Conformément à l’article 27 de ses statuts, l’Observatoire de la Déontologie et de l’Ethique dans les Médias s’est autosaisi des publications de huit journaux à savoir : ‘’Le Matin’’, ‘’Djakpata’’, ‘’Les 4 Vérités’’, ‘’Le Télégramme’’, ‘’L’Aurore’’, ‘’L’Actualité’’, ‘’Palmarès’’, et ‘’Le Meilleur’’ qui lui paraissaient attentatoires au code de déontologie de la presse béninoise.
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DES FAITS
Dans leurs parutions des 18 et 19 avril 2013, les journaux ‘’Palmarès’’, ‘’L’Actualité’’, ‘’Les 4 Vérités’’ et ‘’Djakpata’’ titrent respectivement à leur une :
« Affaire d’empoisonnement du Président de la République : Retour sur les faits qui confortent la thèse d’un plan d’assassinat »
« Tentative d’empoisonnement du Chef de l’Etat : Le scénario complet mis en place par les commanditaires »
« Dossier tentative d’assassinat du chef de l’Etat : Le plan sordide des détracteurs de Yayi Boni (Voici comment ils voulaient tuer le Président de la République et effacer les traces) »
« Eclairage au sujet de la tentative d’empoisonnement du Chef de l’Etat : Voici comment ils voulaient éliminer Boni YAYI sans trace »
Quant aux quotidiens ‘’Le Matin’’, ‘’L’Aurore’’, ‘’Le Télégramme’’ et ‘’Le Meilleur’,’ il est écrit respectivement dans les parutions du 23 avril 2013 à leur Une :
« Dossier tentative d’empoisonnement du Chef de l’Etat : Séance de dégustation populaire des médicaments de Talon »
« Affaire Talon : Voici les éléments qui plaident en faveur de l’extradition de l’homme d’affaires »
« Tentative d’empoisonnement du Président de la République : Incrédules, venez goutter aux médicaments du prétadeur Talon »
« Affaire tentative d’assassinat de Boni Yayi par empoisonnement : Les incrédules peuvent-ils servir de cobaye au laboratoire ? (Voici la chronologie de quelques faits qui ne sauraient dédouaner Patrice Talon) ».
Le développement :
Le Matin
Il est écrit à la page 10 du journal : « Dans ce que l’opinion publique nationale et internationale qualifie désormais ‘’d’affaire Talon’’, on pensait que le rapport d’analyse des produits toxiques effectués par les laboratoires du FBI aux Etats Unis allait enfin édifier les uns et les autres quant à la nature présumée criminogène des intentions de Patrice Talon vis-à-vis du Président YAYI Boni. Mais c’était sans compter avec la dextérité machiavélique de la mafia politico-intellectuelle qui est à la solde de celui qui aime s’appeler l’ennemi publique N°1 ». Cet article n’est pas signé.
L’Aurore
A la page 2 du journal, l’article incriminé s’articule en 26 points :
Au point n°20, il est écrit : « afin de mener à terme cette entreprise, Monsieur Patrice TALON a sollicité ‘’les services’’ de Monsieur Olivier BOKO, son bras droit ; et ensemble ils ont corrompu Messieurs Moudjaïdou SOUMANOU, ancien Ministre du commerce et Ibrahim MAMA CISSE, médecin personnel du Président de la République. »
Il poursuit et affirme au point 22 de son argumentaire : « Fort heureusement, l’entreprise de Monsieur Patrice TALON, prévue pour la nuit du 19 au 20 octobre 2012, a échoué au moment même où le Président s’apprêtait à se voir administrer les substances toxiques qui avaient été substituées à ses médicaments. » Cet article n’est pas signé.
Le Télégramme
Il est écrit à la page 10 avec photo illustrative de Patrice TALON et du Chef de l’Etat Boni YAYI ce qui suit :
« …ces esprits n’ont en effet pas craint le ridicule en faisant effrontément circuler par presse interposée l’information selon laquelle ce rapport dédouanerait plutôt Patrice TALON et son escadron de la mort. Face à un tel égarement intellectuel et cette insulte à l’intelligence du peuple béninois, on est bien tenté de demander à ces suppos du parrain de venir gouter à d’autres échantillons de ces produits incriminés pour nous démontrer la non dangerosité... » L’article n’est pas signé.
Le Meilleur
A la page 8 du journal et sous la plume du journaliste Dominique C. KUESSI, il est écrit :
« Les derniers développements de ce qu’il convient d’appeler désormais ‘’affaire tentative d’assassinat du Chef de l’Etat par empoisonnement livrent des révélations qui dissipent des doutes. Même les plus incrédules qui hier n’y croyaient pas et c’est à juste titre compte tenu du caractère criminel du dossier, commencent par croire un peu. Au même moment, il y en a qui continuent de penser que c’est un montage et que Patrice TALON est victime d’un complot qui serait orchestré par le Chef de l’Etat….. ». Plus loin il écrit : « Elimination physique du Président de la République. Le prédateur a eu recours à deux plans successifs : celui de l’empoisonnement et celui du coup d’Etat…. ».
Palmarès
A la page 2 du journal, on lit :
« … des sources proches de l’enquête, on avait appris que la liste desdits médicaments auraient été transmise à Patrice TALON par le médecin-commandant CISSE Ibrahim, alors médecin personnel du Chef de l’Etat afin que ces produits soient remplacés par des substances nocives mortifères. Cette hypothèse, entre temps réfutée par les défenseurs de la thèse du complot contre TALON semble pourtant se vérifier à l’analyse des résultats transmis par les laboratoires du FBI… » Cet article n’est pas signé.
Djakpata
A la page 3 du journal, il est écrit :
« … des sources proches de l’enquête, on avait appris que la liste desdits médicaments auraient été transmise à Patrice TALON par le médecin-commandant CISSE Ibrahim, alors médecin personnel du Chef de l’Etat afin que ces produits soient remplacés par des substances nocives mortifères. Cette hypothèse, entre temps réfutée par les défenseurs de la thèse du complot contre TALON semble pourtant se vérifier à l’analyse des résultats transmis par les laboratoires du FBI… » Cet article n’est pas signé.
L’Actualité
Il est écrit sous la plume de Juhson Kocouvi, à la page 12 du journal :
« … des sources proches de l’enquête, on avait appris que la liste desdits médicaments auraient été transmise à Patrice TALON par le médecin-commandant CISSE Ibrahim, alors médecin personnel du Chef de l’Etat afin que ces produits soient remplacés par des substances nocives mortifères. Cette hypothèse, entre temps réfutée par les défenseurs de la thèse du complot contre TALON semble pourtant se vérifier à l’analyse des résultats transmis par les laboratoires du FBI… »
DE L’INSTRUCTION
Conformément à l’article 16 de son Règlement intérieur, l’ODEM a interpellé les quotidiens ‘’Le Matin’’, ‘’Djakpata’’, ‘’Les 4 Vérités’’, ‘’Le Télégramme’’, ‘’L’Aurore’’, ‘’L’Actualité’’, ‘’Palmarès’’, et ‘’Le Meilleur’’ afin qu’ils puissent apporter les preuves de leurs écrits. A l’exception du journal ‘’L’Aurore’’, les quotidiens interpellés ont répondu à l’ODEM. Parmi ces journaux, seul le quotidien ‘’Le Meilleur’’ a accompagné sa réponse de documents dans le but de justifier son écrit.
Palmarès
Dans sa réponse en date du 02 mai 2013 monsieur Michel K. AHONON, Directeur de publication du journal ‘’Palmarès’’ affirme : « …seulement, nous sommes au regret de vous répondre que cette appréciation est précipitée puisse qu’il fallait attendre notre réponse à votre requête avant de conclure que les écrits sont attentatoires au code de déontologie. A moins que le but de votre auto-saisine soit ailleurs. Toutefois, nous nous ferons le devoir de vous fournir les éléments de preuve dont nous disposons à la seule condition que vous puissiez nous indiquer avec précision en quoi et comment l’article parait attentatoire au code de déontologie et quelles sont les dispositions du code qui sont violées… »
Le Matin
Dans sa réponse en date du 03 mai 2013, la rédaction du journal affirme : « Comme vous vous en douter, le quotidien Le Matin est l’un des organes de presse les plus respectueux du code de déontologie de la presse béninoise. La rédaction du journal s’est basée, en ce qui concerne la publication incriminée, sur le rapport d’analyse des produits, analyse effectuée par le laboratoire du FBI aux Etats-Unis d’Amérique. En tant que professionnel des médias, nous n’avons nullement l’intention de nuire à qui que ce soit ; parce que nous savons dissocier les parts des commentaires. »
Le Télégramme
Dans sa réponse en date du 06 mai 2013, monsieur Etienne HOUESSOU, Directeur de publication du journal ‘’Le Télégramme’’ développe : « … votre correspondance manque de nous situer sur les dispositions du code violées à votre analyse. Nous prions votre institution de lever ce préalable aux fins de nous permettre de nous tenir à votre disposition pour la suite… »
Le Meilleur
Dans sa réponse en date du 06 mai 2013, le Directeur de publication du journal, affirme : « En effet, Monsieur le Président, l’affaire dite ‘’tentative d’assassinat du Chef de l’Etat par empoisonnement’’ est un dossier que nous suivons régulièrement de très près comme beaucoup d’autres canards en vue d’informer véritablement nos lecteurs. Dans cette dynamique, nous avons publié dans notre parution 1130 du mercredi 16 avril 2013 le rapport du FBI qui a confirmé la présence de substance à caractère mortel dans les médicaments, objets de polémiques. Le retour que nous avons eu après cette publication est qu’il y a des lecteurs qui ne nous ont pas crus. C’est leur droit le plus absolu. Mais il nous revient pour notre crédibilité de les rassurer de la véracité de notre information. C’est pourquoi, nous avons publié l’article que vous incriminez en demandant aux sceptiques s’ils pouvaient expérimenter les produits eux-mêmes… »
L’Actualité
Dans sa réponse en date du 07 mai 2013, monsieur Magloire DATO, Directeur du journal L’Actualité affirme : « …seulement, nous sommes au regret de vous répondre que cette appréciation est précipitée puisse qu’il fallait attendre notre réponse à votre requête avant de conclure que les écrits sont attentatoires au code de déontologie. A moins que le but de votre auto-saisine soit ailleurs. Toutefois, nous nous ferons le devoir de vous fournir les éléments de preuve dont nous disposons à la seule condition que vous puissiez nous indiquer avec précision en quoi et comment l’article parait attentatoire au code de déontologie et quelles sont les dispositions du code qui sont violées… »
Les 4 Vérités
Dans sa réponse en date du 10 mai 2013, monsieur Blaise TOSSOU, Directeur de publication du journal ‘’Les 4 Vérités’’, développe : « …Monsieur le Président, vous avez affiché de façon péremptoire que notre publication N°286 du 18 avril 2013 parait attentatoire au code de déontologie de la presse béninoise. Permettez nous de vous dire que votre appréciation souffre à notre observation de circonspection et de prudence ».
Djakpata
Dans sa réponse en date du 10 mai 2013, monsieur Cyrille SAÏZONOU, Directeur de publication du journal ‘’Djakpata’’, affirme : « … en effet votre correspondance manque de nous situer sur les dispositions du code violées à votre analyse. Nous prions votre institution de lever ce préalable aux fins de nous permettre de nous tenir à votre disposition pour la suite … »
DE L’APPRECIATION
A l’analyse de ces publications, l’ODEM constate que :
- Les journaux, sur la base du rapport d’analyse des médicaments par le FBI, font des principaux accusés des coupables, alors même que le dossier est pendant devant les tribunaux qui n’ont pourtant rendu aucune décision dans ce sens.
- Les journaux ‘’Djakpata’’, ‘’Palmarès’’ et ‘’L’Actualité’’ ont produit intégralement le même contenu dans leurs articles.
- L’Aurore, Le Télégramme, Le Matin, Palmarès, Djakpata et Les 4 Vérités ont publié des articles non signés
- Le journal L’Aurore n’a pas cru devoir répondre à l’ODEM.
- Les journaux Djakpata et Le Télégramme, d’une part, Palmarès et L’Actualité, d’autre part, ont adressé à l’ODEM une réponse ayant le même contenu.
- Les documents que le journal Le Meilleur a adressés à l’ODEM en guise de preuve ne justifient pas la culpabilité des mis en cause comme alléguée.
- L’ODEM constate une légèreté dans le traitement de l’information, de même qu’un mélange de genre.
- L’ODEM relève que la parution de L’Aurore incriminée n’a pas d’ourse.
DE LA DECISION
1) Par ces motifs, l’ODEM condamne les journaux, ‘’Djakpata’’, ‘’Les 4 Vérités’’, ‘’Le Télégramme’’, ‘’L’Actualité’’, ‘’Palmarès’’, et ‘’Le Meilleur’’ ainsi que leurs Directeurs de Publication respectifs, messieurs Cyrille SAIZONOU, Blaise TOSSOU, Etienne HOUESSOU, Magloire DATO, Michel AHONON et Hermann OBINTI, de même que le journal Le Matin et son Directeur général, monsieur Moïse DATO, ainsi que L’Aurore et son directeur de publication pour violation des article 2 alinéa 1, 6 et 8 du code de déontologie de la presse béninoise.
L’ODEM condamne, par ailleurs, L’Aurore, Le Télégramme, Le Matin, Palmarès, Djakpata et Les 4 Vérités pour violation de l’article 13 alinéa 1 du code de déontologie de la presse béninoise.
Enfin, l’ODEM condamne fermement le quotidien L’Aurore pour violation de l’article 20 du code de déontologie.
a- Article 2 alinéa 1 : « Le journaliste publie uniquement les informations dont l’origine, la véracité et l’exactitude sont établies » ;
b- Article 6 :« Le journaliste s’interdit le plagiat, la calomnie, la diffamation, l’injure et les accusations sans fondement ».
c- Article 8 : « Le journaliste est libre de prendre position sur n’importe quelle question.
Il a l’obligation de séparer le commentaire des faits. Dans le commentaire, il doit tenir le scrupule et le souci de l’équilibre pour règles premières dans la publication de ses informations. »
d- Article 13 alinéa 1 « Le journaliste est responsable de ses publications, du choix des photographies, des extraits sonores, des images et de son commentaire, et ceci en accord avec ses supérieurs hiérarchiques.
e- Article 20 : « Tout manquement aux dispositions du présent code de déontologie expose son auteur à des sanctions disciplinaires qui pourront lui être infligées par les instances d’autorégulation des médias et les associations professionnelles.
Le journaliste accepte la juridiction de ses pairs, ainsi que les décisions issues des délibérations des instances ci-dessus mentionnées.
Le journaliste s’oblige à connaître la législation en matière de presse ».
2) L’ODEM condamne les journaux ‘’Le Matin’’, ‘’Djakpata’’, ‘’Les 4 Vérités’’, ‘’Le Télégramme’’, ‘’L’Aurore’’, ‘’L’Actualité’’, ‘’Palmarès’’, et ‘’Le Meilleur’’ à publier la présente décision conformément à l’article 31 alinéa 1er de ses Statuts qui précise : « Lorsqu’un média est concerné, la décision prise à son encontre doit être publiée par celui-ci, et reprise par les autres organes du paysage médiatique béninois, qu’ils soient publics, privés, audiovisuels ou écrits. »
Fait à Cotonou, le 15 mai 2013
Pour l’ODEM, le Président
Guy Constant EHOUMI
Ont siégé :
M. Guy-Constant EHOUMI, Président
Mme Berthe M. CAKPOSSA, Vice-présidente
M. Maurille CARLOS, Trésorier Général
M. Fortuné SOSSA, Rapporteur
M. Gaspard ADJAMONSI, Membre
Mme Aurore SAÏZONOU, Membre
M. Armel FERAEZ, Membre
M. Liamidi OLAONIKPEKOUN, Membre
M. Pierre MATCHOUDO, Membre
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16 mai 2013 par Judicaël ZOHOUN