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Opinion

Dynamique "alternative citoyenne" : l’autre nom du sursaut national ?




Il y a quelques jours, un groupe de citoyens béninois réunis sous l’appellation « alternative citoyenne » a publié un document de position sur la situation politique nationale intitulé : Trop c’est trop ! L’urgence d’une alternative citoyenne.

A peine avons-nous eu le temps de parcourir ce chef d’œuvre de courage et de perspicacité que nous sommes tombés sur les commentaires de certains « journalistes » sur le document.
Aussitôt, nous nous sommes remémorés cette pensée de Einstein : « Il y a deux choses qui sont sans limite : l’univers et la bêtise humaine. Encore que, pour le premier, je n’en ai pas encore acquis l’absolue certitude ».

Sinon, comment des intellectuels, qui plus est des journalistes censés être les témoins et les historiens de leur temps, osent-ils nier que l’analyse faite dans ce document correspond à la perfection à la réalité connue et ressassée au quotidien dans tous les cercles de discussion formels ou informels existant dans ce pays ?

Qui, au Bénin, ne sait pas que la justice a depuis longtemps perdu la balance de son symbole pour n’en garder que le glaive froidement manipulé par un pouvoir qui conçoit la démocratie comme une comédie où l’essentiel est de sauver les apparences, quitte à en travestir totalement l’esprit ?

Qui, au Bénin, ignore que la misère matérielle, intellectuelle et surtout morale a atteint un niveau inégalé depuis des décennies ; que le mensonge, la gabegie, le népotisme et l’exclusion sont désormais érigés en principes de gouvernement ?

Du K.O au chaos

Lorsque, candidat à sa propre succession, le président Boni YAYI a axé son projet de société autour du thème de la Refondation, il avait certainement pris conscience de l’état de dégradation atteint par la société béninoise. Bien entendu, s’il paraissait évident pour nombre de Béninois qu’il n’était pas étranger à cette situation – loin s’en faut ! – le Chef estimait, quant à lui que la faute en revenait à ses prédécesseurs. Soit ! Faisons une acrobatie intellectuelle surhumaine pour le lui concéder.

Mais alors, lorsqu’un Chef a pris conscience d’un contexte national aussi préoccupant et qu’il a été « réélu » dans des circonstances encore vives dans les mémoires, et qu’il nous paraît donc inutile de rappeler ici, que lui recommandent la Sagesse et l’esprit de Responsabilité ?

Dans un article intitulé « Quinquennat 2011-2016 : transformer le doute en espoir » , nous avions à l’époque suggéré au Président Boni YAYI de prendre acte de ce que le pays se trouvait dans une situation exceptionnelle, de former un gouvernement d’ouverture et de convoquer des Assises Nationales au cours desquelles les bases de notre société seraient revisitées, de nouvelles orientations adoptées et le quinquennat mis à profit pour réaliser les grands chantiers retenus et relancer notre pays sur la voie du développement.

Il est vrai que nous ne faisions guère d’illusions sur la capacité de ce régime à prendre en compte la totalité des suggestions que nous avions faites, mais nous ne nous attendions pas à l’option suicidaire de l’exclusion, du démantèlement méthodique de l’opposition, des menaces tous azimuts, de l’instrumentalisation d’un sentiment régionaliste savamment suscité et entretenu, du harcèlement des opérateurs économiques, bref de la destruction systématique du tissu social et économique du pays.

Chaque jour, le gouvernement de Boni YAYI a posé un pas de plus vers l’Inconnu, ayant réussi à mettre l’opposition politique à genoux, les institutions à ses ordres, les médias à sa botte, les chefs traditionnels et religieux à sa solde, la justice sous sa coupe. Tout le peuple ou presque s’est tu et a laissé faire, oubliant cette pensée profonde de Wolé SOYINKA : « L’homme continue de mourir en tous ceux qui se taisent face à la tyrannie ».

Car, ce qui se passe aujourd’hui n’a en réalité pas d’autre nom. Il s’agit d’une autocratie qui s’installe progressivement sous nos yeux hagards et nous laisse sans voix, abasourdis.

Pendant longtemps, nous avons tous cru naïvement que le Bénin est résolument démocratique désormais et que personne n’oserait pousser trop loin le bouchon de la tyrannie. Certains continuent même encore de croire de bonne foi que la situation n’est pas si grave et qu’on doit pouvoir encore trouver des motifs de fierté d’être Béninois. Nous voudrions bien y croire aussi et ce n’est pas l’envie de soutenir nos dirigeants qui nous manque.

Mais, comment pouvons-nous être fiers d’être Béninois lorsque notre Chef vient lui-même nous annoncer que notre pays est le dernier de la sous-région en termes de croissance économique ?
Comment peut-on attendre de nous que nous applaudissions un Chef qui vient nous annoncer sur la chaîne de télévision nationale qu’il organisera bientôt un affrontement entre les populations de deux régions du pays ? Et cette sortie cauchemardesque se tenait le jour solennel et chargé de symbole de notre Fête Nationale.
Comment peut-on demander, voire même exiger de ce peuple affamé et contraint de vivre d’expédients et même d’aumône de se mobiliser derrière ses gouvernants ?

Peut-on être fiers de dirigeants qui organisent un concours de recrutement cousu d’irrégularités et qui interdisent à certains citoyens de manifester leur mécontentement, tandis qu’ils autorisent d’autres à apporter leur soutien à la forfaiture ?

N’est-ce pas dans ce pays que le Chef de l’Etat lui-même a annoncé solennellement dans son discours sur l’état de la Nation le 28 décembre 2012 devant la Représentation Nationale que les élections communales se tiendront à bonne date, c’est-à-dire en avril 2013 ? Or, à cette date du 28 décembre 2012, il était évident pour le citoyen lambda qu’aucune disposition n’était prise ne serait-ce que pour démarrer le processus qui doit se dérouler suivant des phases précises et bien connues. Le gouvernement qui dispose de toute la machine administrative, économique et institutionnelle veut-il nous dire qu’il ignorait que cette promesse était MATERIELLEMENT IMPOSSIBLE à tenir ? Si tel est le cas, soit on est en face d’une incurie inqualifiable, soit il s’agit ni plus ni moins d’un mensonge proféré en toute connaissance de cause devant tout le peuple pris en ses représentants à l’Assemblée Nationale. Dans un cas comme dans l’autre, où se trouve le motif de fierté ?

Que veut-on à ce peuple quand on le plonge dans une psychose permanente de tentative d’empoisonnement du Chef, de tentative de coup d’Etat, … ?

Face à ce tableau peu reluisant, certains Béninois ont fait le choix de se taire ou d’applaudir à tout rompre pour se garantir une part des croupions que les privilégiés continuent de se tailler sur les restes de la charogne qu’est devenu le pays. Grand bien leur fasse ! On ne peut détourner personne de son destin de feuille morte, allant au gré du vent ou se livrant complaisamment au premier bonimenteur venu. Qu’ils boivent donc le calice jusqu’à la lie !

Mais, fort heureusement, il existe d’autres personnes qui ont le destin du roseau. Ils ploient certainement, plient parfois, mais ne rompent jamais sous les coups portés à leur intelligence, à leur liberté et à leur dignité d’homme.
C’est certainement avec cette catégorie de personnes que l’Histoire de l’humanité s’est écrite depuis des siècles. C’est sûrement d’elles que viendra le sursaut salutaire, celui dont vient de donner l’exemple la dynamique « alternative citoyenne ».

La saine réaction de « alternative citoyenne »

Dans ce Bénin qui chaque jour s’enfonce davantage au point où quelqu’un nous a dit il y a quelques mois : « nous avons touché le fond depuis longtemps ; maintenant nous creusons le fond », il est évident que le salut ne peut plus venir que d’un sursaut citoyen et patriotique. Ce sursaut, nous avons commencé à l’appeler de toutes nos forces avec notre ouvrage « Devoir de citoyenneté : Afrique, lève-toi ! » publié il y a exactement un an.

Dans cet ouvrage, nous écrivions entre autres ceci : « … des pays comme le Bénin qui m’a vu naître et grandir et qui jouit d’une relative stabilité depuis 1990 continuent de végéter dans une improductivité aberrante sur presque tous les plans : politique, économique, intellectuel, culturel,…

Face à l’effritement continu et dramatique du tissu social et économique, les citoyens demeurent désespérément silencieux et apathiques. Pire, la jeunesse censée incarner l’espoir sombre dans l’ignorance, la paresse, l’irresponsabilité et la recherche effrénée de gain facile. Le citoyen africain en général et béninois en particulier semble avoir totalement démissionné et offre aux dirigeants politiques le boulevard rêvé pour nous ramener subrepticement à une époque révolue et rétablir insidieusement une forme de pensée unique dénuée cette fois-ci de tout soubassement idéologique… C’est maintenant que nous devons réagir, car demain il sera trop tard… ».

Je crois lire à travers le document publié il y a quelques jours par « alternative citoyenne » ce même appel au peuple, appel à s’indigner, appel à réagir contre l’abêtissement collectif et le déni de dignité.
Si c’est cet appel que certains prétendus journalistes fustigent et condamnent, alors nous pensons humblement qu’ils devraient changer de métier. Ou tout au moins revisiter leur éthique.

Car, ce dont il est question aujourd’hui va au-delà du « business » de quelques gratte-papier véreux et vénaux infiltrés dans la respectable corporation des hommes des médias ; il dépasse même la poignée d’individus qui tentent aujourd’hui de prendre le pays en otage.
C’est du BENIN qu’il s’agit. Cette Nation, entité abstraite certes, mais dotée d’une âme. Ce pays qui compte environ neuf millions de créatures humaines chères à Celui qui les a créées et leur a donné le souffle de vie.
Aucun engagement citoyen ne peut être de trop pour aider une pareille entité à réclamer respect et dignité. Et, pour ce faire, les intellectuels que nous prétendons être doivent accepter de s’investir dans l’action. Il est temps de démentir Cheikh Aliou N’DAO qui pense que : « le mal dont souffrent les intellectuels est le bavardage. Ils sont très forts pour analyser, ausculter, critiquer. Mais l’action les effraye ».

Aller plus loin

Nous saluons, soutenons et nous associons sans réserve à l’initiative de « alternative citoyenne » dont les membres bien connus d’ailleurs n’ont plus grand-chose à démontrer en ce qui concerne leur engagement au sein des associations de la société civile béninoise.
On aura beau jeu de les traiter de « société si vile » ou de « politiciens masqués », mais qu’importe ! Le Général de GAULLE n’a-t-il pas dit que « la politique est une chose trop sérieuse pour être laissée à des professionnels de la politique » ?

De toutes les façons, notre conception de la « société civile », nous l’avions déjà donnée dans notre ouvrage cité plus haut , et nous la réaffirmons ici : « … Les organisations de la société civile devant également jouer un rôle de médiateur entre les acteurs politiques, il importe que les positions qu’elles prennent dans les débats publics ne soient ni radicales, ni relatives à des questions purement politiciennes, c’est-à-dire d’intérêt partisan.

Cependant, sur des sujets de préoccupation nationale et sur les actes de mauvaise gouvernance, il semble plutôt que ces associations doivent afficher des postures claires et sans équivoque qui vont dans l’intérêt du peuple. Il est évident que, sur certains thèmes, les points de vue des organisations de la société civile peuvent rejoindre ceux d’un camp politique, souvent celui de l’opposition, car c’est ce camp qui surveille les faux-pas du gouvernement pour se positionner favorablement dans l’opinion publique.

Il n’est donc pas si scandaleux – comme le pensent souvent certaines personnes – que les positions de certaines ONG paraissent proches de celles de l’opposition. C’est plutôt lorsqu’elles semblent trop proches voire confondues avec celles du gouvernement qu’il y a lieu que le citoyen commence à s’inquiéter, car ce rapprochement absolument contre-nature ne s’opère généralement pas en sa faveur … ».

Chers concitoyens de « alternative citoyenne », nous vous invitons donc à ne pas vous arrêter en si bon chemin. Allez plus loin, allons plus loin. Plusieurs dizaines, voire centaines de Béninois attendent d’être fédérés pour mener ensemble ce combat salutaire de sursaut national. Le vivier existe, nous en sommes convaincus. L’âme du Bénin, la vraie, est là couvant sous les cendres de la décadence actuelle. Offrez-lui, ensemble avec d’autres, la possibilité et le creuset approprié pour renaître tel le phénix. Vous avez la crédibilité et les ressources intellectuelles et morales nécessaires pour le faire.

Je vous rappelle pour finir cette phrase du célèbre résistant Stéphane HESSEL qui a tiré sa révérence il y a quelques jours seulement : « … Mais, aujourd’hui comme alors, si une minorité active se dresse, cela suffira, nous aurons le levain pour que la pâte lève ».

Clotaire A. OLIHIDE
oliclot77@yahoo.fr

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