jeudi, 25 avril 2024 -

1096 visiteurs en ce moment

Interview avec Joël AKOLI EKLOU de l’Association Togolaise pour le Bien Etre Familial (ATBEF)

« Dans l’ESC, on voit le sexe, or la sexualité n’est pas que le sexe ».




Démarré en 2008 au Togo, le processus de réalisation de l’Education Sexuelle Complète (ESC) a pris fin en 2014. Sa phase d’évaluation dans une vingtaine d’écoles et son évaluation ont eu lieu en 2015. Même si ce parcours a connu quelques difficultés, le Togo a gagné ce pari comparativement à d’autres pays de la sous-région ouest africaine francophone. Responsable Marketing, Communication et Mobilisation des Ressources à l’ATBEF (association membre de l’IPPF), Joël AKOLI EKLOU parle dans cette interview, des différentes étapes qui ont abouti à ce succès.

Pourquoi avoir initié une Education Sexuelle Complète (ESC) à l’endroit des jeunes et quelles en sont les avantages ?
Aujourd’hui, nous sommes d’accord sur le fait que l’ESC reste la meilleure stratégie devant permettre aux jeunes de s’épanouir. Dans le thème « Epanouir », nous avons beaucoup de sous-thèmes. L’épanouissement n’est pas seulement lié au facteur « Santé ». C’est également lié à l’éducation, à la confiance en soi, l’estime de soi ; un certain nombre de composantes qui sont réunies dans l’ESC. Les études réalisées dans ce domaine démontrent que l’ECS permette aux jeunes de prendre des décisions éclairées. Par exemple, si un ou une jeune veut entamer une vie sexuelle, et s’il ou elle est déjà en contact avec l’ESC, il ou elle connait en amont les avantages et les inconvénients de cette vie sexuelle. Il ou elle prendra donc une décision qu’il assume.
L’une des trois composantes de l’ESC est le bien être sexuel. N’est-ce pas (ESC) un guide ou un outil pour inciter les jeunes à la précocité des rapports sexuels ?

L’une des 7 composantes est le plaisir ou l’épanouissement. Si le jeune sait que derrière l’acte sexuel, c’est un plaisir qui est recherché, il est normal qu’il n’aille pas se laisser aller à un commerce sexuel. Si le jeune sait que le rapport sexuel lui permet d’avoir un plaisir, il ne va se laisser aller avec un homme plus âgé (lorsqu’il s’agit d’une jeune dame) juste parce qu’elle fait l’objet d’une pression psychologique, morale, financière. La jeune fille ou le jeune garçon décide de l’acte sexuel parce qu’il ou elle veut aller au plaisir, un élément important. Le plaisir est différent de la génitalité de la reproduction. On va aux rapports sexuels, pas pour seulement avoir un enfant. On y va aussi pour avoir le plaisir.
Aujourd’hui, l’ESC est effective dans certaines écoles au Togo. Comment êtes-vous arrivés à ce niveau, étant donné que la sexualité est un sujet tabou dans nos sociétés africaines ?
Au démarrage de la réalisation du projet, c’était un plaidoyer et le gouvernement a été sensible à cela, surtout par rapport à l’environnement que l’on peut décrire avec le taux élevé de grossesses précoces et non désirées dans le milieu scolaire, y compris les infections sexuellement transmissibles et le VIH….Dans ce sens, nous avons eu à aller vers l’expérimentation de l’ESC à travers des écoles pilotes et après il y a eu une évaluation. Nous sommes donc à ce niveau. Nous avons eu des résultats assez probants. Maintenant, nous sommes en train de faire le plaidoyer pour que le gouvernement puisse investir dans ce projet afin que nous puissions le mettre à l’échelle nationale. L’expérimentation n’a été faite que dans une vingtaine d’écoles. Lorsque vous imaginez le nombre d’école qu’il y a au Togo, vous voyez qu’il y a encore du travail à faire. Mais essentiellement, c’est un travail de mise à échelle étant entendu que les développements de curricula ont été déjà menées et élaborées. La prochaine étape, c’est de pouvoir trouver les ressources pour la mise à échelle nationale.
Quelles sont les stratégies adoptées pour que parents d’élèves, directeurs d’écoles, maitres et maitresses, professeurs….acceptent cette nouvelle matière dans leur emploi du temps ?
Ils ont été très sensibles. C’est vrai, je dois dire que nous avons pris la chose assez haute. Nous avons parlé avec les ministres de la santé, de l’éducation, des affaires sociales et après avec les inspecteurs. Vu l’importance de l’activité, les professeures ont adhéré.
Qui sont ceux qui enseignent cette matière et quels sont les messages clés adressés aux apprenants ?
Au Togo, l’ESC a commencé déjà au niveau de la maternelle. L’enfant de 2 ou 3 ans se pose souvent des questions sur son corps et en tant que parent, on ne leur dit pas la vérité. On leur donne des informations adaptées à leur âge. C’est ce que nous avons fait jusqu’au niveau terminal. Certains professeurs titulaires d’un certain nombre de matières ont suivi des formations spécifiques. Nous avons intégré l’ESC dans leur programme. Pour le primaire, ils travaillent pour la plupart du temps sur images. Nous avons confectionnés des posters et dans les échanges le jeune arrive à s’exprimer.
Est-ce que vous avez rencontré des difficultés ?
La première difficulté est relative aux pesanteurs socio-culturels. Quand on parle de l’ESC, tout de suite, les gens se demandent ce que vous voulez faire avec les enfants. Dans l’ESC, on voit le sexe, or la sexualité n’est pas que le sexe. La sexualité va au-delà du sexe. J’exprime ma sexualité quand j’écris par exemple une lettre d’amour, quand je regarde un film d’amour. Ce n’est pas que le rapport sexuel. Malheureusement, beaucoup de personnes ne le comprennent pas. Dans notre contexte africain, c’est très difficile. Nous avons donc travaillé avec les chefs religieux et la fédération des parents d’élèves. Nous avons formé des pairs éducateurs au sein de la fédération, qui a leur tour ont informé les parents sur le bien-fondé de l’ESC.
Quelle sera la prochaine étape ?
La prochaine étape ressemble malheureusement encore à un plaidoyer. Il s’agira d’exhorter l’Etat à investir dans la mise à échelle nationale. Avec ce coup de fouet, les Partenaires Techniques et Financiers prendront également le pli.

Propos recueillis par Makéba Tchibozo

www.24haubenin.bj ; L'information en temps réel

14 juin 2017 par




Tioleja Films engagée dans la narration de l’histoire africaine


21 février 2024 par Akpédjé Ayosso
Yasmina Fagbemi Edwards, co-fondatrice de la société de production (...)
Lire la suite

Bonaventure C. GUEDEGBE s’exprime sur le retrait de la Cedeao du (...)


2 février 2024 par Judicaël ZOHOUN
Le dimanche 28 janvier 2024, le Burkina Faso, le Niger et le Mali ont (...)
Lire la suite

Les attentes de la 5e édition du séminaire sur la justice commerciale


24 novembre 2023 par Akpédjé Ayosso
Le Conseil des Investisseurs Privés au Bénin (CIPB) en partenariat (...)
Lire la suite

« Notre objectif est de faire en sorte que nos clients se sentent (...)


21 septembre 2023 par La Rédaction
A la tête de MTN Bénin depuis 2020, la Directrice Générale du premier (...)
Lire la suite

’’Ce G20 reflète la voix des pays du Sud’’ (Premier ministre Narendra Modi)


8 septembre 2023 par Akpédjé Ayosso
La présidence indienne du G20 marque un moment décisif car le pays (...)
Lire la suite

« Avoir refoulé l’He Malèhossou ne veut pas forcément dire qu’Olivier (...)


10 juillet 2023 par Judicaël ZOHOUN
|Une interview-analyse du Journaliste, Vianney ASSANI, Editorialiste (...)
Lire la suite

A cœur ouvert avec le Chef de mission SDSN en visite au Bénin


27 février 2023 par Judicaël ZOHOUN
Mme Eve de la Mothe Karoubi, Cheffe des réseaux, Directrice du (...)
Lire la suite

L’ANSSFD fait le point après l’interdiction de la collecte d’épargne (...)


2 décembre 2022 par Judicaël ZOHOUN
L’Agence Nationale de Surveillance des Systèmes Financiers (...)
Lire la suite

« Il faut compter sur ASO Baobab pour la prochaine Ligue Nationale (...)


26 octobre 2022 par Judicaël ZOHOUN
Imelda WADAGNI rêve grand ! Au terme d’une assemblée générale (...)
Lire la suite

« Si on a cinq présidents comme Talon en Afrique, le continent va (...)


19 mai 2022 par Judicaël ZOHOUN
Monsieur Bunmi Jinadu est un promoteur très influent dans le (...)
Lire la suite

A Cœur Ouvert avec Roland GANFLE, chef section embouteillage


13 mai 2022 par Judicaël ZOHOUN
Découvrez chaque mois, un métier de la brasserie en immersion avec un (...)
Lire la suite

Q&R : Les leçons du dernier congrès mondial de la nature


18 janvier 2022 par Judicaël ZOHOUN
Lecture rapide L’innovation de ce congrès aura été d’avoir sur le (...)
Lire la suite

« Nous voulons faire d’Athiémé le pôle touristique le plus fréquenté (...)


26 juillet 2021 par Judicaël ZOHOUN
Ville historique à fortes potentialités touristiques, Athiémé se veut (...)
Lire la suite

« Nous saluons l’action du gouvernement à répandre ce projet dans (...)


20 juin 2021 par Ignace B. Fanou
Le Directeur du Centre d’excellence régional contre la faim et la (...)
Lire la suite

Ce qu’il faut savoir des accidents scolaires


15 mars 2021 par Boniface CAKPO
Plusieurs situations créent des accidents dans les écoles. Des murs (...)
Lire la suite

Le groupe Teriba s’engage pour les sans espoir


16 novembre 2020 par Ignace B. Fanou
Quatre (04) artistes-musiciens et groupes musicaux du Bénin (Teriba, (...)
Lire la suite

« Boni Yayi ne peut pas dire qu’il ne nous doit pas des arriérés »


19 octobre 2020 par Judicaël ZOHOUN
Invité sur les antennes de URBAN FM ce 19 octobre 2020, *Paul Essè (...)
Lire la suite

Les clarifications de Romuald Wadagni sur les arriérés de salaire


19 octobre 2020 par Judicaël ZOHOUN
A la suite de la rencontre entre le Chef de l’Etat et les (...)
Lire la suite




Derniers articles



Autres vidéos





Les plus populaires