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Les deux plus gros scandales financiers de la gouvernance du Président Boni Yayi ne peuvent laisser aucun béninois indifférent. Nous ne sommes pourtant pas en présence d’une farce. Il s’agit bien d’un gros scandale d’Etat, voire d’un parjure. Qui croit guiller Guillot, Guillot le guille hélas. Comment tout un gouvernement peut être ainsi berné par un seul individu ? C’est peu glorieux pour un gouvernement de docteurs et d’économistes, la crème des crèmes de l’intelligentsia béninoise nous a-t-on dit.
Ces deux scandales viennent rallonger la liste déjà impressionnante des scandales de l’ère Yayi. On se souvient, comme si c’était hier, des scandales Cen-Sad et ICC services. Dans cette dernière affaire, ce sont des analphabètes qui ont réussi à piller l’économie des pauvres et naïfs citoyens, au nez et à la barbe des hauts cadres du « quartier latin de l’Afrique ».
Concernant le coton, l’or blanc du Bénin, il a fallu attendre un audit des experts étrangers pour finalement constater le coup d’épée dans l’eau de tous les déplacements du Président Yayi sur les champs, en compagnie des producteurs désabusés. On découvrit alors que certains ministres sont des chefs d’entreprises de distribution des intrans au mépris de la bonne gouvernance et de toutes les conventions internationales.
L’affaire qui défraye la chronique actuellement concerne le PVI (Programme de Vérification des Importations), la société BENIN CONTROL SA et l’Etat béninois.
Il s’agit du plus gros scandale politico-financier de ces cinquante dernières années au Bénin. De quoi s’agit-il ?
Un richissime Homme d’affaires béninois aurait fait un prêt au Président sortant pour financer la campagne de sa réélection. Comme il n’est pas un philanthrope, il aurait demandé une garantie à l’emprunteur en cas de son échec au scrutin présidentiel du 11 mars 2011 au Bénin. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, à un mois des élections présidentielles, le Président de la République aurait autorisé, par contrat du 09 février 2011, la concession du poumon économique du pays (dont les recettes sont essentiellement fiscales), le Port Autonome de Cotonou à son ami qui n’est autre que le bras financier de sa réélection. Comme le ridicule ne tue pas sous les tropiques, la société BENIN CONTROL SA est créée ce même mois de février et n’a donc aucune expérience en matière de gestion portuaire.
En droit des affaires, une telle entreprise aurait dû présenter un bilan des trois dernières années d’exploitation. Même un étudiant novice en deuxième année de droit sait cela. Mieux, l’article 49 du contrat donne compétence exclusive à un tribunal arbitral pour connaître des litiges nés de l’exécution dudit contrat. C’est imparable car l’article 1134 du Code civil est formel et vient au secours de BENIN CONTROL SA :
« Les conventions légalement signées tiennent lieu de loi à ce qui les ont faites. Elles ne peuvent être révoquées que de leur consentement mutuel ou pour les causes que la loi autorise. Elles doivent être exécutées de bonne foi ».
La cause est donc entendue.
Le gouvernement béninois ne peut pas résilier unilatéralement un contrat qu’il a consciemment signé. Mieux, le contrat a été renforcé par un décret pris en Conseil des ministres.
Que le gouvernement de mon pays se lance dans une campagne médiatique pour essayer de noyer le poisson est une bêtise absolue.
« Nemo auditur propriam turpitudem allegans » !!! Cette maxime latine signifie tout simplement que nul ne peut se prévaloir de sa propre turpitude. Depuis le début de l’affaire, aucun ministre n’a démissionné. Aucun cadre de la République ne s’est donné la mort. Aucun n’est en prison non plus. C’est circulez, y a rien à voir. Sous d’autres cieux, les choses ne se passent pas comme cela.
Pour mémoire, Roger-Patrice PELAT, l’ami de cinquante ans de François Mitterrand, s’est laissé mourir après qu’il fut auditionné par la SEC, le gendarme américain de la bourse, dans une affaire de délit d’initié. De la même manière, l’ancien Premier Ministre, Pierre Bérégovoy, se tira une balle dans la tête le 1er mars 1993 à Nevers. Nommé Premier ministre, Pierre Bérégovoy se présentait comme le chantre de la lutte contre la corruption affairiste et politique. Il mettra fin à ses jours concernant un prêt que lui aurait accordé Roger-Patrice PELAT.
Que restera-t-il à la génération Yayi après dix ans de pouvoir d’Etat ? Faudra-t-il penser comme Léon Bloy :
« Le sang du pauvre, c’est l’argent. On en vit et on en meurt depuis des siècles. Il résume expressivement toute souffrance ». Le pragmatique que je suis continuera de se tourner vers le monde réel. Pour moi, n’est vrai que ce qui a des conséquences réelles sur le monde. C’est ce pragmatisme qui m’oppose profondément à la génération Yayi. Cette génération est parée de certitudes.
Pour elle, c’est l’idéologie qui fonde son engagement. Or, selon Friedrich Engels, l’idéologie est un processus que le soi-disant penseur accomplit sans doute consciemment, mais avec une conscience fausse. C’est la fausseté de cette conscience qui, si elle n’est pas corrigée, risque de faire fuir tous les investisseurs privés du Bénin à cause de l’insécurité juridique érigée en doctrine d’Etat.
Benoît ILLASSA
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