864 visiteurs en ce moment
Publiée à l’occasion du Forum du Cian-L’Opinion, l’édition 2024 de l’Atlas économique de l’Afrique, par région et par pays, a le mérite de remettre en mémoire ou de révéler les tendances fondamentales des différents systèmes-pays qui se sont confirmées l’année dernière. Voici des extraits de l’ouvrage.
Afrique du Nord : Une croissance fulgurante promise à la Mauritanie
Les économies des six pays d’Afrique du Nord représentent près de 35% du PIB global du continent, mais la région est aussi celle qui est la moins intégrée politiquement et économiquement. Ainsi le Maroc, puissance industrielle émergente, exporte cinq fois plus en direction de l’Afrique subsaharienne (7,7% de ses ventes) que vers les pays de l’UMA (1,4%), l’Union du Maghreb arabe.
Stratégique, l’« Initiative Atlantique » annoncée par le Roi Mohammed VI dans son discours du 6 novembre 2023 commémorant la Marche verte (la récupération en 1975 du Sahara occidental, jusqu’alors colonie espagnole). Elle vise à garantir un libre accès aux routes, aux lignes de chemin de fer et aux ports de la façade atlantique marocaine pour les marchandises et camions en provenance du Mali, Burkina Faso, Niger et Tchad. Bamako, Ouagadougou et Niamey ont réservé un accueil très favorable à cette initiative. Sa mise en œuvre dépendra cependant d’une collaboration active de la Mauritanie, pays de transit.
La Mauritanie présente un autre caractère très remarquable : le pays connaîtra une croissance phénoménale de 14,3% en 2025, selon les prévisions du FMI (contre 4,5% en 2023 et 5% en 2024).
La raison en est la mise en production du méga gisement gazier offshore de Grand Tortue-Ahmeyin (GTA), partagé avec le Sénégal, tandis qu’un second gisementde classe mondiale, Bir Allah, situé exclusivement dans les eaux territoriales mauritaniennes, devrait entrer en production avant la fin de la décennie. Il sera exploité par le consortium BP/Kosmos Energy, qui exploite déjà GTA.
Afrique de l’Ouest : Côte d’Ivoire, le plus forte
croissance de la Cedeao
En Afrique de l’Ouest, écrit Samy Ghorbal, auteur de l’ouvrage ,« une fois encore, en dépit des crises et des incertitudes institutionnelles, les économies de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), qui regroupe les huit pays de la Zone franc, ont été les plus dynamiques d’Afrique en 2023, ex-aequo avec les pays du Comesa, avec une croissance de 5,2%.
Tirée par les industries extractives (or, hydrocarbures, etc.), dont la contribution au PIB et aux exportations régionales ne cesse d’augmenter, et par une filière agro-industrielle en plein renouveau, la croissance de la zone pourrait franchir un nouveau palier en 2024 et atteindre 10%. »
En comparaison de l’UEMOA, relève Samy GHorbal, « les indicateurs macroéconomiques de la Cedeao, l’organisation régionale qui regroupait, jusqu’au 28 janvier 2024, l’ensemble des quinze pays d’Afrique de l’Ouest, paraissent nettement plus mitigés. La croissance plafonne à 3,3% et l’inflation a atteint un niveau quatre fois plus élevé que dans la Zone franc, à 20,9%. Les difficultés récurrentes du Nigéria et du Ghana expliquent ces performances médiocres. »
En revanche, c’est un pays francophone, la Côte d’Ivoire, qui enregistre la plus forte croissance de la Cedeao en 2023, à 6,2%, et qui devrait poursuivre sur sa lancée en 2024, avec 6,6% attendus.
Afrique centrale : les bons résultats du Cameroun
En Afrique centrale, la croissance a été inférieure à la moyenne continentale (3,3%) et presque deux fois moins vigoureuse que dans les pays de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) ou du Marché commun de l’Afrique orientale et australe (Comesa) (5,2%). Selon Samy Ghorbal, « ce ralentissement s’explique par une conjonction de facteurs externes (repli des cours du brut, charges de la dette, alourdies par la remontée des taux d’intérêt) et endogènes (déficit en infrastructures, faible intégration des marchés, difficulté d’accès aux capitaux internationaux). »
À noter, la performance de l’économie camerounaise. À la fois la première et la plus diversifiée de la zone Cemac, elle a réalisé 4% de croissance en 2023 (4,2% prévus en 2024). Paris est le deuxième fournisseur de Yaoundé, avec une part de marché de 9%, derrière Pékin (17%).
Afrique australe et Océan indien : les grands pays souffrent, mais Maurice performe
En Afrique australe et Océan indien, le PIB de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), n’a progressé que de 2,5% en 2023.
L’Union douanière d’Afrique australe (Sacu), affronte une conjoncture encore plus délicate : la croissance n’a pas dépassé 1,2%. Les économies les plus résilientes sont celles du Mozambique (7%) et des États insulaires de l’océan indien, Maurice (7%) et les Seychelles (3,8%). Le Zimbabwe tire aussi son épingle du jeu (4,8%), mais sa performance est à relativiser, en raison de la persistance de l’hyperinflation (314% en 2023 et 220% attendus en 2024).
Les plus grandes économies souffrent. L’Angola, pénalisée par le tassement des cours du brut, fait nettement moins que prévu (1,3% contre 3,4% anticipés). Le cas le plus préoccupant reste l’Afrique du Sud, avec une croissance inférieure à 1%. Les perspectives pour 2024 (un léger rebond à 1,8%) sont à prendre avec prudence tant la situation est volatile.
À noter la belle performance de Maurice, dont le PIB a progressé de 7% en 2023, selon la Banque centrale. Une tendance portée par le dynamisme du secteur du tourisme (20% de la richesse nationale), par les exportations manufacturières et les services.
Afrique de l’Est : en 2024, quatre pays annoncés dans le top 20 mondial de la croissance
En Afrique de l’Est, les économies du Marché commun de l’Afrique orientale et australe (Comesa) et de la Communauté d’Afrique de l’Est (CAE) ont été les plus dynamiques du continent en 2023, avec une croissance de 5,2% pour le Comesa – premier ex-aequo avec l’Union monétaire et économique ouest-africaine (UMEOA) – et de 5% pour la CAE.
La région orientale de l’Afrique, ouverte aux influences de la Chine, mais aussi de l’Inde et des pays du Golfe, comptera en 2024 quatre économies du Top 20 mondial en matière de croissance, selon l’Africa Outlook : l’Éthiopie, l’Ouganda, le Rwanda et la Tanzanie. Les explications à ce dynamisme sont multiples et principalement endogènes
: la croissance démographique, l’urbanisation, le besoin d’équipements, les investissements dans les infrastructures et l’intégration croissante des économies.
La CAE, qui ne comptait à l’origine que cinq membres – Kenya, Tanzanie, Ouganda, Rwanda, Burundi –, devient de plus en plus attractive.
www.24haubenin.bj ; L'information en temps réel