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Après chaque élection présidentielle au Bénin, depuis l’avènement de la démocratie en 1990, de coutume on observe une reconstitution de la classe politique qui se manifeste toujours par le rapprochement des perdants de la nouvelle équipe gouvernementale. Cette pratique, une fois encore, aura droit de cité au lendemain de la victoire de Patrice Talon. Mais en réalité, c’est pour échapper aux poursuites judiciaires que des criminels du régime défunt, se précipitent pour aller prendre d’assaut, le camp des valeureux combattants de la Rupture.
Après sa prestation de serrement le 06 Avril passé, Patrice Talon continue de recevoir une marée de soutiens. Ces hommes et femmes après avoir géré aux côtés du Président Yayi pendant une décennie, refusent d’assumer la place d’opposition qui est la leur après la défaite de leur camp. Ils traînent des casseroles ou sont complices de crimes humains et craignent d’être ultérieurement poursuivis.Leur seule porte de sortie ou refuge, c’est de regagner le camp de la rupture, pour ainsi tromper le peuple qui sont désormais convaincus de la vision du Président Talon et qu’ils veulent le soutenir. C’est faux. Ils pensent échapper aux mesures ou aux décisions qui seront prises par le nouveau gouvernement et la Justice contre la corruption, les détournements de deniers publics et l’impunité.Mais ils n’y arriveront pas puisque les populations bien imprégnées de leur passé, ont déjà commencé par les dénoncer et les désavouer. En effet pendant toute la campagne électorale, les partisans de Yayi Boni ont combattu et se sont opposé au candidat Talon et à ses idées en indiquant à la face du monde que le seul candidat crédible, capable de vaincre les maux actuels auxquels est confronté le Bénin, est celui de l’alliance Républicaine. Comment comprendre que les leaders du régime de changement et de celui de la refondation ainsi que plusieurs autres politiques, partisans de l’ancien pouvoir, perdent aujourd’hui toute dignité et se déclarent être de la « Rupture » ?
Il faudrait que nos acteurs politiques prennent en main leurs responsabilités et se conduisent comme l’indique les normes de l’art. Car en agissant comme ils le font depuis bientôt trois décennies, en rendant très faible le contre-pouvoir ou l’opposition, cela fragilise la bonne marche de la démocratie et rend plus fort le Président de la République comme nous l’avons remarqué ces dix dernières années avec le Dr Boni Yayi qui a souvent confondu la démocratie avec la monarchie. Une autre tendance que celle du Chef de l’Etat est nécessaire pour assurer la veille citoyenne et pour sonner la cloche d’alarme dès que le pouvoir en place montrerait quelques signes de déviance. Ceux qui ont géré au sommet du pouvoir d’Etat avec le Dr Boni Yayi et qui ont été sanctionnés par le peuple béninois lors du scrutin dernier, ont aussi leur rôle à jouer dans le « Nouveau Départ », car ils demeurent citoyens béninois. Toutefois ce rôle n’est pas à confondre avec la continuité de leurs fonctions dans l’ancien système. Les perdants d’une élection peuvent aussi être au service de la nation mais tout en laissant aussi travailler l’élu en le soutenant dans ses réformes immédiates. D’autre part, ils ont aussi le devoir de prouver au peuple qu’ils peuvent mieux faire que la nouvelle équipe et de laisser le choix au peuple de rompre ou de continuer avec son choix. Il est impératif que nos perdants se situent dans ces divers rôles afin d’assurer un meilleur avenir à notre démocratie.
Charles S.M.B AGOSSA/Le Grand Matin
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