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(Par Roger Gbégnonvi)
La campagne électorale, achevée hier vendredi à minuit, a suivi point par point la recette mitonnée par ladite classe politique béninoise. Au menu, pas de cap sur une idéologie affichée mais beaucoup d’argent distribué par les candidats alors qu’il fait défaut partout dans le pays, les mêmes gens appauvris (femmes et jeunes en tête) ahanant d’un meeting à l’autre pour avoir T-shirt, sandwich, canette de boisson et des jetons ‘‘pour le déplacement’’. Et puisque c’est ça la cuisine des campagnes électorales au Bénin, on est en devoir de dire, ce samedi 5 mars, que la fête a été belle pour les candidats et les électeurs.
C’est demain, dimanche 6 mars, que les plats servis révèleront leur acidité à trois niveaux. Premier niveau :- Les électeurs n’acceptent pas l’idée de deux bulletins de vote, la nouvelle et, en cas de nécessité, l’ancienne. Ils estiment que c’est la porte ouverte à la fraude et s’étonnent que la Cour Constitutionnelle ait pris une telle décision. A-t-elle changé d’avis ? Au demeurant, la distribution de la nouvelle carte n’a pas commencé à Péhunco avant le mardi 1er mars. Le quotidien en ligne, 24haubenin, précise que les lots disponibles dans cette commune pourront être distribués ‘‘avant et même après les élections en cours’’ (sic). La distribution a commencé à Comé le 2 mars et à Dogbo le 3 mars. Tous les électeurs auront-ils été servis ? Deuxième niveau :- Les fonctionnaires, qui n’ont pas pu, pendant un an, apprêter les nouvelles cartes d’électeur, ont-ils pu acheminer, en quelques jours, matériel et personnel nécessaires dans les milliers de bureaux de vote pour le bon déroulement du scrutin ? Sinon, des bureaux de vote qui ouvrent très en retard ou qui n’ouvrent pas du tout ou qui ouvrent sans tout le matériel et le personnel nécessaires, et voilà le scrutin sérieusement entaché sur l’ensemble du territoire. Troisième niveau :- Les électeurs ne veulent pas entendre parler d’élection du Président de la République dès le premier tour : le bon sens et la configuration politique du pays ne l’admettent pas, à moins d’un holdup éhonté pour imposer tel candidat convenable pour la classe dite politique mais pas pour le peuple du Bénin. Il y a donc beaucoup d’acidité susceptible d’effacer la convivialité de la campagne électorale et d’attrister la fête de l’élection présidentielle.
Mais c’est après-demain, lundi 7 mars, au matin, que le Bénin prendra un nouveau visage. Ou le scrutin, la veille, s’est déroulé globalement bien, et, comme des miraculés, nous nous acheminerons vers un second tour apaisé et joyeux, et l’extérieur dira ‘‘ces Béninois, toujours surprenants !’’, ou le scrutin, s’est mal déroulé au point d’être invalidé par qui de droit, et nous nous acheminons vers les Etats Généraux demandés par le Parti Communiste ou vers la Transition souhaitée par l’un des 33 candidats. Cette éventualité, non imaginaire, permettrait à l’actuel Président du Parlement de vivre Président de la République pendant ‘‘quarante jours au plus’’ et de jouir à vie des avantages et des honneurs dus à un ancien Président de la République. C’est ce que des Béninois soupçonneux appellent ‘‘le Plan C’’ tenu sous le manteau et qui satisferait les adeptes de l’errance en politique.
De toute façon, au matin du lundi 7 mars 2016, plus rien ne sera comme avant. Trop longtemps agacés par une classe dite politique mais en réalité mercantile, vouée à l’argent, démissionnaire parce qu’elle n’a aucune idée de ce que pourrait être une mission, les Béninois auront repris une grande partie de l’initiative. Ils viennent d’en donner le signal en réduisant subtilement à 5 les 33 candidats restés en lice. Exit les errants, la quantité mercantile et les partis politiques de la mangeoire. Les Béninois mettent à présent le cap sur la rigueur de la gouvernance. Car demain le Bénin, ce seront qualité et abnégation au service du pays, parce que les Béninois auront porté à leur tête des Béninois sincères et droits.