Trop souvent, en matière de sciences humaines – et non exactes ou expérimentales – ‘‘La raison du plus fort est toujours la meilleure’’, c’est-à-dire celle qui s’impose aux plus faibles sans autre forme de procès. Or en matière de population, l’ethnie la plus nombreuse et les gens au comportement le plus communément admis s’arrogent toujours ‘‘La raison du plus fort’’. Il n’est donc pas surprenant outre mesure que des prétendus scientifiques réussissent à faire adopter par les ‘‘oisifs d’une grande ville’’ (Beaumarchais) que l’incommensurable majorité des hétérosexuels sont dans la norme et que les quelques-uns et quelques-unes qui ne leur ressemblent pas sont dans l’anormalité. Sur cette base, on a promulgué à Kampala la loi autorisant l’écrasement des gens au comportement sexuel différent. A la proclamation de l’édit considéré par elles comme évangile, des communautés chrétiennes ont chanté et dansé avant de partir en croisade contre les homosexuels pour purifier l’œuvre de Dieu, Amour par-ci, Miséricorde par-là. Elles auraient tort cependant de se croire singulières ou seules à la manœuvre de purification de l’œuvre du Seigneur.

 Au Bénin, dans telle ethnie qui apprécie au plus haut point la pureté, l’ordre et la discipline, on tue à leur naissance les enfants qui naissent par le siège, étant entendu qu’un humain qui se respecte vient au monde la tête la première. Hélas, pour leur malheur, il y a des bébés qui continuent, malgré notre rigueur, à venir au monde par le siège. Partout au Bénin, nous n’entendons rien aux hommes et aux femmes gauchers. Dès que les parents dignes de ce nom s’aperçoivent de la gaucherie chez l’enfant, ils le tabassent jusqu’á ce qu’il entre dans l’ordre et la discipline de l’écrasante majorité droitière.

Quant aux femmes qui conservent des séquelles gauchères, elles se consumeront en célibat à cause du malheur qu’elles incarnent. Et nous nous demandons, avec effroi pour l’avenir des peuples qu’ils dirigent, si les Barack Obama, Benyamin Netanyahou et Mahmoud Abbas, qui écrivent et signent de la main gauche, ont eu des parents responsables. Il faut normaliser les anormaux, sinon les peuples courent à leur perte. Allant au-delà de la simple normalisation, qui garde vivant le normalisé, les Burundais et les Rwandais ont entrepris à maintes reprises la joyeuse purification ethnique, et c’est malgré leur ardeur purificatrice que, de part et d’autre, les Hutus et les Tutsis continuent de naître hutus et tutsis. Il faut donc toujours recommencer, et c’est fatigant à la longue. Au Bénin, nos quelques albinos troublent profondément notre sommeil, ils le troublent tellement qu’au réveil nous oublions de les tuer comme cela se fait logiquement ailleurs en Afrique. Logiquement, car un Noir doit naître noir et non pas blanc. Il peut se décaper ensuite la peau pour faire blanc et beau, mais il ne saurait être blanc et beau à la naissance : c’est contre le bon sens, l’ordre et la discipline de Dieu et de la nature.

 Le plus attristant et pas du tout gratifiant dans nos croisades pour en finir avec la différence et toutes les différences, c’est que la nature et le Créateur soi-même, Dieu d’Amour par-ci, Allah-Le-Miséricordieux par-là, semblent se moquer éperdument de nos efforts et n’en font qu’à leur tête manifestement éprise de diversité et de différences à profusion. Si nous prenons le frère Adolf Hitler, notre leader emblématique du refus et du rejet de l’autre, que n’a-t-il pas fait pour écraser les millions de gens dont l’existence et le facies ne lui plaisaient pas ? Et voilà que malgré son effort titanesque de broyage de l’autre différent de lui et de ses vues, il y a toujours des Juifs, des Tziganes, des homosexuels, des syndicalistes, des communistes, etc., tous gens qu’il a gazés industriellement. Instruits par cet échec colossal et par tous les autres échecs moins colossaux, nous devons arrêter maintenant le massacre de la différence. Arrêter le massacre de la différence en Ouganda, en Centrafrique et partout ailleurs dans le monde. Respecter l’autre différent de moi.

Amen. 

(Par Roger Gbégnonvi)

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