ».
Pour un pays très pauvre, à revenu essentiellement fiscal, il est important d’identifier des priorités, d’éliminer le superflu, d’aller à l’essentiel.
On ne peut dire que le Bénin manque de compétence, il s’agira de réinventer une nouvelle doxa politique. Il faudra faire un choix pour l’avenir. Sinon, pour paraphraser Charles Dickens, 2016 sera le meilleur ou le pire des temps, sera le printemps des espoirs ou l’hiver du désespoir… Nous irons droit au ciel ou droit en enfer.
Jules Djossou, Bloggeur et activiste politique
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