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« Mettre l’accent sur l’industrie et les services, plus que le secteur agricole » dixit Carlos Lopes






Cela fait maintenant un an que Carlos Lopes a été nommé Secrétaire exécutif de la Commission économique pour l’Afrique (CEA), qui a son siège à Addis-Abeba (Éthiopie). M. Lopes, qui a rang de Secrétaire général adjoint, est chargé de promouvoir le développement économique et social de l’Afrique et de favoriser l’intégration régionale.

Dans cet extrait d’un entretien accordé à Kingsley Ighobor d’Afrique Renouveau, il livre son point de vue sur la situation économique de l’Afrique, ainsi que ses espoirs pour l’avenir.

Le Rapport économique sur l’Afrique 2013 ressemble beaucoup à celui de 2012. Qu’est-ce qui a changé au cours de l’année écoulée ?

Ce sont les mentalités et les priorités, peut-être plus que l’économie, qui changent profondément. Nous travaillons avec la Banque africaine de développement et la Commission de l’Union africaine sur le programme Vision 2063 - le cap est mis sur les 50 prochaines années. Nous avons convaincu les Ministres africains des finances d’approuver le projet de transformation des économies africaines et de mettre l’accent sur l’industrie et les services plus que le secteur agricole. Il faut engager ce processus dès maintenant, pour trois raisons. D’abord, parce que les grandes transformations se font en période de croissance plutôt que de récession, ainsi que, deuxièmement, lorsque la population urbaine s’accroît, comme c’est le cas en Afrique. Enfin, elles bénéficient toujours d’un bon environnement macroéconomique, ce qui là encore est actuellement le cas. Nos réserves atteignent 500 milliards de dollars, leur plus haut niveau historique. L’inflation est de 7 % en moyenne. Nous avons désormais un système de réglementation, en particulier dans le secteur financier, et les déficits sont maîtrisés. L’industrialisation sera la clé de cette transformation.

Selon vous, l’Afrique peut se permettre d’accorder moins d’importance à des ressources telles que le cacao ou le coton, au profit d’autres ressources ?

Certainement. D’abord parce que l’Afrique est en position de monopole sur certains de ces marchés et peut donc obtenir des termes favorables pour l’achat de matières premières comme le cacao. Ensuite, se battre sur ces questions est contre-productif, parce que l’Europe ne lâchera rien. L’avenir de l’Afrique dépend de l’industrialisation, et non des matières premières agricoles. Il faut bien sûr produire des denrées agricoles ; c’est essentiel. Mais il faut les produire pour l’Afrique.

Peut-on opérer une telle distinction, entre industrialisation d’une part et production de matières premières agricoles d’autre part ?

Je ne sépare pas les deux. Si l’industrialisation est une nécessité pour l’Afrique, elle doit s’appuyer sur les matières premières. Et cela concerne aussi les matières premières agricoles, mais quelques-unes seulement. Je pense au cacao et au coton, mais aussi au sucre, pour lesquels un marché existe. Pour le reste, la production agricole africaine doit être destinée à la consommation africaine. Je préfère éviter les expressions du type sécurité alimentaire, qui ont trop de connotations et évoquent l’aide à apporter à ceux qui sont touchés par les sécheresses. Il s’agit de bien plus que cela. Nous devons surtout créer un marché pour la consommation des produits agricoles du continent.

Revenons à l’intégration. Il semblerait que l’activité économique se concentre au niveau régional plutôt qu’au niveau du continent.

La Zone africaine de libre échange est une initiative qui dit haut et fort que l’avenir appartient aux blocs régionaux constitués par les communautés économiques régionales. Le problème, c’est qu’actuellement les communautés économiques régionales ne se développent pas toutes au même rythme. Des différences de taille existent entre les performances de la Communauté d’Afrique de l’Est et celles de l’Union du Maghreb arabe. Les investisseurs veulent savoir si ce qu’ils investissent dans un pays va pouvoir rayonner dans une direction donnée quelle qu’elle soit. Ils veulent pouvoir se dire que leur position clé dans ce port ou dans cette ville, sur tel pôle indutriel ou tel centre d’innovation technologique leur donne un avantage - et c’est cela qui compte avant tout. Vous semblez mettre beaucoup l’accent sur les investissements directs étrangers. Le commerce intra-africain en revanche ne représente que 12% de l’activité économique.

Comment arrivez-vous à ces 12% ? De quelles statistiques parlez-vous ?

Ces chiffres viennent de votre institution. La plus grande part du commerce intra-africain est informelle. Tout le monde le sait ; il suffit de se rendre à n’importe quel point de passage important d’une frontière donnée. Si vous observez ce qui s’y passe, vous découvrez que 80% des transactions sont informelles. Si de tels chiffres ressortent pour un poste-frontière, imaginez ce qu’il en est pour tous ceux qui n’ont pas pris la peine de passer par ce poste pour franchir la frontière.

Vous estimez donc que le commerce intra-africain représente plus que 12% ?

Ce que je dis, c’est qu’il est officiellement à 12%, mais qu’il faut préciser d’une part que ce chiffre ne tient pas compte des transactions informelles, et d’autre part que ce sont des statistiques déjà anciennes. Voilà la réalité. Cela dit, il n’y a aucun doute possible sur le fait que ces chiffres sont très en-deçà de ce qu’ils devraient être.

Vous évoquez la date de 2017 pour l’établissement de la zone de libre-échange continentale africaine. Pensez-vous qu’elle aidera au développement du commerce intra-africain ?

La zone de libre-échange continentale est surtout l’expression d’une ambition. Aujourd’hui, l’expression d’une ambition quelle qu’elle soit de la part des dirigeants africains doit être vue comme un signe fort - le signe d’une confiance en soi. Mais techniquement, c’est difficile à mettre en oeuvre.

La Chine est actuellement le plus grand partenaire commercial de l’Afrique. Nombreux sont ceux cependant qui considèrent que les Chinois prennent beaucoup plus à l’Afrique qu’ils n’y investissent.

L’Union africaine a pris une décision. Elle a mis un frein aux nouveaux partenariats et demandé que les partenariats existants soient réexaminés. Quand je parle des relations avec la Chine, j’aime donner ce chiffre qui donne une idée précise de la situation : la totalité des investissements en Afrique représente 5% du total des investissements chinois à travers le monde.

Depuis votre nomination l’année dernière en tant que Secrétaire exécutif de la CEA, vous avez commencé à engager des réformes.
Quel est votre objectif ?

Nous devons nous spécialiser dès maintenant sur le savoir lié aux activités économiques de l’Afrique. Pour cela, il faut concentrer notre énergie sur les statistiques, ce qui suppose d’être capable d’offrir des profils par pays qui permettent d’identifier les meilleures économies africaines au monde. Cela nous ramène à la spécialisation. Dans ces différentes composantes, la CEA doit se spécialiser.

Comment les statistiques que vous générez impactent-elles les économies des pays concernés ?

L’impact est énorme. La planification est impossible sans statistiques fiables. Et les statistiques peuvent être améliorées en Afrique. Nous regroupons actuellement les agences de l’ONU qui ont des responsabilités en matière statistique au sein d’une vaste initiative de soutien des Nations Unies à la statistique africaine. Mais pour réussir, nous devons démontrer que nous sommes leaders dans ce domaine, et que nos capacités sont indiscutables.

Pour finir, quelle est votre vision personnelle pour l’économie africaine ?

Je suis convaincu qu’économiquement, l’Afrique va émerger. Il ne fait aucun doute pour moi que le continent est fort et qu’il a vocation à devenir économie émergente pour reprendre l’expression consacrée. D’ici à 2040, je suis certain que la plupart des pays africains seront des pays à revenu intermédiaire et que nous aurons à notre actif une main d’œuvre importante - la plus importante et la plus jeune du monde, tous continents confondus.

Source : Agence Ecofin

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