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La Cour d’Assises de Cotonou a condamné à quinze (15) ans de travaux forcés, ce mercredi, dans la grande salle A de la Cour d’Appel de Cotonou, le sieur Denis Assogba Kouton, né le 16 avril 1985, de nationalité béninoise, accusé d’assassinat dans la commune de Dangbo, sur la personne de Jean Dékpo, dans le cadre du 10ème dossier inscrit au rôle de la première session ordinaire de la Cour d’Assises de Cotonou de 2016 afait savoir l’Agence Bénin Presse.
Selon le résumé des faits, le vendredi 16 juin 2006, aux environs de vingt (20) heures, le nommé Jean Dékpo, cultivateur et conducteur de taxi-moto se rendait dans le village Gbéssou-Tokpa (commune de Dangbo), en vue de livrer des sacs de farine de blé, lorsqu’il a été intercepté par Denis Assogba Kouton, qui l’accusait d’avoir braqué sur lui les phares de sa bicyclette. Il s’en est suivi une altercation qui a été interrompue par la population présente sur les lieux. Après cet incident, Denis Assogba Kouton est rentré chez lui, et s’est saisi d’une bouteille vide de liqueur avec laquelle il est retourné sur les lieux de l’altercation attendre la victime. A l’arrivée de celle-ci, Denis Assogba Kouton s’est rué sur elle, après avoir cassé sa bouteille, lui a assené de multiples coups de tessons sur le corps. Evacué et admis au centre hospitalier de la commune d’Abomey-Calavi, Jean Dékpo décède quelques jours après, des suites de ses blessures. Tant à l’enquête préliminaire que devant le juge d’instruction, l’accusé Denis Assogba Kouton a reconnu, avec force détails, les faits qui lui sont reprochés.
Le rapport d’expertise médico-psychologique concernant l’accusé révèle qu’il ne présente pas au moment des faits et à ce jour des anomalies mentales, psychologiques et psychiatriques, qu’il est dans un état physique et psychologique non altéré. Le casier judiciaire de Denis Assogba Kouton ne porte trace d’aucune condamnation antérieure. L’enquête de moralité est favorable à l’accusé Denis Assogba Kouton.
Ce matin à la barre, Denis Assogba Kouton a déclaré avoir donné un coup de tesson de bouteille à la victime. Il a dit qu’il est rentré chez lui chercher la bouteille après la première altercation entre Jean Dékpo et lui. Il a ajouté qu’il est revenu attendre le retour de la victime sur la même voie où a eu lieu la première altercation pour continuer la bagarre. La victime lui faisait face et tentait de passer près de lui quand il lui a assené un coup de tesson qu’il a reçu au dos. Selon l’accusé, tout est parti du fait que Jean Dékpo l’a cogné avec son vélo. Dans ses déclarations ce mercredi, et au regard de ses déclarations dans les procès-verbaux et celles des témoins, la présidente de la Cour, Célestine Bakpé, a déclaré à l’accusé qu’aujourd’hui, « tu ne nous dis pas la vérité ». Elle lui a dit de « dire la vérité et de ne pas mélanger les pédales ».
Le Ministère public dans sa réquisition, a déclaré que l’accusé a reconnu les faits de coups mortels. M. Célestin Kponnon, qui assure le Ministère public, fait constater que l’arme « tesson » utilisée par l’accusé est bien tranchante et l’acharnement et la détermination de l’accusé contre la victime justifient son intention de donner la mort et le choix de l’infraction « assassinat » contre lui. Il a aussi démontré que l’accusé est bien lucide au moment des faits selon les conclusions de l’examen psychologique et psychiatrique versé au dossier. Il demande à la Cour de le déclarer coupable du crime d’assassinat et de le condamner à la peine de travaux forcés à perpétuité.
Me Rufin Tchiakpè, à l’entame de sa plaidoirie s’est adressé à la Cour et lui a dit « Je viens à vous, vous supplier de sauver Denis Assogba Kouton ». Ensuite, il a invité la Cour à comprendre qu’ils sont tous en face d’ « une situation d’irrationnel », évoquant des décès successifs de plusieurs enfants de la victime. Il a aussi expliqué qu’il n’y a aucun élément justificatif pour retenir contre l’accusé l’infraction « assassinat ». Par ailleurs, il a rappelé à la Cour de ne pas perdre de vue le non-respect des textes par rapport à celui qui stipule que « le délai raisonnable pour juger un accusé est de cinq (05) ans ». Or l’accusé a déjà passé dix (10) ans en prison. En outre, il a invité la Cour à comprendre que l’accusé n’a pas l’intention de tuer. Il a enfin demandé que l’infraction soit requalifiée. Aussi a-t-il continué de plaider clémence pour l’accusé tout en précisant que l’espoir de Denis Assogba Kouton de se reconstruire ne peut se fonder que sur leur sagesse.
La Cour, délibérant, a déclaré Denis Assogba Kouton coupable d’homicide volontaire avec préméditation et l’a condamné à quinze (15) ans de travaux forcés. Les frais de justice sont mis à la charge de l’accusé. Aussi dispose-t-il de trois (03) jours francs pour se pourvoir en cassation. Soulignons que les parents de la victime ne se sont pas constitués en partie civile.
Incarcéré depuis le 23 juin 2006, l’accusé Denis Assogba Kouton a encore au moins cinq (05) ans à passer en prison.
Comme autres membres de la Cour, il y a les assesseurs, Marie Soudé épouse Godonou, Anasthasie Eliane Noutaïs Guézo. Me Alain Kakpo a tenu la plume.
ABP
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