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Dépigmentation : La voie de la beauté aux conséquences dangereuses





Toute blanche, peau à deux tons, la majorité des femmes béninoises n’accepte plus être des femmes naturellement noires. Elles optent pour le changement de la couleur de leur peau : la dépigmentation ou « bojou » en langue nationale. La seule finalité, c’est de devenir une femme au teint clair. Malgré les problèmes de santé qu’elle cause, la dépigmentation continue de séduire les femmes béninoises qui bénéficient parfois du soutien de leurs copains ou leurs maris. Cette pratique touche, de nos jours, les femmes de tous âges et le phénomène évolue avec son lot de conséquences les unes aussi désastreuses que les autres.

La dépigmentation artificielle est devenue un véritable phénomène de société. Au Bénin, le teint clair est considéré comme un critère de beauté et le signe d’une certaine aisance sociale. C’est pourquoi de nombreuses femmes noires cherchent à se dépigmenter. Le phénomène a pris une ampleur considérable de nos jours. Ainsi, des femmes analphabètes à celles lettrées, toutes semblent ne pas pouvoir résister au désir de changer la couleur de leur peau. Complexe d’infériorité, effet de mode, choix esthétique, quelle que soit la justification, la dépigmentation reste un phénomène de société difficile à extirper du subconscient des femmes. Appelée « bojou » au Bénin, la dépigmentation est transformée en une obligation et fait objet de concurrence chez les femmes et surtout les jeunes filles des grandes villes de notre pays. Les causes de ce phénomène sont diverse et variées. Certaines femmes optent pour la dépigmentation parce qu’elles ne s’acceptent pas. Elles envient la peau claire des autres alors que chez d’autres, la pratique est liée à la pensée selon laquelle seules les femmes au teint clair ont de la valeur. On s’échine alors à se procurer les produits à cette fin dans l’ignorance de ces effets.

Le quitus des hommes
La dépigmentation est souvent pratiquée par certaines femmes parce que leurs compagnons les y encouragent. Ainsi, il n’est pas rare de rencontrer des femmes dont la source du financement de l’achat des produits pour le « bojou » provient de leurs maris ou leurs copains. Même s’ils ou elles ne confirment pas cette connivence, l’on rencontre souvent des couples dans lesquels les femmes ont le teint noir et, au bout de quelques mois, ce teint « obscur » cède sa place à une autre cette fois lumineuse. Avec complicité, les couples se trouvent des moyens pour rendre claire de la peau de la femme pour des raisons futiles. Le sieur Emmanuel T. est marié il y a trois ans. Il a confié qu’au début de son mariage, sa femme lui a proposé la pratique de la dépigmentation et qu’il ne s’y est pas opposé. « Lorsque ma femme m’a rejoint en 2010, elle m’a informé clairement qu’elle voulait se dépigmenter. Je ne m’y étais pas opposé. J’ai même contribué parfois à l’achat des produits qu’elle a déclarés nécessaires », a-t-il confié. Tel le sieur Emmanuel T., nombreux sont ces hommes qui avancent le même argumentaire pour donner de coup de main à leur femme dans la pratique, même s’ils n’ont pas de réponse à la question de savoir s’ils n’avaient pas vu la femme noire de teint avant de l’épouser. 
Ce n’est pas absolument étonnant de voir les hommes soutenir leurs compagnes dans la pratique de la dépigmentation d’autant plus que certains d’entre eux également s’adonnent à la même expérience. Telles les femmes donc, des hommes se dépigmentent la peau. Certains le font juste par plaisir, d’autres se disent artistes et se lancent dans la pratique comme si une enseigne a indiqué que l’homme au teint noir n’est pas capable de trouver l’inspiration nécessaire pour chanter une chanson pleine de messages objectifs et utiles à la société. La dépigmentation se généralise de nos jours et se pratique par les femmes en majorité mais aussi par les hommes qui ignorent ses conséquences qui sont silencieusement fâcheuses.

L’autre face de la dépigmentation
Eclaircir votre peau et se rendre belle vous avez dit ? Evidemment, vous aurez votre résultat. Nombreux sont-ils ces femmes et hommes pratiquants de la dépigmentation pour l’éclaircissement de leur peau. Après quelques mois, le résultat transparaît. La fille que l’on connaissait de teint clair, ressurgit au bout d’un temps donné toute claire. C’est l’œuvre de ces produits conçus la plupart pour cette finalité ou souvent fabriqués par les pratiquants eux-mêmes à travers le mélange de plusieurs produits dont ils ignorent les constituants. Ces procédés qui ne sont absolument pas naturels sont fortement déconseillés car ils fragilisent l’ensemble du système immunitaire de la peau de l’homme. Le « bojou » n’est donc pas sans conséquences diverses. Au premier rang, une conséquence au plan de l’esthétique. Celle qui se dépigmente pour rendre claire sa peau se voit, par la suite, multicolore tel un caméléon. Les genoux, le revers de la main et les orteils noirs, le dos semi noir semi clair tacheté de boutons incolores ; ainsi se présente la femme qui se dépigmente la peau. L’esthétique qu’elle escomptait est ainsi dégradée. Certaines femmes découvrent donc leur peau devenir multicolore sur la zone où le produit a été appliqué alors que d’autres voient apparaître des vergetures, de l’acné, ou une atrophie de leur physique. Tous ces effets, à en croire le médecin Benoît Kouhakanou, sont des conséquences connues des corticoïdes lorsque leur utilisation est prolongée. Le phénomène de la dépigmentation, loin d’être uniquement un moyen de se faire une peau belle, dévoile souvent sa seconde face qui est complètement ignorée par bon nombre des pratiquants. La dépigmentation ne limite pas ses conséquences à la simple complication au niveau esthétique.

Des conséquences fatales aux amatrices de « bojou »


Par définition, la dépigmentation est l’usage de produits dans le but de s’éclaircir la peau. « Cet éclaircissement se fait par la destruction de petites cellules existant sous la peau. Ce sont ces cellules, appelées mélanines qui produisent du pigment noir et protègent la peau contre les rayons solaires et le cancer de la peau », a indiqué le médecin Benoît Kouhakanou. C’est dire donc qu’à côté des complications esthétiques que cause la dépigmentation, il en existe qui compromettent la vie des pratiquants. Parmi celles-ci, a indiqué le médecin, on note des infections qui tuent par chocs septiques. Les femmes utilisent différentes sortes de produits pour se dépigmenter. A en croire le médecin, ces produits contiennent le plus souvent des dermocorticoïdes d’activité très forte, de l’hydroquinone, ou des dérivés contenant du mercure qui sont présentés sous forme de crèmes, gels, laits corporels ou savons qui sont appliqués sur de longues périodes sur une grande surface de peau. Les conséquences sont locales, globales et systémiques car ces substances passent facilement dans le sang. « Ces produits entraînent des effets non dermatologiques : altération osseuse, hypertension artérielle, diabète, complications rénales et neurologiques. Ils exposent aussi l’enfant à des risques toxiques en cas d’utilisation chez la femme enceinte ou allaitante. Les conséquences sont importantes. Parmi celles-ci, on note l’apparition de cancers, notamment de carcinomes épidermiques. Les produits cosmétiques à base d’hydroquinone gomment en surface tout le pigment noir. Ceci alors que l’utilisation de l’hydroquinone requiert une préparation préalable de la peau pour accélérer l’éclaircissement et obtenir un teint plus ou moins uniforme. Pour cela, les femmes utilisent de l’eau de Javel, de la potasse, du shampooing Dop pour se frotter vigoureusement la peau dans le but d’éliminer la mélanine qui se trouve en surface, avant d’appliquer le produit qui se chargera de la destruction de la mélanine en profondeur. Il y a, ensuite, des allergies qui se manifestent par l’apparition de boutons sur tout le corps, des noirceurs des parties de la peau exposées au soleil.
Ce qui est inquiétant et déplorable, c’est que dans certains cas, la gravité de ces allergies peut entraîner la mort », a ajouté Benoît Kouhakanou. Il a également tenu à prévenir, pour finir, que l’usage des dépigmentants combiné aux rayons ultra-violets du soleil entraîne un vieillissement prématuré de la peau qui se manifeste par des rides et des plis sur tout le corps.

Urgence d’abandonner le teint clair par forcing
La dépigmentation prend de nos jours une ampleur inquiétante. Face à une situation aussi dangereuse où les amatrices des produits dépigmentants, bien qu’elles vivent au quotidien les conséquences physiques de la pratique, continuent de foncer, la formation et l’information à leur égard s’imposent. Il urge donc d’expliquer aux femmes les risques auxquels elles s’exposent à travers cette pratique. Elles doivent abandonner le changement du teint de la peau, car l’obtention d’une peau claire par forcing est la voie d’une beauté aux conséquences dangereuses. C’est pourquoi le médecin Benoît Kouhakanou a indiqué qu’« il ne faut pas proposer autre chose à ces femmes si ce n’est d’arrêter cette pratique car, ce serait leur faire croire qu’elles peuvent se dépigmenter et c’est une illusion. Si les Noirs peuvent vivre sous le soleil, c’est parce qu’ils sont noirs ». Les utilisateurs des produits pour la dépigmentation exposent leur vie et doivent prendre conscience de cela. Ainsi, les femmes doivent accepter leur peau naturelle et les hommes qui les encouragent à la dépigmentation doivent se résigner, car la peau naturelle est belle, solide et n’a pas besoin de ces produits dégradants qui ne font que l’intoxiquer.
Les amatrices de ces produits dépigmentants connaissent très bien tous les rouages de la pratique. Ce qu’elles ignorent, ce sont les conséquences désastreuses sur leur santé.

 Clément WINSAVI 


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