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Le Bénin a enregistré deux attaques djihadistes,mardi 30 novembre 2021, au niveau du Pont Kérémou et le 02 décembre dans la région de Porga. Dans une interview accordée à Teria News, Edgard Kpatindé, Spécialiste des questions de sécurité globale et des problématiques africaines s’est prononcé sur les défis sécuritaires du Bénin.
Les agents des Forces de Défense et de Sécurité du Bénin en position de surveillance dans la zone frontalière ont été pris à partie par des individus armés non identifiés. Les attaques se sont soldées par deux morts et des blessés dans le rang des militaires. Selon Edgard Kpatindé, comme certains de ses voisins, le Bénin se trouve à son tour confronté à un sérieux défi sécuritaire. « Lorsque vous observez attentivement la situation, quelques constats s’imposent : ces groupes ne sont pas installés de façon permanente sur le territoire béninois. Ils circulent, font des excursions-test, viennent même se ravitailler », a-t-il confié à Teria News.
A en croire le Spécialiste des questions de sécurité globale et des problématiques africaines, il n’y a pas que les djihadistes du Sahel qui ont le Bénin dans leur champ de mire. Le groupe Boko Haram explique-t-il, fait également des tentatives de pénétration via nos frontières nord-est, à partir de Décra qui est un petit village nigérian. « Les groupes terroristes cherchent à s’ingérer dans les conflits communautaires du nord du Bénin qu’ils instrumentalisent à leur profit. Au cours des trois dernières années, on a pu recenser une hausse de plus de 45% des incidents et des heurts violents dans la partie septentrionale du pays », a informé M. Kpatindé. Les zones de pénétration ou d’infiltration sont Karimaman, Malanville, Madekali, Samia (frontière nigériane), Séwan, Ségbana, Kakalé-basso, Boumoussou et de petits villages (Lougou, Morou, Douéya, Libatin), a-t-il précisé.
En août dernier, des terroristes ont été neutralisés dans une attaque de Boko Haram qui a eu lieu à proximité du Nigeria. « (…) Mais depuis, il a le secours d’autres groupes. On assiste à une forme de mutualisation des intérêts, des informations et des infrastructures de combats. Ces djihadistes font de temps en temps des incursions sur notre territoire. Ils sont lourdement armés. Je parle d’armes modernes de guerre, pas que des armes automatiques, ils ont des PKM, et des 14/7. Les forces de défense doivent s’adapter aux techniques de guerre asymétrique », conseille l’expert.
Pour Edgard Kpatindé, en dehors de la réponse militaire, il est nécessaire « de lutter contre l’illettrisme et la pauvreté qui font le lit de ces groupuscules ». A cela s’ajoutent la valorisation de la formation professionnelle, l’éducation des femmes et leur formation à leurs droits. « Nous sommes encore dans un pays où un homme peut considérer, trop souvent en toute impunité, qu’il a droit de vie et de mort sur sa femme ou sur sa fille. C’est un problème de fond », a-t-il ajouté. Edgard Kpatindé a également insisté sur l’unité nationale, sous-régionale et continentale face à ces groupuscules.
« On ne peut pas réduire l’islamisme radical à de la frustration sociale. Il s’en nourrit mais les racines sont à chercher ailleurs. Ayant dit cela et dans le même temps, il faut d’une part agir pour faire régresser les frustrations là où elles existent, les gens ont besoin qu’on les respecte, et d’autres part remonter à la source des financements des groupuscules qui se nourrissent de divers trafics », a affirmé le Spécialiste en conseil stratégique et Fondateur de i3s (Intelligence Sécurité Stratégie et Services).
A.A.A.
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