Boni Yayi a une urgence : un périple national. C’est à Dassa-Zoumé que sa majesté annonce le long voyage inscrit dans son agenda. La traversée du Bénin profond ne sera pas de tout repos pour la caravane cauri. Sous l’impulsion du guide suprême, les enjambées à l’intérieur du pays se font déjà à un rythme endiablé. Avec Yayi en super star dopé par le bain de foule et les vivats de supporters excités. « Une tournée pour la paix », justifie le père de la nation. Yayi croit tenir le bâton de pèlerin de la paix. La prétention fait sourire.
En pleine crise sociale, la machine de la propagande cauri est en marche. Yayi active les instruments politiques pour ce que Serge Tchakotine qualifie de « viol des foules ». Le décor inventé sied à l’endoctrinement et au modelage de l’opinion publique touchée par la sinistrose. Le Bénin profond est le réceptacle des théories les plus folles et les plus dangereuses développées par les gourous du pouvoir.
Sur une corde raide, Yayi force cette tournée pour s’assurer un subterfuge. Puisque le feu allumé fait des ravages dans l’administration, le chef s’est empressé de se mettre à l’abri dans de refuges lointains. Malgré son aptitude à bondir, le lion craint pour son museau>
Le feu risque de toucher le fond du naseau. Les ministres jetés puis abandonnés au charbon, peuvent se faire brûler jusqu’à la moelle des os. Yayi est déjà loin. « Responsable mais pas coupable ».
Cette tournée pour la paix ne répond à aucune logique. Seuls les obsessions inaliénables, l’orgueil et l’instinct de survie du roi guident une balade coûteuse émaillée de discours inflammables. Empêché de « bondir », le roi contraint à de petits sauts ridicules s’offre de nouvelles aires pour la parade à audience rurale. L’enchaînement de formules incendiaires devant les jeunes et les femmes bénéficiaires de microcrédits lui dénie cette posture crâneuse d’homme de paix recherchée grossièrement.
Quelle paix la bande cauri peut-elle dispenser ? Les symptômes apparus sur l’épiderme royal démentent cette tendance exhibée. Quelle paix peut-on attendre de gens qui confondent sang humain et sang de mouton ? Où est la volonté de paix quand l’entendement conçoit la « classe politique médiocre » et décrète la République des « petits ». Les relents belliqueux se répandent sur la parole de Yayi toujours confiné dans des préjugés sur la lutte syndicale, notamment les grèves, et prêt à bondir. Quelle paix espérer de la bouche qui fait l’apologie des incendies ? Les cauchemars sur Talon et Ajavon pèsent sur l’apôtre de paix autoproclamé. Mû par l’esprit revanchard, il est réduit à la simulation de la paix.
Le refrain ressassé provoque l’ennui. C’est en acte que Yayi doit briser le scepticisme grossissant. La rhétorique servie à la foule fanatisée des fiefs modulés n’apporte aucune garantie pour la reconversion souhaitée après les pierres jetées aux grévistes, les « chiens » et leurs « propriétaires ». On n’est pas sorti des faux-semblants et des invectives.
Le navire Yayi vogue sur l’océan en colère. Et le risque de naufrage est réel. Le capitaine en excitation sur les flux et reflux s’enfonce dans un cruel je-m’en-foutisme. L’héritage de paix laissé par le Général Kérékou est saccagé. Le Bénin de l’ère cauri poursuit sa descente aux enfers. Et Boni Yayi dans la houle de la polémique brasse le désespoir. Plongé dans une tension perceptible, le pays étale ses divisions et ses états d’âme.
La refondation tourne à la saison des grosses incertitudes et à l’accumulation de tristes inédits dans la vie de la nation. Affaires de porté disparu et du vrai faux macchabée, une série de scandales dont Cen-sad et Icc services…harcèlement fiscal et gestion sectaire du monde des affaires où vertueux sont opposés aux non vertueux désignés dans l’imaginaire cauri. Un juge est poussé à l’exil pour avoir commis le péché de rendre une décision de non lieu contre le roi victime autoproclamée de tentative d’empoisonnement et de coup d’Etat.
Dans l’enfer cauri, la paix est une pure vue de l’esprit. La tournée de Yayi relève de la simple fantaisie. Juste un coup de bluff. Une blague politicienne pour se laver les mains dans l’ambiance de crise. Rien à espérer de ce sinistre jeu. Le vrai coupable est connu.
4-02-2014, Sulpice Oscar GBAGUIDI
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4 février 2014 par Nouvel auteur