mardi, 16 avril 2024 -

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Et si Me Adrien Houngbédji était l’actuel Président de la République ?






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A l’instar du poète français Léo Ferré qui inventa le « conditionnel de variété », par les temps qui courent, il serait intéressant de conjuguer certains de nos hommes politiques de premier plan au « conditionnel de présidence » ; c’est-à dire nous questionner sur ce qu’ils auraient fait s’ils avaient été élus présidents. L’homme que nous suggère cette conjugaison prospective est tout naturellement M. Hungbéji. Si Me Adrien Hungbéji avait été élu président en 2011, c’est-à-dire si MM. Yayi et Bako n’avaient pas trafiqué la Lépi pour lui voler son élection dans un K.-O. de sinistre mémoire, le Bénin ne serait sûrement pas dans les mauvais draps où il se trouve aujourd’hui. Le pays ne serait pas dans les tensions et incertitudes politiques qui le minent ; peut-être se serait-il affranchi de quelques vieux démons ; mais peut-être aussi que sans tomber aussi bas dans l’abîme où l’ont plongé nos super économistes de la BCEAO appelés obligeamment à son chevet en 2006, il n’aurait pas terriblement avancé sur les plans économiques et sociaux. Parce que, à l’évidence, le problème de fond du Bénin n’est ni M. Yayi ni même ceux qui l’ont précédé, ou ceux dont il a pris la place malhonnêtement et sans états d’âme. Le problème de fond du Bénin réside dans nos mœurs et notre mentalité, qui se déteignent sur la politique. Et tant que nous ne changerions pas celles-ci, nous serons toujours au même point. Deux éléments parmi d’autres.
1°. Notre rapport au travail.
La classe des Zemijan de Cotonou en est un exemple. Comment comprendre que tant de gens s’entassent dans une petite ville comme ça à se contenter de tourner en rond dans une vie de misère alors qu’il y a tant à faire à l’intérieur des terres ? L’agriculture et les travaux de ferme, comme en donne l’exemple la structure Songhaï, sont une source potentielle de richesse, de travail, de bonheur et de réussite dans la vie. Mais tout le monde préfère s’enfumer dans les villes, à tourner en rond et terminer une vie sans relief ; se faire instrumentaliser par les écuries politiques qui, au lieu d’avoir honte de l’existence même de la corporation des Zem qui est la preuve vivante de leur échec, s’en donnent à cœur joie d’exploiter l’impact médiatique de leur uniforme.
2°. Les liaisons dangereuses entre la politique et les hommes d’affaire. L’autre exemple de notre blocage peut être tiré de la conférence qu’a tenue récemment un aréopage de députés et anciens députés qui ont eu l’idée originale de décentrer la thématique politique jusqu’ici polarisée sur les fantasmes de présidence à vie de M. Yayi, de leurs retombées et des passions qu’ils suscitent. Dans leur conférence consacrée à la dégradation de l’environnement des affaires, ces Mousquetaires politiques ont exposé à travers les cas de quelques figures saillantes du monde des affaires ce qu’ils considèrent comme l’acharnement du pouvoir contre les opérateurs économiques. Leur démonstration ne fait l’ombre d’aucun doute sur le fond. La problématique soulevée, loin d’être spécieuse est constituée et d’une gravité dommageable à l’économie nationale, la cohésion sociale et le progrès du Bénin. Là-dessus il n’y a pas de doute. Mais à en juger par le compte rendu de leur conférence dans la presse, ni leur questionnement ni leur démonstration ne s’est confronté au problème du rapport incestueux existant entre les grands opérateurs et le pouvoir. Tout se passant comme si la nature incestueuse de ces rapports allait de soi. Il y a une politisation scandaleuse — des acteurs principaux de la vie économique, un mélange des genres, un greffage vicieux du personnel politique sur le tronc économique et vice versa ; greffage qui est source de corruption et d’impunité, empoisonne la vie politique et paralyse sinon nuit à la sérénité des affaires économiques. Le Bénin n’a pas l’apanage de ces liaisons dangereuses mais chez nous, elles sont systématisées, institutionnalisées, opérées sans vergogne ni scrupule, portées au niveau d’un art et d’une éthique dont les bénéficiaires ne font pas mystère.
De telle sorte que cette interpénétration occulte est l’une des causes de nos maux. Et c’est précisément ce sur quoi nos vaillants conférenciers ont fait un troublant silence, qui jure avec leur volonté affichée d’objectivité. Le nombre de députés ou d’hommes politiques qui n’utilisent la politique que pour protéger leurs affaires, et les affaires pour accroître leur puissance politique, ce nombre n’est pas négligeable au Bénin. De Séfu Fagbohun à Patrice Talon en passant par Ajavon, Saley et autres, tous ces transhumants politico-économiques qui un jour sont avec le gouvernement et le lendemain contre lui parce que le pouvoir décide d’effacer ou de leur imputer une ardoise fiscale de plusieurs milliards de nos francs.
Or donc, de cette vérité collatérale fondamentale nos mousquetaires de la mise à nu des vices du pouvoir n’ont pipé mot, parce que quelque part ce sont des pratiques dans lesquelles à un moment donné ou à un autre ils se sont peut-être reconnus ou ont eu de loin ou de près leurs intérêts.

Et puis par-dessus tout le catalyseur de ces causes éthiques sinon l’élément incitateur reste l’irresponsabilité, la dénégation et l’impunité dans tous leurs états ; l’un de ces états par exemple se traduit par le fait que les hommes politiques qui se sont trompés ou qui ont commis des fautes ou des erreurs graves ne prennent jamais la peine de s’en excuser publiquement ; de renoncer à la carrière politique sans aller jusqu’à leur demander de se suicider comme cela se fait sous d’autres cieux alors que parfois les crimes dont ils se sont rendus coupables n’auraient pas mérité moins que la peine de mort.
Certes ces deux ou trois points sont loin d’épuiser la source de nos maux, qui justifient qu’après plus d’un demi-siècle d’indépendance, 20 ans de renouveau démocratique et bientôt 8 ans d’un régime qui avait promis le changement avec à sa tête une noria d’économistes putatifs, notre pays en arrive à dégringoler dans les abîmes de la médiocrité économique, sociale et humaine : troisième plus pauvre pays en Afrique et huitième plus pauvres dans le monde.
Mais tout ceci n’était que digression introductive. Ne perdons pas de vue que la réflexion initiale ne visait pas à inventorier les causes de nos maux, loin de là. L’intention de départ était purement grammaticale : le conditionnel de présidence appliqué à Hungbéji. Et la question est celle-ci : en supposant que Me Adrien Hungbéji n’eût pas été volé de son élection qu’est-ce que le président de la république qu’il aurait été aurait fait que l’actuel président n’a pas fait ; ou qu’est-ce qu’il n’aurait surtout pas fait que l’actuel président a fait ou est en train de faire ?
N’étant pas dans le secret des dieux, il était, on s’en doute, plus judicieux de connaître cette vérité à la source, sachant qu’il est plus facile d’énoncer ses intentions au conditionnel que de les conjuguer au présent. Heureusement selon un recoupement effectué en aveugle auprès d’un grand nombre de militants, de sympathisants voire de proches conseillers du Président Adrien Hungbéji, il ressort une double synthèse positive et négative des actes de ce dernier :

Dix choses que le président Adrien Hungbéji aurait faites que Yayi n’a pas faites

Selon un observateur :

1. La construction du siège de l’Assemblée Nationale
2. Le règlement des affaires Dangnivo, ICC et Cen-Sad
3. La mise en place effective du PVI qui n’aurait pas été confié à Talon et consorts
4. La révision appropriée de la LEPI
5. L’Institutionnalisation de la CENA sans passer par la révision de la constitution
6. La réforme objective de la filière coton sur la base de nombreuses expertises qui dorment dans les tiroirs.
7. La mise en place d’une réforme agraire pour relancer la filière du palmier à huile et les céréales sans la création des CARDER
8. L’organisation à temps des élections municipales
9. La réforme du code minier et l’évaluation du projet d’exploitation pétrolifère (ex SAGA) avant de confier la re-exploitation du champ pétrolier de Sèmè à SAPETRO du Nigéria
10. La mise en exploitation de la centrale au gaz de Gletta et diminuer de façon significative le délestage en établissant un véritable partenariat avec la NEPA au Nigéria
11. La fin de l’impunité et le respect des institutions, y compris le règlement du contentieux de la ville de Cotonou avec le gouvernement.

Selon un sympathisant

a) Au titre des choses qu’il n’aurait pas faites que Yayi a faites ou est en train de faire.


1. Il n’aurait pas cherché à caporaliser les institutions de la République

2. Il n’aurait pas encouragé le non accès des courants politiques différents du sien aux médias publiques

3. Il n’aurait pas mis tant de ressources, d’énergie et de temps des ministres et cadres au service d’une seule filière agricole (coton)

4. Tout en respectant le secteur privé, il n’aurait pas fait preuve de tant de collusions

5. Il n’aurait pas fait preuve de tant de confiscations des libertés.

6. Il n’aurait pas mis la charrue avant les bœufs en de nombreuses occasions

b). Au titre des choses qu’il aurait faites que Yayi n’a pas faites,.

1. Il aurait pris les dispositions urgentes pour la correction de la LEPI (vu les conditions qui ont précédé les élections)

2. Il aurait pris les dispositions pour que les élections communales aient lieu à bonne date

3. Il aurait initié un dialogue social franc et sincère

4. Il aurait lancé les audits des organisations publiques, rendu publics les résultats et pris les mesures qui s’imposent

5. Il aurait laissé chaque ministre gérer son ministère en mettant l’accent sur la reddition effective des comptes (avec des dispositions concrètes) et non être le Président omniprésent (le matin dans les champs de coton, à midi au port avec les dockers, l’agrès midi à l’inauguration d’une petite usine de jus de fruit, le soir à la salle du peuple du palais de la république avec les zemidjans)

6. Il aurait commencé à donner à chaque étudiant un ordinateur et pris les dispositions pour faire effectivement du Bénin, un quartier numérique

7. Il aurait donné la preuve d’une véritable lutte contre la corruption

8. Il aurait allégé le palais de la république des « budgétivores »

Selon un militant

1. De par l’ampleur des forces politiques qui ont soutenu la candidature du président Adrien Hungbéji, il composerait un gouvernement qui aura, de par les compétences et le souci de l’équilibre régional, l’assentiment de la majorité de nos concitoyens.

2. Le président Adrien Hungbéji prendrait rapidement un décret d’application de la chartre de l’opposition qui permettrait à l’opposition de jouir de ses prérogatives constitutionnelles afin de bien jouer son rôle et favoriser le dialogue politique.

3. Le président Adrien Hungbéji œuvrerait sans délai pour que les institutions de l’État recouvrent leur crédibilité par un dialogue politique franc et le respect des prérogatives de chacune d’elle.

4. Le président Adrien Hungbéji revisiterait les états généraux sur les différents secteurs de la vie publique, mettrait en place des commissions chargées de faire le point de chacun d’eux, de les mettre à jour et de proposer un ordre de priorité des recommandations.

5. Le président Adrien Hungbéji proposerait rapidement à l’opinion publique un programme d’actions pour traduire en réalité son projet de société en conformité avec le projet Bénin Alafia 2025.

6. Le président Adrien Hungbéji convoquerait une table ronde des bailleurs de fonds pour leur expliquer son projet de société en vue de susciter leur accompagnement.

7. Le président Adrien Hungbéji proposerait un plan de développement harmonieux des régions du Bénin.

8. Le président Adrien Hungbéji créerait un climat de confiance, promouvrait les libertés individuelles, celle de la presse et donc la pluralité des opinions et assainirait le climat des affaires.

9. Le président Adrien Hungbéji consulterait chaque fois qu’il sera nécessaire les forces sociales en vue de la paix sociale.

10. Le président Adrien Hungbéji présiderait les Conseil des ministres et veillerait scrupuleusement à l’exécutions des décisions qui en sortiront.

Cette conjugaison de Me Adrien Hungbéji au conditionnel de présidence est fort édifiante. Comme cela a été rappelé, il est plus aisé d’énoncer ses intentions au conditionnel que de les conjuguer au présent. Mais avec l’expérience de l’homme, son désintéressement et sa pondération que personne ne peut mettre en doute, il est fort à parier que si le Bénin n’aurait pas été transformé en l’espace d’une demi-douzaine d’années en un dragon de l’Afrique comme le promettaient certains, les choses n’auraient pas été sur le plan socioéconomique aussi funestes qu’elles le sont maintenant. Sur le plan politique, on voit mal Me Adrien Hungbéji en train de faire une fixation sur la révision de la constitution dont le peuple ne veut pas, et qui est source de tension. Mais ce que cette conjugaison nous apprend par ricochet, c’est que hormis les défauts et les idiosyncrasies ou les qualités de ses prétendus ou possibles présidents, le Bénin est surtout confronté à des obstacles d’ordre éthiques qui rendent raison de sa difficulté à progresser en dépit de ses nombreux atouts. Bien que Yayi Boni soit indéniablement source de problèmes, le véritable problème du Bénin ce n’est pas Yayi Boni, mais nous-mêmes, dans nos pratiques, nos mœurs et notre mentalité, qu’il nous tarde de changer. Ceux qui ont passionnément contribué à écarter Me Adrien Hungbéji de la présidence doivent aujourd’hui méditer les implications de leurs actes. Cette méditation exprimée et partagée peut ouvrir la voie à une éthique de la responsabilité dont notre pays a besoin pour avancer.


Par la rédaction de Binazon Avèkès

* Titre modifié par la la Rédaction

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