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(Par Roger Gbégnonvi)
Peut-il y avoir nouveau départ après rupture sans qu’il y ait un Ministère du Tourisme (MT) agissant ? C’est non. Parce que le peuple a drastiquement besoin d’argent frais que seuls les touristes en provenance des pays riches peuvent apporter au Bénin sans humilier l’Etat béninois en amont et en aval de ‘‘l’aide’’. La condition des conditions, c’est un pays politiquement stable. Le Bénin vient d’en donner la preuve une fois de plus. Un pays sans guerre civile, sans Boko Haram et sans Al-Qaïda, voilà ce que recherche le touriste d’outre-mer pour l’enchantement de ses vacances. Il revient au Bénin du nouveau départ de traduire ses trois ‘‘sans’’ en matières sonnantes et trébuchantes. Il le fera en se dotant d’un MT agissant pour attirer sur ses côtes, dans ses collines et sous son soleil toujours éclatant un flot permanent de touristes étrangers et riches, en quête d’oubli pendant un temps de rêve.
Le MT agissant s’imposera donc d’explorer les 77 Communes du Bénin pour trouver et homologuer toutes les étrangetés susceptibles de retenir l’attention du touriste étranger, quand même jamais les Béninois eux-mêmes ne s’y arrêtent et ne s’y arrêteraient. Mission de recherche sincère et patriotique, et non missions de plaisance et de complaisance pour accumulation d’indemnités sur le dos de l’Etat. Car il s’agit, non de s’enrichir, mais d’enrichir le Bénin grâce au MT, pour pouvoir ensuite s’enrichir soi-même du Bénin grâce à l’entreprise enrichissante du MT agissant. Le Bénin, scruté à la loupe par d’authentiques professionnels du tourisme, révèlera que chacune des 77 Communes est la capitale potentielle d’un particularisme touristique. Nécessité, dès lors, pour le MT, de monter en épingle la trouvaille et de l’endimancher pour la mettre – mondialisation oblige – sur le marché mondial.
Sur le plan national, et sur la seule base du déjà existant, trois actions s’imposent au MT agissant. Dans le monde, le Bénin est identifié au Vaudou. Nécessité, dès lors, de créer dans la cité appropriée, avec le concours éventuel de l’UNESCO, un musée vaudou à trois niveaux : le Vaudou au Dahomey, le Vaudou transformé par Haïti, le Vaudou revisité par le Brésil. Le monde sait que le Bénin est le lieu d’une forte concentration d’Afro-Brésiliens. Nécessité, dès lors, de créer, à côté d’un musée afro-brésilien, un festival Burinya, au cours duquel le Feshuada et autres plats brésiliens, toujours en vogue au Bénin, seront proposés dans les petits restaurants attenant au musée dit. Le monde sait que, au Bénin, les morts reviennent périodiquement lors de séances mirifiques. Nécessité, dès lors, de créer, à côté d’un musée kutito, un festival kutito, évidemment haut en transes, flamboyances et danses. Et voici le touriste enchanté, élevé jusqu’au septième ciel, pris dans un tourbillon de fééries.
Et pour faire plus et mieux, le MT agissant s’emploiera à deux autres actions semblables entre elles. Une fois par an, il organisera, dans des cités retenues par les artisans eux-mêmes, des ateliers d’innovation à leur intention, quelle que soit la matière sur laquelle porte leur travail de transfiguration du réel. Il fera de même en direction des artistes, dans des Centres de Création et de Culture, pour les amener à toujours mieux transfigurer le monde en le chantant, le peignant, le sculptant et le dansant. Pour le Bénin. Pour le monde.
Et les ambassadeurs du Bénin, partout dans le monde, informent sur l’excellence du tourisme au Bénin. Alors le touriste étranger et riche n’aura de cesse de demander la destination Bénin. Alors les hôtels dans tout le Bénin seront toujours remplis. Alors les revendeurs, les revendeuses, les chauffeurs de taxi, etc., n’auront pas assez de mains pour recueillir l’argent de leur travail. Il est vital que le nouveau départ soit un succès. Voilà pourquoi il faut pour le Bénin un Ministère du Tourisme agissant, pour le ‘‘sommer… de produire de son intimité close la succulence des fruits’’. Ainsi le veut Aimé Césaire.