La Fédération des employeurs des secteurs des produits chimiques et non métalliques du Nigeria (CANMPEF) appelle le gouvernement fédéral à "prendre des mesures extrêmes" pour arrêter ce qu’elle décrit comme la "contrebande d’État" du Bénin, avec des effets dévastateurs sur les entreprises nigérianes.
Il s’agit d’une allusion sans fard aux importations illégales de biens de consommation en tous genres à partir du Bénin voisin.
Le Président de la CANMPEF, M. Devakumar V.G. Edwin, par ailleurs directeur exécutif du groupe Dankote, estime que la menace de la contrebande de marchandises au Nigeria par le biais du port de Cotonou, qui selon une enquête diligentée par l’organisation, serait directement encouragée par le gouvernement béninois, a conduit à la fermeture de 53 de ses 145 entreprises membres.
L’association des industriels envoie un donc un SOS au gouvernement fédéral du Nigeria, invité à fermer les frontières entre les deux pays, afin de sauver les entreprises et les emplois au Nigéria.
"Nous sommes conscients des autres défis auxquels font face nos entreprises au Nigeria comme les délestages et autres difficultés liées aux infrastructures, mais le problème de la contrebande, en particulier celle qui est sponsorisée par le gouvernement de la République du Bénin, est le principal annihilateur des efforts d’industrialisation du Nigeria", se plaint M. Devakumar.
Le président de la Canmpef fait par ailleurs remarquer que le conseil exécutif de l’association a recommandé que le gouvernement fédéral prenne des mesures de grande envergure telles que la fermeture de tous les points de passage frontaliers entre les deux pays, afin de réagir fermement face à une situation qualifiée de "criminelle."
Selon lui, des personnalités au sein du gouvernement béninois soutiennent fermement la contrebande, qui aurait affecté pratiquement tous les secteurs clés de l’activité économique du Nigeria.
Le responsable nigérian estime qu’il n’est pas besoin de chercher loin pour se rendre compte des dégâts causés par la contrebande dans des secteurs performants tels que l’industrie de la pneumatique, où les deux fabricants locaux – Michelin et Dunlop – se sont fait… crever et ont été contraints de jeter l’éponge.
Il a souligné que la maladie de la contrebande a également été le principal responsable de la catastrophe qui a frappé l’industrie textile, que diverses subventions de l’Etat n’ont pas réussi à raviver.
"L’industrie du textile était le secteur le plus dynamique au Nigeria, employant le plus grand nombre de personnes après le gouvernement, mais elle a été tuée par ce problème à tête d’hydre de la contrebande, qui, comme nous venons de nous en rendre compte, est soutenu directement ou indirectement par le gouvernement de la République du Bénin", a-t-il dit.
Edwin Devakumar estime qu’à ce jour, les sociétés membres de son association ont dû donner des mises à pied à plus de 270 000 personnes, soit en raison de la fermeture complète ou de la réduction massive de l’utilisation des capacités.
Selon lui, la situation dans le secteur du riz prouve bien la complicité des autorités béninoises dans le trafic massif vers le Nigeria. Et de souligner qu’il n’y avait pas d’autre raison pour laquelle Bénin importe 2,3 millions de tonnes de riz étuvé par an, alors que les Béninois "n’ont pas l’habitude d’en consommer."
"Au Bénin, ce qu’ils consomment, c’est du riz non décortiqué et c’est culturel. Donc, tous les 2,3 millions de tonnes de riz qui se posent dans leurs ports sont destinés au marché nigérian et ils s’assurent que la majeure partie de ce riz vient par des voies illégales, ce qui met en péril le riz nigérian, produit localement", explique encore Edwin Devakumar.
Le patron de la Canmpef a également fait état de l’existence d’un sentiment anti-nigérian intense au Bénin, soulignant que pendant que tout le pays parraine la contrebande de marchandises sur le marché nigérian, le gouvernement béninois impose des tarifs extrêmement prohibitifs sur les produits manufacturés au Nigeria.
Il a en outre déploré les efforts sans relâche du pays en vue de prévenir la mise en œuvre du programme de libéralisation des échanges de la CEDEAO (SLEC), qui oblige tous les pays de la sous-région à permettre la libre circulation des biens produits localement d’un pays à l’autre, sans inhibition, en particulier lorsque le pays destinataire ne produit pas lui-même ces biens.
"Ils fournissent des efforts désespérés pour empêcher nos biens produits localement d’entrer sur leur marché et même si nos marchandises, en destination d’autres pays ouest-africains, transitent par leur territoire, ils exigent des droits de transit.
Source : Afrika 7.com
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15 mars 2014 par Judicaël ZOHOUN