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(Par Roger Gbégnonvi)
Et ceci n’est pas que jeu de mots. Ce qui est en cause avec Donald Trump à la Maison Blanche, c’est l’état présent et futur du monde, de ce monde qui s’américanise depuis que les USA (le ‘‘tirailleur sénégalais’’ aussi) ont secouru l’Europe ravagée par le nazisme, et lui ont ensuite tendu la main au travers du Plan Marshall pour financer sa reconstruction. Depuis lors s’est instaurée une chaîne mondiale de solidarité, pas toujours très solide, contrôlée et maintenue vaille que vaille par l’ONU. L’humanité se devait en effet d’en finir avec l’inhumanité des deux guerres mondiales. C’est ce difficile vivre-ensemble-pour-le- progrès que Donald Trump voudrait arrêter et remplacer par un vivre-heureux-seul-chez-soi.
Mais la ‘‘trumperie’’ ne passera pas car, si Trump gagnait le pari de repli sur soi de son pays et de déni des autres, cela voudrait dire, par exemple, que la Centrafrique et le Mali devraient s’arranger désormais tout seuls avec leurs terroristes et leurs djihadistes, parce que l’Amérique trumpiste, tout occupée d’elle-même, n’aiderait plus la France à intervenir dans ces deux pays. Mieux ou pire, soucieuse d’annuler les ‘‘errements’’ solidaires du passé, l’administration Trump, qui veut en finir avec l’Obama-care (l’aide de l’Etat central aux Américains sans assurance maladie), exigerait de la France le remboursement des subsides accordés par l’administration Obama pour combattre le malheur en Centrafrique et au Mali. Se déclarera-t-il créancier de l’ONU pour les opérations financées par les USA en Syrie et en Iraq pour combattre l’Etat Islamique ? Trump veut en effet que le dollar américain reste tout entier aux USA pour la ‘‘grandeur retrouvée’’ de son beau pays. Et le Président mexicain sait qu’il recevra la facture du mur que Trump fera ériger entre le Mexique et les USA pour empêcher définitivement les malheureux Mexicains de troubler le bonheur des Américains.
Si ce n’était le credo d’un des Américains les plus riches, devenu pour quatre ans le Président de son grand pays, on pourrait partir d’un fou rire en se disant que les Etats-Unis ont sorti de leur chapeau un gaffeur décoiffant. Mais il ne faut pas rire, car Donald Trump compte des adeptes en Europe. Le FN en France et l’AFD en Allemagne, s’ils arrivaient au pouvoir, ne reprendraient pas les atrocités du nazisme, mais s’inspireraient de sa théorie de la pureté de la race et de ses méthodes de travail. Si l’on s’en tient à la France, dopés par le vent trumpiste inopinément venu des USA, Marine Le Pen et Nicolas Sarkozy sont sur un petit nuage et boivent du petit lait. Le premier discours public de Sarkozy après l’élection de son pareil américain est un copier-coller Trump intitulé ‘‘Ici, c’est la France’’. Lui à l’Elysée en 2017, les vieilles dames de France et les petites filles de France recommenceront à sortir la nuit sans crainte, car il aura chassé de la terre de France les demandeurs d’asile, voleurs et violeurs par essence, et il fera verrouiller les frontières de la douce France, n’en déplaise aux accords de Schengen, car ‘‘Ici, c’est la France’’. Marine Le Pen aura compris qu’elle doit faire très fort à présent pour ne pas se laisser voler la vedette par cet ancien Président, fils d’immigrés, manieur du verbe haineux pour débarrasser sa chère France de la ‘‘racaille’’.
On ne voulait pas rire, mais il faut rire, car tout cela est hilarant, délirant, et ressortit à une méchanceté qui n’est plus de mise. Si ces bonnes gens veulent remettre un peu d’esclavage, une pincée de colonisation dite ‘‘mission civilisatrice’’, une ombre d’apartheid, le tout pour éviter le mélange des genres et la confusion des couleurs, ils se trompent. Le monde, qui avance cahin-caha, n’entend pas régresser. Au demeurant, il reste vrai pour l’éternité qu’on ne grandit pas en s’éloignant de l’autre, mais en s’ouvrant à lui, fût-ce parfois de mauvais gré. Pour cette bonne raison éternelle et pour d’autres subsidiaires et ponctuelles, soyons rassurés, sachant que c’est non, le monde ne se ‘‘trumpera’’ pas.