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(Par Roger Gbégnonvi)
Pendant que les Présidents d’Afrique ahanent vers les mandats illimités, à la tête de peuples analphabètes pour l’essentiel, sans eau potable ni électricité pour tous, pendant que les jeunes leaders des sociétés civiles d’Afrique font de l’Egypte des Pharaons l’horizon indépassable de l’avenir de l’Afrique, le monde occidental, sur la côte ouest des Etats-Unis en Californie, est sur les « avenues de l’avenir » en mode intelligence artificielle (IA) activée et va vers le transhumanisme, étonnant marqueur de l’humanité nouvelle au XXIème siècle.
L’IA, c’est déjà, entre autres, l’application Chat GPT. Vous lui demandez un discours sur un sujet donné devant durer un temps donné. Vous cliquez. Voici votre discours. A lire, présent en deux endroits à la fois, grâce à l’application hologramme. Curieux, vous souhaitez d’avoir le discours en poésie rimée, style Ronsard. Vous l’avez presque aussitôt. Adieu le ‘‘vieux’’ temps où l’on s’adressait à Google pour des précisions afin d’écrire soi-même son texte. Désormais, Chat GPT s’en charge, et vous délivre de la belle angoisse humaine de la page blanche. Etc.
Le transhumanisme, c’est bientôt la possibilité d’implanter dans le cerveau d’un individu le souvenir d’événements jamais vécus par lui et dont il n’a jamais entendu parler, la possibilité d’implanter dans son cerveau les œuvres complètes d’un auteur qu’il n’a jamais lu, dont il ne sait même pas qu’il existe, mais dont il pourra, après implant, parler en expert, la possibilité de faire de telle catégorie de l’humanité ce qu’on veut qu’elle soit, etc., etc.
Sur ce chantier de modification génétique de l’homme par le transhumanisme, les Africains doivent s’interroger s’ils ne sont pas modifiables à merci – ou presque – n’étant pas partie prenante de l’étrange révolution qui s’en vient et devant la subir ou s’en amuser, comme d’habitude. Quand il s’interroge en mars-avril 1839 sur la FONCTION DU POETE, Victor Hugo le voit « En tout temps, pareil aux prophètes », ce qui l’amène à l’exhortation : « Peuples, écoutez le poète ! / Ecoutez le rêveur sacré !... Il jette sa flamme / Sur l’éternelle vérité ! » Or, sur quelle éternelle vérité le poète-prophète Léopold Sédar Senghor, un siècle après Victor Hugo, jette-t-il sa flamme en direction des Africains ? « Voici que meurt l’Afrique des empires – c’est l’agonie d’une princesse pitoyable / Et aussi l’Europe à qui nous sommes liés par le nombril. » Et puis : « Qui pousserait le cri de joie pour réveiller morts et orphelins à l’aurore ? / Dites, qui rendrait la mémoire de vie à l’homme aux espoirs éventrés ? / Ils nous disent les hommes du coton du café de l’huile / Ils nous disent les hommes de la mort. / Nous sommes les hommes de la danse, dont les pieds reprennent vigueur en frappant le sol dur. » Dont acte.
« L’éternelle vérité » du poète-prophète Senghor rive les Africains à la houe au profit de l’Europe, et les voit en danse et trance toujours pour le divertissement de l’Occident conquérant. Voilà un sort à bannir, un destin à saborder. Le temps presse. Paradoxe, l’essentiel de la tâche à faire incombe aux leaders égyptophiles des sociétés civiles d’Afrique. Ils ont un idéal. Sans quitter les pharaons, ils doivent, opportunément, créer dans leurs pays respectifs des mythes unificateurs entre les ethnies, et créer pour l’Afrique des mythes unificateurs entre les peuples d’Afrique. Il est urgent d’agir. Si l’on décide, par exemple, de convertir à l’écriture les langues diverses et multiples d’Afrique pour entamer la « barbarie de l’ignorance », il est aisé de le faire. Il sera possible ensuite, quoique difficile, de convaincre les peuples que le combat est celui qu’ils doivent mener ensemble pour leur survie en humanité, quand celle-ci est pilotée par l’intelligence artificielle et régentée par les soldats du transhumanisme.
Nul ne soulèvera cette pierre pour les Africains à la place des Africains. En la soulevant, si les sociétés civiles d’Afrique ont l’aide inattendue de Présidents d’Afrique, que du bonheur ! L’on peut rêver les Chefs d’Etat d’Afrique capables de se convertir en conquérants épris d’idéal et de quelque cap ambitieux et civilisationnel au service des peuples d’Afrique.