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À propos de la nouvelle carte universitaire du Bénin

Opinion du Pr Noukpo Agossou sur la nouvelle carte universitaire




Une menace pèse sur cette ville, un acharnement qui ne dit pas son nom.
Le gouvernement n’ayant pas réussi – face à la levée de bouclier des organisations de développement dont Task Force en tête – à imposer son projet initial de réduction de la carte universitaire à deux universités, celle d’Abomey-Calavi et celle de Parakou, il s’est visé de passer par une autre supercherie politico-intellectuelle pour dépouiller Porto-Novo de ce qui constitue ses entités universitaires. Les auteurs du projet scélérat se croient-ils être les seules intelligences de ce pays pour faire avaler à tous une si grotesque couleuvre ?

Les interrogations suscitées par ce projet très controversé, ce qui n’a pas manqué de donner aux pêcheurs en eau trouble l’occasion d’intoxiquer au maximum l’opinion publique nationale et même internationale, m’amènent à rédiger les lignes qui suivent pour éclairer le plus grand nombre. Ils sont fort nombreux, ceux qui s’agitent autour de la question, qui pourtant n’en savent pas grand-chose. Car fort peu sont au parfum de la genèse de l’enseignement supérieur dans notre pays, qui aujourd’hui s’érigent en spécialistes. D’où la nécessité de remonter aux origines de l’enseignement supérieur et de l’université en notre pays.

Aux sources lointaines de l’université au pays

L’origine de l’enseignement supérieur, pour ne pas dire de l’université en notre pays se trouve profondément enracinée dans les entrailles de la ville de Porto-Novo. Cela, c’est un fait qu’aucun historien sincère ne saurait gommer du jour au lendemain. À moins de virer dans la démagogie ou dans l’idéologie.

En effet, tout commença par la Propédeutique dès le début des années 1960, boulevard lagunaire, dans un domaine ayant abrité plus tard la direction des ressources humaines du ministère de l’éducation nationale, et rasé en 2010 lors de l’aménagement dudit boulevard à l’occasion de la célébration du cinquantenaire de la fête de l’indépendance du Bénin.

Cette propédeutique a évolué pour donner le Centre d’enseignement supérieur (CES) de Porto-Novo dont la célèbre Maison blanche érigée dans l’enceinte du lycée Béhanzin où étaient dispensés les enseignements des anciennes sections de Mathématiques Générales Physique (MGP), Mathématiques Physique Chimie (MPC), Physique Chimie (PC), Chimie Biologie Géologie (CBG), et plus tard Chimie Biologie Géologie Agro (CBG Agro).
Le CES de Porto-Novo sera à un moment donné jumelé avec celui de Lomé pour former l’Institut d’enseignement supérieur du Bénin (IESB), avec les disciplines littéraires (Lettres modernes, Anglais, Allemand, Espagnol, Géographie, Histoire) à Lomé.

Mais parallèlement le projet d’université de Porto-Novo – car c’est bien de cela qu’il s’agissait à l’époque – projet en gestation depuis l’indépendance, poursuivait son chemin. Notamment, des financements conséquents furent consentis par l’UNESCO pour finaliser les études en vue de la concrétisation de cette université.

En 1969 le gouvernement dahoméen put obtenir de son homologue américain un premier crédit de $ 200 000 US (soit 500 000 000 de FCFA) de l´époque. Un domaine de quelque mille (1 000) hectares avait été même retenu entre Waundo et Akporo-Miserete pour abriter le campus universitaire. Dans l’esprit de ses concepteurs, elle aurait vocation régionale et devrait être bilingue français/anglais. La première pierre en aurait même été posée par le président ÉD Zinsou, n’eût été le coup d’État militaire survenu brusquement en décembre 1969 !

Un an plus tard les rivalités politiciennes entre Hubert Coutoukou Maga, Justin Tomètin Ahomadégbé et Sourou Migan Apithy, réunis au sein du conseil présidentiel, finissent par avoir raison de l’université de Porto-Novo. C’est dans cette ambiance délétère qu’il a été décidé de transférer l’université de Porto-Novo à Abomey-Calavi. Face au refus de l’UNESCO de cautionner une telle supercherie, la France vola au secours en dotant la nouvelle université du Dahomey des premières infrastructures dont la FAST et le rectorat.
À l’époque, étudiant en géographie à Lomé, avec tous les étudiants dahoméens nous effectuâmes le voyage d’Abomey-Calavi pour assister à la pose de la première pierre de cette fameuse université dont É. Adjanohoun fut nommé premier recteur.

Ainsi donc pour des raisons absolument obscures que seuls nos trois feu présidents sont les seuls à pouvoir expliquer d’outre-tombe ?, l’université ne verra point le jour à Porto-Novo ! Et ce en dépit d’une vielle tradition intellectuelle extrêmement vive dans cette ville, depuis l’école primaire supérieure, le collège classique Victor Ballot, devenu lycée du même nom avant d’être rebaptisé à juste titre lycée Béhanzin après l’indépendance, etc.

Cahin-caha Porto-Novo abrita l’École normale des instituteurs F. Nadjo, transformée plus tard en École normale supérieure (ÉNS). Cette entité comprenant toutes les disciplines de l’enseignement secondaire, put former la plupart des professeurs sur un certain nombre de générations. Et ce jusqu’au gel des recrutements.

Puis l’ÉNS de Porto-Novo sera amputée des sections scientifiques transférées à Natitingou. Ainsi fonctionne-t-on toujours au Bénin, en dépouillant Porto-Novo la capitale au profit d’autres villes.
En plus de l’ÉNS la ville peut abriter néanmoins d’autres institutions universitaires : l’INJEPS, l’IMSP.
Entre temps le besoin devenait plus que pressant de créer une 2e université au Bénin, pour désengorger ce qui était encore la seule université nationale du Bénin. Ce dernier était devenu pratiquement un monstre avec ses effectifs pléthoriques et ingérables. Dans tous les cas il était apparu plus juste de doter la ½ nord du pays de la 2e université, d’où le choix de Parakou qui ne provoqua d’ailleurs aucun remous dans le public.

Dans la foulée et comme d’autres villes, Porto-Novo fut gratifiée d’un centre universitaire avec la création de la FLASH logée dans des locaux construits dans l’enceinte de l’ÉNS. La FLASH sera plus tard délocalisée à Adjarra.

L’IMSP, établissement de référence sur le continent africain, restera longtemps confiné dans un immeuble peu fonctionnel en location au quartier Avakpa. Le campus de Dangbo n’a pu être disponible à l’origine que grâce à la célérité et au sens patriotique d’un ancien ministre. Tous les esprits gourmands qui rôdent aujourd’hui autour de cet institut en connaissent-ils au moins la genèse ? Une autre occasion permettra de lever un coin de voile sur cette affaire...

Entre 2007 et 2014, le projet d’université koweitienne de Porto-Novo (UKP) doté d’un financement initial de 100 milliards de FCFA, n’a pu voir le jour à Porto-Novo. Après maintes péripéties site contre site indisponible et introuvable entre Porto-Novo et Adjarra, l’UKP sera délocalisée à ... Comè !
L’histoire recommencée 45 années plus tard. Quel acharnement sur la ville des Villes ! Et pourquoi ?

L’université de Porto-Novo : 2015

Cependant, face à toutes les injustices aussi grotesques les unes que les autres dont est victime leur région, des enfants de l’Ouémé et du Plateau, qui n’acceptent pas de baisser les bras, ont décidé de commencer à dire non.
Être homme, c’est être capable de dire non, affirme un philosophe.

Forts de cela, les fils, filles, ami(e)s, sympathisant(e)s de l’Ouémé et du Plateau se sont regroupés au sein de l’Association TASK FORCE Ouémé/Plateau, afin de défendre les intérêts de leur région toujours bafoués, le SUD-EST du Bénin, qui n’est pas la région la plus défavorisée de ce pays, malgré tout ce que les politiciens et d’autres forces obscures qui se cachent dans certains cabinets tentent de faire accroire à la population.

Ce sont les luttes conséquentes, acharnées et inlassables de Task Force qui, notamment, tous les acteurs politiques nationaux, régionaux et locaux sincères le reconnaissent, qui ont abouti en 2013 à la création de la Faculté spéciale de médecine de Porto-Novo, puis en 2015 de l’université de Porto-Novo que l’actuel gouvernement s’évertue à nous enlever sous tous les prétextes possibles.

L’université de Porto-Novo veut garder toutes ses entités et, au mieux, les développer :
École Normale Supérieure, Institut National de la Jeunesse, de l’Éducation Physique et du Sport, Institut de Mathématiques et de Sciences Physiques, Haute École Régionale de Commerce Internationale, Centre Béninois des Langues Étrangères, Faculté des Lettres, Arts et Sciences Humaines, Faculté Spéciale de Médecine.

J’ai appris lentement la grammaire. A. de Saint-Exupéry, Pilote de guerre.

Ça risque d’être vrai, la grammaire française est la connaissance la moins partagée aujourd’hui au sein de l’élite béninoise. Elle l’est encore moins au sein de la population scolaire et universitaire. Beaucoup de gens parlent et écrivent comme bon leur semble, sous le fallacieux prétexte, entre autres, que le français n’est pas notre langue maternelle. Soit, mais sont-ils capables de mieux maitriser leur soit disant langue maternelle ?

Dans le cas de figure, on peut se livrer à un exercice d’étude de texte. Pour constater que, ou bien les experts auteurs du projet de carte universitaire n’y voient que brouillard en matière de cartographie, ou bien la restructuration revêt pour eux un autre contenu sémantique.

D’après le Comité français de cartographie (CFC), « la carte est la représentation conventionnelle, généralement plane, en positions relatives, de phénomènes concrets ou abstraits, localisables dans l’espace » .

Au-delà de cette définition, il importe de retenir que ce qui importe, c’est ce qu’on veut faire de la carte, de ce précieux outil de prise de décision. La carte permet d’avoir une vue claire, synthétique, de la réalité des phénomènes localisables dans l’espace. Dessiner la carte universitaire, c’est offrir aux décideurs une vue synthétique pour faciliter la prise de décision éclairée.
Dans le cas d’espèce, la géographie, ça doit servir à rapprocher les prestations des bénéficiaires, et non le contraire. Or à quoi assiste-ton ?

La nouvelle carte universitaire du Bénin, ‘’savamment’’ élaborée dans les bureaux du ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique, éloignera les prestations universitaires des bénéficiaires que sont les étudiants.
De la sorte elle fera tout le contraire de ce qui est préconisé ou clamé sur toutes les ondes. Mais la démagogie ne passera pas. Les peuples savent de plus en plus où se trouvent leurs intérêts et qu’est-ce qui leur convient. À bas les ‘’élites trompeuses’’ qui, sous le couvert de la défense des peuples, ne pensent qu’à leurs intérêts égoïstes.

Ces messieurs s’imaginent peut-être qu’en dehors d’eux, nul autre ne connait la cartographie. Qu’elle est donc cette carte sans échelle ? En bon cartographe, ils doivent savoir qu’une carte sans échelle est illisible, et donc n’a pas de valeur. À quelle échelle se situe leur carte universitaire ? Quelle est donc cette carte qui fait abstraction des réalités du terrain des usagers ?
Le nouveau décret de carte universitaire du Bénin crée, entre autres, l’université nationale thématique d’agriculture de Porto-Novo. Un véritable bluff provocateur !

Lorsqu’on lit cette carte, force est de constater qu’il s’agit d’une œuvre de génie, réalisée par une équipe de génies géographiques et cartographiques, tellement doués qu’ils en sont convaincus que tous les lecteurs adhèreront à leur projet les yeux fermés, que dis-je, un chef-d’œuvre tellement génial que ses concepteurs sont persuadés qu’en dehors de leurs intelligences, toutes les autres ne peuvent qu’être inférieures. À moins que...
Les experts cartographes regroupés autour de la ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique, enfermés dans leurs bulles et ou nuages de points, n’ont pas vu ou pu voir la réalité terrestre des apprenants venant de tous les horizons géographiques béninois et d’autres régions du continent...

À quoi assistons-nous dans le cas de l’Université nationale d’agriculture de Porto-Novo ? À l’inverse de la réorganisation, on a affaire à la désorganisation des structures existantes, d’une part et de l’autre, à des déménagements institutionnels. Il faut plaindre le prochain recteur de l’UNA/PN, car il devra veiller, depuis son rectorat (qu’il reste à construire dans on ne peut dire combien d’années) sur des instituts et facultés situés à plus de 600 – 700 km de lui.

Drôle de manière de rapprocher les prestations universitaire des étudiants, qui consiste à les en éloigner, pour les amener à affronter des embouteillages, beaucoup de stress, subir des va et vient car les prestations desquelles nous parlons, comme tous les usagers le savent par expérience, ne s’obtiennent presque jamais du premier coup, connaissant la grande diligence de nos administrations en général.

Il faut plaindre davantage encore les apprenants, pardon les étudiants de Djougou, Kandi et autre Gogounou qui se verront bien obligés de parcourir la bagatelle de 600 km de distance pour venir quêter des prestations que leur offrira le rectorat dont dépendra leur institution ! Misère. Que signifie pour ses pauvres hères la restructuration nouvelle formule ? qu’ils devront dépenser les maigres ressources mis chichement à leur disposition par leurs parents pour aller chercher des prestations dont ils peuvent être assurés qu’ils ne les obtiendront pas le même jour, connaissant le rythme de fonctionnement des administrations béninoises, dont celle de nos universités nationales.

Mais la restructuration ainsi décidée, semble poser plus de problèmes qu’elle n’en résout.
• Elle ne résout nullement le problème du rapprochement des usagers du service, bien au contraire.
• Un des projets poursuivis par toute réforme administrative en général, et celle-ci en particulier.

Les étudiants de la Flash – Adjara, ceux de l’INJEPS comme ceux de l’ISMSP de Dangbo se verront de nouveau obligés de faire le trajet jusqu’à Abomey-Calavi, soit environ 80 km en moyenne pour faire face à leurs prestations académiques. Ceux de l’ENS une distance moindre, mais pas moins de 60 km tout de même !
Et puis il y a les coûts y afférents, en moyenne 3 000 F à 5 000 F à chaque déplacement ! Drôle de manière de rapprocher les prestations des usagers, vous en conviendrez, n’est-ce pas ?
Dans cette opération de restructuration de la carte universitaire, la variable spatiale aurait dû être le critère basique pour ne pas aboutir au résultat contraire ou tout le moins à un résultat autre que celui qui était recherché.
Qu’on se souvienne de l’un des critères fondamentaux qui ont présidé au choix des six nouveaux chefs-lieux de départements ! N’est-ce pas bien la centralité des villes ? Ici également il aurait fallu en appeler sinon à la science géographique, tout au moins à la dimension spatiale.
Alors qu’on croyait gagnée la bataille pour l’érection d’une université à Porto-Novo, voilà que le gouvernement de la rupture prive cette ville et, par la même occasion, la dépouille des entités universitaires situées sur sa terre et ses environs. Du coup, Porto-Novo a droit à (et se trouve confinée dans) une situation totalement inédite, jamais usitée nulle part au monde.
Ainsi opère le génie de nos surdoués en cartographie universitaire !

À travers mes séjours d’étude et d’enseignement sur trois continents (Afrique, Europe, Amérique), à travers mes lectures et recherches à travers tous les centres et organes de documentation, je n’ai pas réussi à dénicher un monstre comparable à celui qu’on tente de nous faire accepter en guise d’université dite nationale d’agriculture de Porto-Novo. Ces messieurs-là feraient sans doute mieux de mettre leurs énergies au service du bien, au service du développement national à travers le développement harmonieux de toutes les entités régionales qui constituent les réalités sociales et culturelles du pays, plutôt que de s’époumoner à vouloir retarder coûte que coûte une partie du territoire national.

N’en déplaise à nos supers concepteurs, dans le monde contemporain, la tendance la plus forte est à la création d’universités à l’échelle humaine, de préférence aux mastodontes ingérables, sources de toutes sortes de difficultés.
La tendance lourde est à la constitution d’universités éclatées sur plusieurs campus.
Si nous nous en référons à la situation qui a prévalu au Canada dans les années 1970, c’est bien une telle politique universitaire qui a été mis en œuvre dans la province francophone du Québec, avec son réseau des 10 universités ou établissements du Québec judicieusement distribués sur l’ensemble du territoire provincial. Une province de 1 667 441 km2 vaste comme 14 ½ fois le Bénin. On a ainsi :
• Université du Québec à Rimouski (UQAR),
• Université du Québec à Trois-Rivières (UQATR),
• Université du Québec à Hull (UQAH),
• Université du Québec à Chicoutimi (UQAC),
• Université du Québec à Montréal (UQAM),
• Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue (UQAT),
• Université du Québec en Outaouais (UQO),
• Institut national de la recherche scientifique (INRS),
• École de technologie supérieure (ÉTS),
• Téluq (Télé Université),
• École nationale d’administration publique dans la capitale provinciale Québec.

Cette politique de régionalisation des universités du Québec a eu d’énormes effets induits en termes de rapprochement de l’enseignement supérieur des usagers ; en termes de création/renforcement des pôles de développement ; en termes…
En France c’est la même philosophie d’écartement/desserrement des universités qui a été mise en œuvre après mai 68, notamment avec la dislocation de l’ancienne Université de Paris, devenue un mastodonte ingérable. Elle enfantera douze nouvelles universités, dont presque la moitié en région parisienne (Paris 8 à Paris 12) et plus tard Paris 13, également en région. Les 7 premières étant conservées dans le Paris intra muros.

Les universités américaines les plus prestigieuses et en même temps les plus riches ne sont pas des mastodontes en termes d’effectifs. Que ce soit Harvard, MIT, Yale, etc., aucune n’a jamais enregistré des effectifs pléthoriques. Le MIT, ce n’est que 10 894 étudiants pour 1 030 enseignants et Harvard 20 042 étudiants, Stanford, c’est 14 890 étudiants, Yale, 12 312 (2015) étudiants, New York, l’université la plus populeuse, ne fait que 58 547 étudiants, d’après les statistiques recueillies sur Google.
Telle est la règle générale dans le monde. Les universités américaines de l’Ivy League sont un groupe de huit universités privées du nord-est des États-Unis, qui figurent parmi les plus anciennes (sept ont été fondées par les Britanniques avant l’indépendance) et les plus prestigieuses du pays.
Prenez Oxford (22 348, 2014), Cambridge (19 515, 2014), en Grande Bretagne, ou encore toutes les prestigieuses universités suisses, que sais-je encore ?

En comparaison avec l’UAC qui frôle probablement les 90 000 et qui ne tardera pas, au rythme de la nouvelle restructuration, à franchir la barre des 100 000 étudiants !

Il serait bon de rappeler à nos maitres concepteurs de la nouvelle carte universitaire, que ce n’est pas la trop forte massification des effectifs qui fait la qualité de l’enseignement supérieur. Certes il y a un seuil critique en dessous duquel des économies d’échelle ne sauraient être envisagées. Mais les départements de l’Ouémé et du Plateau qui comptent respectivement 1 100 404 et 622 372 habitants , sont nettement en mesure de nourrir de telles ambitions. À titre d’exemple l’immeuble abritant les services du rectorat de l’université de Porto-Novo, pas celle d’agriculture, a été pris en bail par l’association Task Force avec le soutien financier combien appréciable de sympathisants.

Impossible, dès lors, de ne point esquisser de rapprochement entre le sort de la capitale du Bénin Porto-Novo, et la situation actuelle de ville universitaire inédite que s’évertue à imposer aux peuples de l’Ouémé et du Plateau, le gouvernement.

À décapitale, désuniversité !

La nouvelle université nationale d’agriculture de Porto-Novo a tout d’un monstre unique au monde. On dépouille cette ville qui stagne pratiquement depuis un demi-siècle, de toutes ses entités universitaires chèrement acquises. On lui arrime je ne sais quelles entités d’agriculture situées toutes hors de ses entrailles. Quelle monstruosité !

À l’analyse, on ne peut s’empêcher d’établir un parallèle entre ce gros bluff que représente cette coquille vide pompeusement baptisée université nationale d’agriculture, d’une part, et, d’autre part la capitale Porto-Novo.
De même que le statut de capitale de Porto-Novo est un gros bluff juridico-politique, de même l’université nationale d’agriculture de Porto-Novo relève de l’inédit.

Il ne s’agit en effet que d’une capitale de jure, par opposition à la capitale de facto. Porto-Novo capitale du Bénin, 99 % de la matérialité des attributs de la capitale se trouvent implantés à Cotonou. Cela saute aux yeux et en 26 années de mise en œuvre d’un programme pompeusement baptisé « Programme spécial de réhabilitation de la ville de Porto-Novo » (PSRP), Porto-Novo n’a eu droit, fort péniblement et laborieusement qu’à la construction de la Cour suprême. On connait toutes les péripéties et toutes les difficultés enregistrées par le dossier de l’érection de l’hémicycle à Porto-Novo. Dans le même espace de temps, les infrastructures de capitale n’ont de cesse d’être érigées à Cotonou : nouvel immeuble de la présidence de la République, nouvel immeuble du ministère des affaires étrangères, nouvel immeuble du ministère de l’environnement, tours administratives abritant plusieurs ministères, etc.

Assurément la volonté politique n’est pas au rendez-vous de la recapitalisation de Porto-Novo.

Étrange destin que celui de cette ville sur laquelle tous s’acharnent et dont le peuple demeure irrémédiablement passif.

Or Hessel préconise de s’indigner : « Indignez-vous » .
Et ce philosophe espagnol de rappeler très humblement que la politique, c´est :
« L´ensemble des raisons d´obéir et des raisons de se rebeller ».

Je crains que, pas plus que par le passé, et notamment après la publication de « Porto-Novo, décapitale du Bénin », ce peuple ne bouge guère. Car il n’arrive au peuple de l’Ouémé/Plateau que ce qui arrive à toute personne réfugiée sous un arbre : « à force de ne point broncher/bouger, ce sont les oiseaux qui lui défèquent sur la tête ». Car il ne faut jamais oublier que la politique, c´est :
« L´ensemble des raisons d´obéir et des raisons de se rebeller ».

Les peuples de l’Ouémé/Plateau ne veulent plus être ceux qui « tendent la seconde joue chaque fois et toutes les fois qu’on leur administre un soufflet ».

Dorénavant nous sommes véritablement dans l’un des cas de figure décrits par un des spécialistes de la science politique , qui distingue six échelles de conflits :
• le mécontentement régional ;
• l´opposition politique sur une base régionale ;
• la revendication de l´originalité culturelle et linguistique de la région ou groupe ;
• le désir d´autonomie interne ;
• la rébellion ;
• le soulèvement sécessionniste.
Car en fait le peuple le plus pacifique qui soit, lorsqu´il est totalement acculé, ne recule plus. Car pacifisme ne saurait être synonyme d´apathie.

« Si tu commandes à ton peuple d´aller se jeter à la mer, il fera la révolution. »

De la même manière « Si tu prives ton enfant de nourriture, il volera. »

Ne l’oublions pas, dans un régime démocratique comme le nôtre,
« Avoir la liberté politique devrait signifier pour les individus qu´ils sont libérés de la politique sur laquelle ils n´ont pas de contrôle effectif. » .

Telles sont quelques-unes des inquiétudes que les peuples de l’Ouémé & du Plateau tenaient à partager avec leurs autres frères et sœurs du reste du Bénin.
Que diable est donc ce pays le Bénin où rien n’est jamais bénin, et où les choses en apparence les plus simples sont inutilement compliquées à l’infini ?

Mais Porto-Novo, c´est aussi une ville qu´inquiète l´avenir.

« Désacraliser la capitale et construire la rupture ».

Désacraliser la capitale et construire la rupture impliquent que nous ne devions point nous laisser caresser l´épiderme et endormir la conscience par le seul fait que toutes les constitutions de la République jusqu´à ce jour, proclament pudiquement que Porto-Novo est la capitale du Bénin.

Le parallèle entre la réalité selon laquelle, conformément à l’article 1er, titre 1er de la Constitution du 11 décembre 1990 :

« La Capitale de la République du Bénin est PORTO-NOVO ».

Et le fait que Porto-Novo vient d’être cyniquement dépouillée de ses entités universitaires naturelles, endogènes, autochtones, pour se voir investir d’une prétendue université nationale d’agriculture hors les murs, est incontournable !
Étrange destinée que celle de cette ville !

Le gouvernement précédent, tant décrié aujourd’hui, a doté Porto-Novo et Kétou de deux universités, i. e. de deux pôles de développement. Tout le monde sait que c’est l’université qui a fait Abomey-Calavi, demeuré jusque dans les années 1970 un gros village quasiment ignoré du monde.

Que dis-je, le gouvernement précédent a doté Porto-Novo et Kétou de deux universités : il n’appartient pas au gouvernement actuel ni à un quelconque autre gouvernement responsable, de les leur enlever. Car dans le cas particulier de Porto-Novo, il s’agissait d’essayer de réparer un tantinet une poignante injustice.

18/08/2016
Pr Noukpo AGOSSOU (PhD)

www.24haubenin.bj ; L'information en temps réel

1er septembre 2016 par La Rédaction




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