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(Par Edson ADE)
Entre arrogance, suffisance et indifférence, certains du personnel soignant et d’appui accueillent les souffrants, puis les accompagnent lentement et sûrement vers la tombe, après les avoir mécaniquement dépouillés de toutes capacités. Comment comprendre qu’au service de la pédiatrie, des parents d’indigents soient obligés à acheter le paquet de gants à 5000F Cfa alors qu’ils n’avaient besoin que de deux paires dont l’unité coûte 150 à 750F Cfa ?
Comment comprendre qu’au service de gynécologie obstétrique, les sages-femmes obligent les parturientes à acheter une ou deux paires de gants qu’elles n’utiliseront jamais ? Comment comprendre que dans les services de réanimation, de traumatologie, de cardiologie et autres, les médecins prescrivent des médicaments alors qu’ils savent pertinemment qu’on ne les trouvera nulle part, obligeant ainsi les intéressés à recourir à leurs services ? Comment comprendre que les brancardiers, prétextant qu’ils sont débordés, ne rivalisent d’intention que pour porter viatique aux accidentés que lorsqu’ils ont été soudoyés ? Comment comprendre qu’au service des urgences, pour le pansement d’une plaie, les usagers dépensent des sommes colossales à donner le vertige, 10 000F Cfa par exemple.
Imaginez qu’il faut obligatoirement administrer un pansement chaque trois jours pendant quatre mois ou même une année. Il ne serait pas surprenant de voir des accompagnants et leur malade quitter « daredare » les salles d’hospitalisation. Pourtant, c’est une triste réalité. Il est arrivé que des hommes, d’une énergie débordante, les larmes chaudes en plein visage, leur rejeton en main, décident de se confier à la providence.
Que dire si des hauts cadres de ce pays n’y échappent pas ? Le pauvre citoyen lambda, qui peine à garnir son estomac malencontreusement toujours vide, prend la clé des champs aussitôt après qu’il fut admis en salle d’hospitalisation. La faute incombe en partie aux agents de santé qui s’en contrebalancent du serment d’Hippocrate. Ils ont tout ou presque oublié des cours qu’on leur a religieusement dispensés des années durant à la faculté des sciences de la santé et dans les écoles de formation. Même le strict minimum qu’on les a fait boire dès la première année : ne jamais toucher un souffrant sans en avoir demandé la permission et expliquer ce qu’on s’apprête à faire.
Le commun des mortels aurait pu supporter l’insupportable si le personnel soignant, qui a pour lui des clystères de coup de pieds que des tapes affectueuses rassurantes, ne tâtonnait pas. Le drame, c’est qu’en dépit de leur attitude, ils ne parviennent aussi souvent pas à faire des diagnostics consistants. Ils débutent avec des soins palliatifs, avant d’administrer un traitement qui, au bout de deux jours, s’avère inefficace. Ils recommencent avec un autre, obligeant le souffrant à dilapider toutes ses économies, s’il en avait encore, sinon il est réduit à s’endetter. La situation est si récurrente qu’il s’installe une crise de confiance, sans précédent, entre les usagers et les hommes en blouses blanches. Et dire que les larmes et les jérémiades des parents astreints à honorer les frais de la salle d’hospitalisation ne les émeuvent nullement. On dirait qu’ils sont vaccinés ou bien qu’ils en ont tellement vus qu’ils se comportent comme les mangeurs d’âmes. La conséquence dramatique, c’est que les usagers apeurés ne fréquentent cet hôpital que lorsqu’ils sont à deux quilles de la tombe.
De sorte que ce centre national hospitalier universitaire, qui a déjà perdu le peu d’humanité qu’on lui soupçonnait, n’est plus, ni moins qu’un couloir infernal où la mort circule, va et vient sans rime. Il convient, de toute urgence que l’actuel directeur, le colonel Idrissou Abdoulaye, trouve des solutions à ces maux qui ternissent l’image de ce centre hospitalier de référence. Il faut une espèce de tribune où des experts, des professeurs, des médecins, des associations du personnel de santé, des tradipraticiens, des malades et autres usagers, la main sur le cœur, viendront débattre des problèmes qui gangrènent le corps de la santé dans cet hôpital afin d’esquisser des solutions à même d’améliorer les conditions d’âme et d’esprit des personnes souffrantes. Les autorités politiques et administratives compétentes, avec à leur tête le ministre de la Santé, le Pr Dorothée Kindé Gazard, dont les compétences et la rigueur suscitent de l’admiration au-delà de la bulle de la parasitologie, ne devraient pas ignorer avec superbe cet appel.
Car le nombre d’indigents qui passent de vie à trépas, dans l’hôpital Hubert Maga de Cotonou, soit par la faute des agents commis à leurs soins, soit par manque de sous est considérable. Et Dieu seul sait le nombre.
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