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(Par Roger Gbégnonvi)
Sans attendre ni CENA ni Cour, n‘écoutant que son cœur, siège du génie selon Rimbaud, Lionel appela Patrice et le félicita, entrant ainsi de plain-pied dans l’Ordre de la Grandeur institué par le peuple électeur les 6 et 20 mars, élan où Saint-John Perse a reconnu ‘‘…de très grandes forces en croissance…Et elles instituaient un nouveau style de grandeur où se haussaient nos actes à venir’’. Grandeur portée par Boni et Patrice se donnant l’accolade le 6 avril sur le perron de la Marina, portée par Patrice raccompagnant Boni à sa voiture, attendant qu’il passe la grande porte avant de la passer lui-même pour aller recevoir des mains de Koubourath la Grand-Croix qui le fera Grand-Maître. Grandeur donc.
Grandeur portée avec courage par Patrice pendant cinq ans, pour ne pas voir le nouveau départ tourner court et se retourner contre lui car, s’il n’y a pas nouveau départ, c’est lui qui partira avant terme. Pour éviter une telle déconvenue, le peuple prévient que ne lui convient pas un gouvernement pléthorique empli de copains et de coquins, c’est-à-dire de malandrins et de gredins, qui se couvrent du discours convenu de nouveau départ pour se faire margoulins prédateurs, plus dévastateurs encore que leurs prédécesseurs. Non Patrice, pas ça ! Il y a, au sein de ton peuple, des femmes et des hommes de science et de conscience, de probité et de grandeur d’âme. Il y a, au sein de ton peuple, les dix Justes d’Abraham devenus les dix Hommes Révoltés de Ben Gourion. Tu les cherches à la loupe, avec la lanterne de Diogène, si tu veux. Tu les trouves. Avec eux, pas avec d’autres, tu inities le peuple au difficile nouveau départ, en ayant constamment à l’esprit que s’il n’y a pas nouveau départ ou que s’il commence nouveau et se retrouve ancien, c’est toi qui partiras avant terme. Car le peuple est infiniment las des mots qu’on lui injecte pour son envol et qui ne réussissent qu’à le maintenir au sol : d’indépendance à révolution, de changement à rénovation en passant par émergence et croissance-à-deux-chiffres, sans oublier les éternels bailleurs de fonds et partenaires au développement, que de mots ! Et qui ont donné quoi ? Et maintenant, nouveau-départ, voire rupture et même coalition pour la rupture. Enervés par le flot des mots vains, nos enfants et petits-enfants s’emportent et disent qu’y’en a marre. Ne pas donc les braquer avec des mots aussi sonores qu’ils sont vides. Ouvrir l’avenir en gouvernant dans l’Ordre de la Grandeur institué par le peuple électeur les 6 et 20 mars.
Non pas gouverner mais servir. Nous initier au difficile nouveau départ en ayant constamment à l’esprit une jeune dame, pas 40 ans, filiforme, retombée depuis longtemps dans l’analphabétisme presque intégral après l’arrêt brutal de sa scolarité malmenée. Mère célibataire, elle va et vient mille fois dans la journée en vendant du pain de blé à la criée. Deux f de bénéfice sur chaque morceau de pain vendu. En 2015, l’aînée de ses cinq enfants, 14 ans, a été engrossée par l’un de ses professeurs de collège. Mais c’est d’autre chose que se plaint la dame filiforme : ‘‘Grand-Papa, souffre que je te confie mon embarras. L’autre grand-papa là-bas m’a tenue au CM1, et il est l’ami de ma famille. Il prend le pain à crédit chaque matin et me rembourse des jours plus tard. Mais ça fait maintenant des mois qu’il ne me paye plus ce qu’il me doit, et me dit à chaque fois qu’il n’a rien. Il a été mon maître à l’école, il est l’ami de ma famille, et moi je suis embarrassée.’’ Des deux pauvretés, quelle est la plus douloureuse ? Celle de la porteuse de pain, grand-mère par le viol de sa fille, ou celle du vieil instituteur à la retraite, qui n’arrive plus à honorer ces factures d’eau et d’électricité, et qui mange son petit-déjeuner à crédit avec sa vieille épouse, malade et grabataire ?
Poser toutes les questions. Y répondre dans l’Ordre de la Grandeur institué par le peuple électeur les 6 et 20 mars. Le nom de la porte d’accès au nouveau départ : Grandeur.