Peut-être plus que jamais, le Bénin a, ces dernières années, l’opportunité d’apprendre à ses dépens le prix à payer lorsqu’on manque de respecter les procédures ou les règles de l’art dans la conduite des affaires d’une nation. Pour le prouver, les exemples foisonnent dans tous les domaines de la vie de la nation. Mais contentons-nous du domaine de la justice, puisque l’actualité nous en donne l’opportunité.
Si les procédures comptent quelque part mieux qu’ailleurs, c’est justement dans ce qu’on appelle « les procédures judiciaires ». Et lorsqu’il s’agit de « procédures judiciaires » dont les enjeux sont la vie du chef de l’Etat et la sécurité nationale, que dire ? Or, dans les affaires de tentatives d’empoisonnement et de coup d’Etat, les entorses aux procédures sont d’une telle gravité qu’il y a de quoi tomber des nues (voir article p.7). Personne n’oubliera qu’au tout début, l’amateurisme dans ce dossier est allé jusqu’à parler de drone au Bénin et d’éléments radioactifs tenus par des mains simplement couverts de gants ! Mon œil !
Au point où nous en sommes ces derniers jours, nous sommes en train de dépasser la préoccupation de savoir si Talon et les siens sont coupables ou victimes ou bien si Yayi et le pouvoir sont victimes ou bourreaux. Ce qui devrait désormais préoccuper le plus, c’est de dénoncer les entorses aux procédures et de veiller à leur respect pour les étapes à suivre dans ces affaires aux rebondissements multiples. En effet dans l’opinion, les positions sont fortement tranchées déjà. On est allé jusqu’à confier à Dieu la protection de ladite victime de tentatives d’empoisonnement et de coup d’Etat, au détriment du sort des coupables qui ne jouissent d’aucune présomption d’innocence.
Or les procédures existent pour protéger les uns et les autres et conduire à la manifestation de la vérité de manière à accroître la confiance des justiciables en leur système de justice, aussi humaine que soit cette justice. Sans compter que dans ce dossier dont une partie est gérée par la justice française, notre crédibilité et notre sérieux dépendent bien de la perception que l’opinion étrangère se fera de notre justice et de l’Etat de droit chez nous.
Ce qui se passe sous nos yeux, c’est un imprévisible retournement de situations par lequel une justice du fort est en train de se ridiculiser pour donner aux hommes de droit la chance de sauver notre justice.
André S. QUENUM
www.24haubenin.bj ; L'information en temps réel
1er juin 2013 par Judicaël ZOHOUN