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L’atteinte de l’Objectif du développement durable n°4 de l’Agenda 2030 ne pourra être effective que si chaque citoyen y met du sien. Ghislain Tomédé l’a si bien compris que, depuis 4 ans, à Grand-Popo, son équipe et lui-même s’adonnent à la formation des jeunes pour un triple objectif : étude, sports et vie en communauté. Reportage de 24 Heures au Bénin sur ce centre atypique, qui forme des jeunes filles pour un futur meilleur.
Samedi 6 novembre 2021, il est 6h41, quand nous avons fait notre entrée au centre de l’académie étude-sports Mahudonu. Dans la fraîcheur matinale du fait de la petite pluie qui s’est abattue sur la ville de Grand-Popo la veille, le soleil émettait déjà ses premiers rayons augurant d’un beau jour. Tout est calme autour de nous. Mais à l’intérieur du centre, les filles de l’académie s’attelaient déjà à entamer leur journée comme à l’accoutumée.
‘’Quand je me réveille le matin, si je suis de l’équipe d’entretien, comme cette semaine, je balaie rapidement la cours puis m’apprête pour l’école, après avoir pris mon petit déjeuner. Mais les samedis, nous avons entraînement et là, je m’apprête pour aller au terrain’’, raconte la petite Princesse Assogba, 15 ans, qui est dans sa 3ème année au centre.
Tout comme Princesse, les filles de l’Académie Mahudonu Sports et Arts suivent avec rigueur une formation pour la vie, où les activités scolaires et périscolaires s’allient à merveille.
‘’Notre objectif, c’est de former des filles à la vie. Elles sont sélectionnées après un processus rigoureux. Elles ne paient rien, mais sont tenues de donner le meilleur d’elles-mêmes tant à l’école que sur le plan sportif. Certes, elles sont ici pour la pratique du volleyball mais elles ont pour obligation aussi d’être parmi les meilleurs à l’école’’, dit Ghislain Tomédé, responsable de l’Académie.
Les filles de l’Académie Mahudonu Sports et Arts, loin d’être des génies de leur génération, sont obligées de donner des résultats encourageants pour espérer continuer avec le projet. ‘’Nous avons été obligés de nous séparer de certaines filles malgré notre ferme volonté d’aider. Mais, pour l’atteinte de notre objectif, qui est de donner une chance aux filles d’être complètement autonomes une fois adultes, nous ne pouvons pas nous permettre de laisser d’autres contaminer leurs consœurs par de mauvais comportements. Donc quand on sent qu’une fille n’est pas capable de suivre le rythme, nous nous sentons obligés de la libérer pour mieux nous occuper des autres’’, martèle Ghislain Tomédé.
Autrement dit, à l’Académie Mahudonu Sports et Arts, tout se passe dans la souplesse et la rigueur pour offrir une chance aux filles, surtout des milieux défavorisés, d’avoir un avenir meilleur.
Formées pour être différentes
Le projet Mahudonu Sports et Arts est conçu pour donner une chance aux filles d’exceller tant dans les sports que dans les études. Et comme l’a dit le responsable de l’Académie, c’est fort du constat que les femmes sont réticentes à s’adonner à la pratique du sport surtout quand elles sont de grandes tailles.
‘’Nous pensons que les filles ont aussi droit à l’éducation sportive. C’est vrai que pour le moment, nous ne recrutons que pour la pratique du volleyball et du basketball. Mais notre ambition est de former des filles dans tous les sports, les former pour qu’elles soient différentes et qu’elles ne soient pas complexées par leur taille’’, renchérit Ghislain Tomédé.
Elles sont nombreuses ces filles qui sont complexées par leur grande taille sans savoir que c’est une chance pour elles d’exceller dans les sports. ‘’Cela a été une chance pour moi d’être retenue par le projet. Je vis bien et je fais beaucoup de choses merveilleuses à part l’école et le sport. Nous apprenons plein de choses ici. C’est vraiment une chance car pour réussir, il faut un ensemble de choses et je pense que c’est ce que je vis ici depuis 4 ans’’, reconnaît Rébecca Okpo, pensionnaire de l’académie en classe de 3ème.
La trilogie formation, éducation et instruction est de mise à l’Académie Mahudonu Sports et Arts. Une chance pour la quinzaine de filles qui, sur le plan scolaires, sont tenues de donner de très bons résultats.
Résultats scolaires encourageants
‘’Mon expérience à l’académie est unique et très excitante. Ce centre m’a donné l’opportunité inouïe de me révéler à moi-même et d’avoir de très bons résultats scolaires. C’est vrai qu’aujourd’hui je ne suis plus dans le centre parce qu’après mon BEPC obtenu en 2020, je devrais continuer avec l’enseignement technique. Aujourd’hui, je suis au lycée d’Akassato dans la filière F4 et je peux l’affirmer, c’est la discipline imprimée par les responsables de mon académie qui m’a permis d’être là où je suis actuellement’’, témoigne Raïssa Manazé, une ancienne pensionnaire du centre. C’est un exemple vivant de type de femmes que les responsables du projet veulent avoir.
Certes, elles ne sont pas toutes dotées d’une intelligence extraordinaire, mais elles arrivent à sortir la tête du lot. Et comme l’a si bien dit Hector Vinakpo, surveillant général adjoint du CEG Grand-Popo, ‘’sur le plan travail, on peut attribuer à la grande majorité la mention Assez-bien, même s’il y en a qui traîne encore le pas.’’ Et sur le plan disciplinaire, les filles de Mahudonu font aussi la différence à l’école. Si sur le plan académique, elles s’en sortent pas mal, sur le plan périscolaire, elles font aussi de très bonnes choses.
Très engagées dans les activités périscolaires
Les activités périscolaires sont obligatoires pour les filles pensionnaires du centre. ‘’C’est ici que j’ai appris à faire le gâteau, différents jus, le fromage de soja et plein d’autres choses que je n’aurais jamais cru pouvoir faire. Je peux aujourd’hui préparer le kôm’’, raconte toute excitée Hulda, qui est dans sa 3ème année au centre.
Tout comme elle, toutes les filles savent toucher à un peu de tout. ‘’Comme je vous le disais, nous les formons pour la vie. Et en tant que femmes, elles doivent réussir en tout. Oui, elles sont sportives mais elles doivent aussi être professionnelles et maîtresses de maison, pas pour un homme forcément mais pour elles-mêmes d’abord’’, fait savoir Ghislain Tomédé. Aussi, sont-elles initiées à l’informatique à en croire le responsable. ‘’Nous disposons d’une salle informatique, qui nous permet d’initier nos pensionnaires’’, dit-il.
Et comme on ne peut rien faire de positif dans un environnement malsain, les filles de cette académie participent aussi à la protection de l’environnement à travers plusieurs activités. ‘’Moi, je suis venue cette année mais déjà, j’ai participé à la mise en terre de quelques cocotiers et j’ai même pris la responsabilité d’en prendre soin. C’est vraiment excitant’’, raconte Ariane, 13 ans et haute de ses 175 centimètres.
Outre les campagnes de reboisement, les filles s’occupent de l’entretien régulier de la plage et de l’assainissement de leur environnement immédiat. ‘’Nos filles savent faire de pépinière et aussi l’élevage de volaille. Les activités périscolaires qui prennent un maximum de 2 heures par semaine sont très importantes pour nous en ce sens que cela donne à nos pensionnaires un plus dans leur formation. Elles sont des filles, d’accord, mais elles sont aussi préparées à affronter les difficultés de la vie.’’, conclut Ghislain Tomédé.
Une initiative appréciée
Les populations de Grand-Popo apprécient l’initiation à sa juste valeur. ‘’Nous sommes habitués à entendre parler des académies de football mais pour les garçons. Mais jamais moi, je n’ai entendu parler d’académie sportive qui accueille des filles en internat et en plus qui ne paient rien ici au Bénin. C’est une première et c’est une fierté que ce soit implanté dans ma commune’’, témoigne Codjo D., un pêcheur.
Dans le même sens, le surveillant général adjoint du CEG Grand-Popo reconnaît que c’est une initiative fort louable qui vient donner une chance à ces jeunes, surtout les filles, même si les bénéficiaires ne semblent pas encore prendre conscience de cette grande chance selon lui. ‘’Si moi j’avais eu cette chance, peut-être que je serais très loin aujourd’hui’’, conclut-il.
Mahudonu Sports et Arts une initiative privée qui a pour objectifs d’aider les enfants surtout en situation difficile. A travers les sports et les études, une chance est donnée à ces filles de se classer parmi les futurs cadres du Bénin. Une initiative à encourager et à suivre de près.
Cokou Romain COKOU
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