(Par Roger Gbégnonvi)

​Un zém’ d’urgence parce que, une fois encore, votre ‘‘venue de France’’ a refusé sans préavis de démarrer. A peine avez-vous indiqué votre destination que le conducteur est parti sur une de ses confidences dont lui et ses pairs ont le secret et qu’ils vous collent d’un trait.
​Savez-vous, Monsieur, pourquoi le boss est toujours en l’air en hélicoptère ? Moi, je vais vous le dire : c’est parce qu’il cherche à respirer de l’air pur. Les gens l’embêtent trop au sol, alors que dans moins d’un an, il a quitté le fauteuil bien avant que le bon Azannaï ne se sente obligé d’aller l’en extraire. Moi j’estime qu’il est temps maintenant que nous le laissions respirer au sol. C’est pourquoi je suis très content de l’intervention de Man Azatass au milieu de ses camarades l’autre soir à la télé. Ils ont demandé qu’on fasse l’unité et la paix parce que, à Banikoara, le boss n’a rien dit qui soit faux. Il y a des gens mauvais partout. Or il y a plus de gens mauvais dans les grosses agglomérations que dans les petites, donc il y a plus de gens mauvais à Cotonou qu’à Banikoara. C’est clair, et c’est ce que le boss a résumé.
​C’est ce qu’il a dit, et certains politiciens, relayés par certains journalistes, se sont mis à l’insulter. Ce n’est pas bien, ils sont de mauvaise foi et, en plus, ils sont tous petits. Vous vous souvenez, j’espère, de cette phrase significative que le boss a balancée le jour où il a convié les Béninois à la guerre civile. C’était un jour de fête. Et moi qui vous parle, je connais ça : quand la fête est bien et que les choses ont bien coulé à mon niveau, je dis beaucoup de choses, et je finis par m’endormir au milieu des gens, adossé à un mur, la bouche ouverte. A mon réveil, quand les gens me racontent mes propres histoires, je nie tout en bloc, parce que c’était mon faux moi-même qui parlait et non mon vrai moi-même. Et tout le monde me comprend. Je vous dis que je connais ça. Mais laissons là les vieilles histoires.
​Je dois toutefois vous dire : ce que les gens ne savent pas, c’est que le boss, il a beaucoup changé, je veux dire qu’il s’est beaucoup amélioré. Refondation et tout le reste-là, ça a fait du bon travail sur lui. Vous vous souvenez, un jour il a réussi à faire trembler Maman Rosine soi-même, en lui promettant, chez elle à domicile, de mettre le pays à feu et à sang. Notre amazone nationale a eu tellement peur – ça ne lui ressemble pas – qu’elle a couru en rendre compte à l’Assemblée Nationale pour que l’Etat la protège, elle, son mari et ses deux enfants d’abord. Les autres, on verrait après. Heureusement, le boss n’a pas mis sa menace à exécution. Et vous voyez bien que Banikoara à côté de ça qui a raté, c’est rien du tout, c’est du tout petit lait vite avalé avec zéro conséquence. Mais laissons là les vieilles histoires.
​Deux petites choses me gênent quand même un peu dans la très bonne intervention de Man Azatass et compagnie. La première, c’est leur appel pressant aux institutions et, surtout, à la HAAC, pour museler les politiciens qui relayent les propos du boss à Banikoara et les journaleux relayeurs des propos des politiciens. Moi je pense que le boss devrait confier tout ça à ses avocats. Ils ont été très bons dans la querelle qui l’a opposé à son ami Talon. Ils seront bien meilleurs encore avec ces gens qui sont des petits. Je pense d’ailleurs qu’il suffit d’un avocat stagiaire pour les amener à se la boucler en prison. La deuxième chose, c’est que Man Azatass et ses camarades ne parlent pas de justice. Or il y a dans le pays des tas de situations d’injustice qui ne peuvent que blesser l’unité et la paix. Prenez, par exemple, ce bon ALCRER : il va et vient avec deux balles dans le cou. Le jour où il explose dans la circulation, ça fera mal, et si c’est chez lui à la maison, sa femme et ses enfants…
​On est arrivé ? Excusez-moi… Oh payez ce que vous voulez. Je vous connais, vous intervenez aussi à la télé, et je serai assez payé si vous faites passer le message : il faut maintenant laisser le boss respirer au sol, c’est de la charité, il n’en a plus pour longtemps.